Le soir du 17 juin 2017, Macron, à peine élu à la tête de la France, avait mis K.O une opposition totalement divisée mais surtout en manque d’arguments clairs pour tenir tête au plus jeune président de la Vème République. En effet, le 17 juin 2017, LREM avait obtenu une cruciale victoire aux élections législatives pour contrôler le Parlement et dérouler sa politique sans heurts. Avec 314 députés, soit 25 députés de plus que les 289 requis pour obtenir la majorité absolue, Macron avait les coudées franches pour appliquer sa politique néolibérale sans coup férir.
La lune de miel venait de commencer pour le successeur de François Hollande qui venait ainsi d’hériter d’un pays très clivé sur le plan politique mais où une colère populaire, favorisée par une situation économique de plus en plus difficile, était déjà là. François Hollande en a payé le prix d’ailleurs.
Pourtant, il n’a fallu que deux ans et demi pour que tout s’effondre comme un château de cartes. La réalité actuelle à laquelle Macron est confronté est que la majorité n’a été jamais été aussi menacée et le gouvernement est condamné à faire face à l’Après-Corona. En effet, plusieurs centaines de plaintes sont déjà déposées contre les ministres de Macron et le peuple a clairement fait savoir qu’il y aura bien reddition des comptes.
Contrairement à Hollande et à Sarkozy qui, dotés d’une certaine expérience politique, avaient su gérer les crises auxquelles il faisait face, Emmanuel Macron a pris l’énorme risque, et sans grande préparation, de prendre les rênes d’un très grand pays où aucune erreur politique n’est pardonnée. Pour un jeune président dont la mission principale a été de casser l’état-providence de la France, les choses ne pouvaient en être autrement.
La crise des Gilets Jaunes aurait dû servir de leçon au plus jeune président de la Vème République dont l’accession à la tête du pouvoir n’a jamais été digérée par une partie du peuple. En effet, la réalité est que Macron a été toujours perçu non pas comme un Français de plus venu secourir un pays pratiquement à genoux mais plutôt comme un banquier des affaires doté d’une mission qui est celle de servir les riches au détriment des pauvres.
La crise des Gilets Jaunes qui a failli lui faire perdre le pouvoir en 2019 marque le début de cette guerre sans merci entre le jeune président et le peuple. Pourtant, contre toute attente, au lieu d’en tirer les leçons, il s’est entêté de suivre ses réformes extrêmement impopulaires contre vents et marées, allant même jusqu’à faire un passage de force en activant le redoutable 49.3 sur la réforme des retraites.
Macron a eu la chance de diriger un pays où, il faut oser le dire, une grande partie de la population est totalement manipulée par les médias, lesquels d’ailleurs tentent de briser toute contestation population. Macron leur doit un grand merci car l’activation du 49.3, dans un autre pays, aurait pu lui coûter très cher. Je dois signaler qu’ aux Etats-Unis, un simple confinement au relent totalitaire a poussé des milliers d’Américains lourdement armés à défier leurs gouverneurs dans les rues de plusieurs Etats du pays. Imaginez-vous la réaction de ces derniers si un jour Trump leur imposait un projet aussi impopulaire que la réforme des retraites.
Hélas, en pleine crise politique, s’est ajoutée une crise sanitaire qui a complètement ruiné toute opportunité pour Macron de se réconcilier avec le peuple. Les maladresses du gouvernement sur la question des masques, sur l’état des hôpitaux ainsi que ses mensonges au plus haut sommet de l’Etat pour masquer son échec dans la gestion de la crise ont fini par lui enlever le peu de crédibilité dont il disposait. Au moment où j’écris ces lignes, 55 plaintes sont déposées contre le gouvernement et il y a de très forte chance que le chiffre triple dans les jours qui viennent.
Au sein du Parlement, rien ne va plus pour Macron. LREM est devenue un véritable appareil de propagande où désormais seuls semblent prévaloir les desiderata du chef. Toute opinion contraire à la politique de l’Exécutif, aussi pertinente soit-elle, vaut à son défenseur l’exclusion définitive du parti. Le cas de Martine Wonner, exclue ce 6 mai, pour avoir tout simplement osé voter contre le plan de déconfinenement d’Edouard Philippe est révélateur de cette crise interne qui secoue le parti où désormais certains semblent vouloir imposer une pensée unique.
En deux ans et demi au pouvoir, Macron et son parti ont complètement touché le fond. Les erreurs commises ces dernières années ainsi que l’orientation politique qui donne le sentiment d’un parti où seuls prévalent les idées d’une poignée de députés et que les autres ne doivent servir qu’à voter, aveuglément, tout projet (sans se poser la moindre question), a fini par plonger le projet macronien dans un abîme profond d’où veulent désormais sortir plusieurs députés du parti, ne serait-ce que pour sauver leur peau.
LREM compte 296 députés. Elle garde toujours sa majorité absolue, nécessaire pour éviter le naufrage. Cepdnant, étant donné la crise qui secoue la Macronie, les chances qu’elle perde cette majorité sont désormais très fortes car au sein de LREM, un vent de révolte est en train se souffler.
Le parti avait un avenir brillant mais l’orientation politique, l’entêtement de son chef à mener ses réformes sans tenir compte de la volonté du peuple et la dictature de la pensée unique qui règne au sein de son groupe parlementaire lui ont été fatales. Ce qui arrive à la Macronie est une tragédie politique que Macron ne mérite pas et qui restera à jamais gravée dans l’Histoire de France.