Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sisi, a menacé, dans un discours prononcé ce 20 juin, d’envoyer ses troupes en Libye au moment où Khalifa Haftar est mis en déroute par les forces loyales au gouvernement de Tripoli
Face à l’enlisement des forces de Khalifa Haftar en Libye, l’Egypte veut prendre le contrôle de la situation. En effet, le président Abdel Fattah Al-Sisi, allié des Etats-Unis, de la France et des pays du Golfe qui soutiennent Haftar, a menacé de mener une intervention militaire dans un pays frontalier.
L’annonce de cette éventuelle intervention a été faite ce 20 juin par le président égyptien lors d’une allocution tenue en marge d’une rencontre avec l’armée. « Il y a beaucoup d’activités dans la partie ouest du pays au niveau de la frontière avec la Libye », a-t-il déclaré.
« Nous ne serons pas des envahisseurs »
Et de poursuivre d’un ton menaçant : « toutes les forces étrangères et leurs mercenaires doivent immédiatement quitter la Libye et toutes les milices doivent être désarmées ». Tout comme le général Haftar, le président égyptien joue la carte de la présence terroriste pour légitimer son intervention dans un pays étranger.
« L’Egypte a toujours prôné la voie pacifique et le respect du droit international mais ceci ne veut pas dire négocier avec les terroristes et les mercenaires qui sont importés (en Libye, ndlr) pour menacer la stabilité régionale et internationale », a déclaré le successeur de Mohamed Morsi.
Dans son discours, le président égyptien a tenté de calmer les Libyens. « Nous ne serons pas des envahisseurs, nous voulons tout simplement une Libye stable, en sécurité et développée », martèle-t-il. Le président Sisi ira jusqu’à menacer Erdogan qu’il accuse, sans jamais le nommer, de « violer la souveraineté des pays arabes ».
« L’Arabie Saoudite apporte son soutien à Haftar »
Il faut que dire qu’Abdel Fattah Al-Sisi risque de ne pas avoir trop de difficultés dans sa nouvelle mission car il a obtenu, quelques heures après son allocution, le soutien de poids de l’Arabie Saoudite. « Le royaume saoudien affirme son soutien au président de la République Arabe d’Egypte sur ses remarques concernant le droit de sécuriser la frontière ouest contre le terrorisme », a précisé un communiqué du ministère saoudien des Affaires publié ce 21 juin.
Toutefois, malgré le soutien de taille de Riyad, Sisi risque de se retrouver dans une situation très difficile car si son intervention sert à baliser la voie du pouvoir à Haftar, elle suscite l’indignation du Gouvernement d’Accord National basé à Tripoli et reconnu par l’ONU et la Turquie. Pour Tripoli, les menaces du président égyptien sont comparables à une déclaration de « guerre« .
« Haftar ne fait plus l’unanimité »
Rappelons que la situation en Libye s’est tendue ces derniers mois et les Occidentaux qui ont misé sur Khalifa Haftar pour prendre le pouvoir semblent désormais perdre espoir. Et ils ne sont pas les seuls. Les pays du Golfe qui ont adoubé l’ex général libyen dès 2011 ne font plus confiance à Haftar qui a récemment subi une série de revers.
D’ailleurs, cette semaine, le ministre des Affaires étrangères des Emirats Arabes Unis, Anwar Gargash, a ouvertement critiqué Haftar, dénonçant ses décisions unilatérales et ses erreurs de calcul. « Certains de nos amis ont pris des décisions unilatérales. Nous l’avons vu au Yémen, nous l’avons aussi vu avec le général Khalifa Haftar. Tous ces calculs unilatéraux se sont avérés faux », a-t-il regretté.