Airbus a secrètement passé un contrat de 10 ans avec UTC, société américaine, après l’aide de 15 milliards que l’Etat a octroyée à l’aéronautique. Un contrat auquel, selon le CESER d’Occitanie, le ministère de l’Economie doit s’opposer
Airbus pris en flagrant délit. Il y a un peu plus de 10 jours la filière aéronautique et son navire amiral, Airbus, avaient reçu de l’Etat un soutien financier colossal estimé à 15 milliards de dollars pour aider la filière à faire face à la crise qui a très fortement fragilisé le secteur.
Mais, ce que l’Etat ne savait pas est que pendant ce temps, Airbus négociait secrètement un marché avec la société américaine UTC pour la fabrication de nacelles de moteur A320neo. C’est la révélation faite par le média LaDépêche qui s’est entretenu avec Jean-Louis Chauzy, président du CESER d’Occitanie.
« C’est de la charge de travail qui va quitter la France »
Expliquant ce deal secret, il dira : « cette activité est actuellement réalisée en interne et emploie 450 ouvriers, techniciens et ingénieurs ». Jean-Louis Chauzy dénonce surtout une charge de travail qui, selon lui, va quitter la France. Sur ce sujet, son inquiétude est manifeste.
« Alors que tout le monde s’accorde à dire que l’avion du futur sera forcément ‘vert’, alors que l’Etat affirme sa volonté de relocaliser l’industrie en France, alors que l’Etat vient d’apporter 15 milliards d’euros à l’industrie aéronautique dont 1,5 pour travailler aux technologies de demain dont l’intégration propulsive, Airbus prévoit de confier la fabrication de ses nacelles à la société américaine UTC qui produit en Chine et au Mexique. C’est de la charge de travail qui va quitter la France », déplore-t-il.
Et de poursuivre : « en interne, ce contrat prévu entre UTC et Airbus sans avoir consulté l’Etat, actionnaire à 11% du groupe, va mettre en sous-charge les équipes de production (350 personnes) et la cellule de recherche et de développement dédiée au programme de l’intégration propulsive autour des moteurs Prat de l’A320nat (100 ingénieurs) déployés sur les sites de Toulouse et de Nantes ».
» Airbus supprimera plus de 400 emplois en France »
Jean-Louis Chauzy craint la fermeture de sites, dont celui de Nantes. « Ce marché stratégique est sur le point d’être abandonné aux Américains pour des considérations court-termistes et ce choix, c’est un risque, pourrait conduire à la fermeture du site Airbus de Nantes », prévient-il.
Joint par LaDépêche, Airbus confirme l’existence de ce contrait, mais affirme qu’il a été interrompu en raison de la crise du coronavirus. Il convient de souligner qu’Airbus traverse une crise sans précédent qui pousse l’entreprise à supprimer plus de 4 000 emplois en Europe, dont 464 en France.