Un échange entre Emmanuel Macron et un opposant camerounais suscite la grosse colère du gouvernement de Paul Biya qui, dans un communiqué publié ce lundi, a traité Macron de menteur
Entre Emmanuel Macron et le Cameroun, le torchon brûle. En effet, tout part d’un échange entre le président français et un activiste camerounais ce week-end au Salon de l’Agriculture. Interpelé sur des crimes qui auraient été commis par Paul Biya et sur l’emprisonnement d’opposants politiques, le président français a eu une réaction qui a embarrassé le gouvernement camerounais.
« Il y a un génocide au Cameroun, M. Macron ! Il y a plus de 22 morts qui sont morts calcinés. Nous sommes des Camerounais et nous souffrons », lui lance l’activiste. Et Macron de rétorquer : « vous savez mon engagement sur ce sujet. J’ai mis la pression sur Paul Biya pour que d’abord il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. Je lui avais dit : ‘je ne veux pas qu’on se voit à Lyon tant que Maurice Kamto n’est pas libéré’. Et il a été libéré parce qu’on a mis la pression. Là, la situation est en train de se dégrader. J’appelle la semaine prochaine le président Biya et on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur des violences qui se passent au Cameroun et qui sont intolérables. Donc, je fais le maximum ».
« Les relations diplomatiques entre les deux pays sont à bord de la rupture »
L’activiste finit par transmettre au président français des noms de prisonniers politiques et supplie Emmanuel Macron de mettre la pression sur Paul Biya pour qu’ils soient libérés. Avant de clore l’échange, Macron promet, une nouvelle fois, de faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la libération sans délai de ces opposants au régime de Biya.
Cependant, il n’a fallu que quelques heures pour que ce qui était censé être un simple échange entre un opposant politique et un chef d’Etat prenne une proportion incommensurable qui risque, si rien n’est fait, de dégrader les relations diplomatiques entre les deux pays. En effet, si en France, la presse a préféré fermer les yeux sur cet échange, au Cameroun, l’échange dérange au plus haut sommet de l’Etat. D’ailleurs, ce lundi 24 février, la présidence du Cameroun a réagi dans un communiqué.
« Les pro-Biya dénoncent une ingérence »
« La Présidence de la République du Cameroun exprime sa profonde préoccupation au sujet de l’échange, abondamment relayé dans les réseaux sociaux, entre le Président de la République Française et un activiste, le 22 février 2020 à Paris. La Présidence de la République du Cameroun rejette fermement tant les allégations mensongères dudit activiste que les propos surprenants du Président de la République Française », peut-on lire.
La présidence de la république du #Cameroun Cameroun dénonce les propos du chef de l’État français Emmanuel Macron, qui déclare avoir fait pression et obtenu la libération de l’opposant Maurice Kamto. Plus de détails ici : https://t.co/PO2kRaewUZ pic.twitter.com/udozp05Ijg
— Journal du Cameroun (@JDC_Fr) February 25, 2020
Les propos du président français ont suscité l’immense colère des partisans du président Biya. En effet, selon Journal du Cameroun, environ 400 jeunes ont manifesté devant l’ambassade de France dénonçant une tentative d’ingérence. Dans une pancarte brandie par ces jeunes, on pouvait y lire : « France, pourquoi portes-tu atteinte à mon futur en permettant le financement du terrorisme dans mon pays ? ». Les relations entre les deux pays sont sur le point d’éclater en mille morceaux.