Manuel Valls, ex premier ministre de la France, a accordé une interview exclusive au journal Le Point. Plusieurs questions y ont été abordées, notamment sa relation avec Emmanuel Macron, le recours au 49.3 et la crise qui fragilise la gauche française
Manuel Valls est de plus en plus annoncé dans l’arène politique française. En effet, au bout de deux ans de vie en Espagne où il est allé prêter main forte au constitutionnalisme contre l’indépendance catalan, l’ancien premier ministre de la France sous Hollande multiplie les interviews avec la presse française qui annonce déjà son retour.
Ainsi, dans une interview exclusive accordée au journal Le Point et publié ce jeudi, Manuel Valls s’est prononcé sur cette rumeur. A la question de savoir s’il souhaite redevenir ministre au sein du gouvernement d’Emmanuel Macron, il a rétorqué : « il est très difficile pour moi de faire des commentaires sur ses extrapolations. J’ai la politique en moi, le service public, j’aime la France, j’ai une relation particulière avec ce pays fascinant auquel je dois tout. Nous vivons dans un monde brutal, déstabilisé, déstabilisant, marqué par des affrontements entre des grandes puissances ».
« Je n’ai aucune amertume »
Et d’ajouter : « par mes prises de position, mon expérience, je peux être utile aux Français. Les responsabilités, je les ai toutes occupées. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir et je suis très heureux de ma vie à Barcelone. Je n’ai aucune amertume et encore moins d’esprit de revanche ».
A la question de savoir s’il cultive un esprit de revanche vis-à-vis d’Emmanuel Macron avec qui il a partagé le même gouvernement sous Hollande, Valls répond : « soyons objectifs et lucides et mettons la question des personnes de côté, même si c’est important. Dans l’état où était la gauche, la candidature d’Emmanuel Macron a été une chance pour la France. Nous avons évité un second tour entre François Fillon et Marine Le Pen. Des membres de mon gouvernement se sont retrouvés dans le sien. Il n’y a pas de rupture entre lui et moi (…). Notre relation est apaisée. On ne peut pas parler de fâcherie ni de réconciliation. (…) Il n’y a pas d’autre alternative que celle d’aider le président ».
Sur l’article 49.3 qu’il avait appliqué en 2016, Valls assume tout. « Ce n’était ni de la dictature, ni de l’autoritarisme. Nous étions dans un contexte politique où il fallait l’utiliser. Que des responsables socialistes le déplorent, que voulez-vous ? Le 49.3, c’est un article de la Constitution fait pour être employé. Il a été voulu par le Général de Gaulle contre le régime des partis. Ce genre de mécanisme existe dans d’autres pays. Ce n’est pas une honte de l’utiliser. Il a été utilisé dans les conditions appropriées », se défend l’ancien premier ministre. »