Les grandes nations se mesurent par le nombre de fois qu’elles se relèvent, mais elles se reconnaissent aussi par le traitement qu’elles réservent à leurs citoyens. Cela fait en effet plus d’une semaine que toutes les nations s’activent d’arrache-pied pour rapatrier dans les plus brefs délais leurs citoyens bloqués en Chine où l’épidémie Coronavirus fait des ravages. Mais, comme par hasard, le Sénégal reste toujours dernier de la classe.
Et pire, le présent sénégalais, Macky Sall, au moment où les parents des pauvres sénégalais vivant en Chine sollicitent son soutien pour le rapatriement de leurs enfants, leur apporte une réponse complètement sidérante : « cela requiert une logistique tout à fait hors de portée du Sénégal. Il faut énormément de conditions », dit le président.
Sur le fond, il n’a pas tout à fait tort. Nous sommes encore un peu pays très pauvre avec un système sanitaire extrêmement fragile. Si la Chine, devenue ces dernières décennies, une véritable puissance économique et démographique, peine à enrayer l’épidémie, le Sénégal, n’en parlons pas. En conséquence, les rapatrier sans disposer de la logistique nécessaire mettrait tout le pays en danger.
Cependant, le président, qui vient de faire son aveu d’échec, devrait tirer les leçons de ce fiasco. Il nous dit en effet que le Sénégal n’a pas les moyens dont disposent la France, les Etats-Unis, l’Espagne, l’Angleterre…qui ont très rapidement apporté leur soutien à leurs citoyens vivant en Chine. Mais la question qu’on doit se poser est celle de savoir pourquoi.
Les propos de Macky Sall sur le rapatriement des sénégalais vivant en Chine sont, à mon avis, d’autant plus graves que le président avait cueilli à froid une bonne partie des Sénégalais en reconnaissant il y a 6 mois que son administration avait dépensé 307 milliards de FCFA dans l’achat de véhicules.
Donc, le pays peut se permettre de dépenser 307 milliards de FCFA dans l’achat de véhicules en 7 ans, mais n’en a pas assez pour sauver des hôpitaux qui se trouvent aujourd’hui dans des états dérisoires où médecins et docteurs travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, sans médicaments, ni pharmacies (dans la plupart des cas), encore moins d’équipements sanitaires dignes de ce nom.
Si le Sénégal était un pays digne de ce nom, aujourd’hui tous les ressortissants sénégalais vivant en Chine seraient chez eux. En conséquence, renoncer à les rapatrier après avoir reconnu quelques mois plutôt que son gouvernement a dépensé des milliards dans l’achat de véhicules est lamentable pour un gouvernement qui est au pouvoir depuis déjà 8 ans et qui prétend pouvoir améliorer le quotidien de ses citoyens.
De cette épidémie, notre cher gouvernement doit tirer toutes les conséquences de l’échec de sa politique en matière de santé. Nous reconnaissons désormais avoir lamentablement échoué dans ce domaine. L’explication est simple : nous avons passé plusieurs années à dilapider de l’argent public sans jamais prendre en compte les véritables besoins de la population. « Gouverner, c’est prévoir ». Hélas, cette phrase, Macky Sall semble ne l’avoir toujours pas comprise.