La Macronie était à l’agonie depuis bientôt un an et demi. Et je crains qu’Agnès Buzyn l’ait finalement achevé. En effet, l’ex ministre de la santé et candidate LREM à la mairie de Paris a fait une révélation de taille ce mardi, qualifiant la tenue des élections municipales de « mascarade ».
« On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée. », confie-t-elle au journal Le Monde. « J’ai quitté le ministère en sachant que les élections n’auraient pas lieu », ajoute-t-elle.
Sur le Coronavirus, l’ex ministre de la santé d’Emmanuel Macron fait une révélation terrifiante. « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient pas se tenir. Je rongeais mon frein », dit-elle. Et de poursuivre : « quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague de tsunami était devant nous (…). Il va y avoir des milliers de morts ».
Les révélations de l’ex ministre présentent deux volets. Dans le premier, elle dénonce la décision incompréhensible de maintenir les élections municipales alors que le Coronavirus fait des ravages dans le pays. Et elle a raison. En effet, les élections se sont déroulées le 15 mars et le 13 mars, Edouard Philippe a lui-même annoncé sur TF1 que les rassemblements de plus de 100 personnes étaient interdits.
Pour avoir une idée de la gravité de maintenir ce scrutin, je tiens à rappeler que quelques heures avant la tenue de l’élection, des élus ont été obligés, pour limiter la contagion, de distribuer des stylos aux électeurs. Ainsi, à Montpellier 320 000 stylos ont été mis à la disposition des citoyens pour émarger. Dans d’autres endroits, les électeurs ont été priés d’apporter des stylos pour s’acquitter de leur devoir citoyen. C’est le cas du Mans où 99% des électeurs ont apporté leur stylo dans les bureaux de vote.
Je dois aussi ajouter que le 14 mars, la veille des municipales, la France comptait déjà 127 morts et le stade 3 était déclenché. Dans des conditions pareilles, la tenue des élections municipales n’avait plus aucune pertinence. Son report était obligatoire pour épargner des vies, d’autant plus que des médecins se sont adressés au président de la République pour qu’il annule tout. Mais, pour une raison qui reste encore un mystère, le gouvernement s’est entêté à organiser une élection qu’il a d’ailleurs lamentablement perdue. Il suffit pour cela de voir les résultats. Dans plusieurs villes de France, la LREM a saigné.
Le second volet de la révélation d’Agnès Buzyn est qu’elle a informé le président de la République et son premier ministre sur la gravité de la situation en Chine. Pourtant, malgré cela, très peu d’efforts avaient été consentis par l’Exécutif qui pensait que le problème était chinois et en aucun cas ne se propagerait sur le territoire français. Autrement dit, il y a eu négligence et, si tel est bien le cas, le gouvernement doit des explications aux Français. Là, on est clairement dans un scandale d’Etat.
Alors que Macron fait face à la plus grave crise depuis son élection en 2017, les révélations de sa candidate à la mairie de Paris met fin à son mandat. Les propos de Buzyn en effet ajoutent de l’huile sur le feu et affaiblissent considérablement un Exécutif qui était déjà à terre.
Maintenant, qu’est-ce qui reste à faire ? Telle est la question. Edouard Philippe s’est défendu ce mardi soir lors de son passage sur le plateau de France 2 disant assumer toutes les décisions prises. « Je suis le chef du gouvernement, j’assume absolument toutes les décisions du gouvernement », a-t-il déclaré.
La Macronie a complètement perdu la tête en apprenant les propos de Buzyn. « En révélant ces faits, elle met clairement en danger le gouvernement et le chef de l’Etat. Elle dit en creux que l’Exécutif n’a pas écouté ses avertissements (…). Un ex ministre ne devrait pas dire cela », regrette le sénateur Bernard Jomier.
L’affaire est d’une gravité extrême et suscite une véritable polémique en France au moment où le pays est confiné pour lutter contre un virus mortel qui a déjà fait plus de 170 morts sur le territoire. L’affaire est désormais appelée BuzynGate et l’opposition demande à l’Exécutif de s’expliquer auprès des Français.
Pour le moment, aucune réaction d’Emmanuel Macron qui, comme les ministres de son gouvernement, a certainement été atterré par les propos de son ministre de la santé. Après la crise des Gilets Jaunes et la réforme des retraites, la Macronie avait une ultime chance pour se réconcilier avec le peuple, en prenant à bras le corps cette propagation rapide du virus et en délivrant un peuple qui vit dans l’angoisse et dans l’incertitude totale.
Cette ultime opportunité a été gâchée par les révélations d’une ex ministre qui, sentant que le bateau est en train de couler, cherche probablement à sauver sa peau avant qu’il ne soit trop tard. Buzyn avait-elle le droit de faire des révélations aussi périlleuses ? Nous en saurons un peu plus. Mais, on peut évidemment admettre que la Macronie est morte et Buzyn l’a tuée.