Le spectre d’une guerre civile hante à nouveau la Côte d’Ivoire, pays africain très sensible sur le plan politique et qui a brillé ces dernières années par une crise d’une rare violence. Pourtant, on pensait avoir définitivement tourné une page sombre de l’histoire du pays, mais hélas la situation actuelle nous montre le contraire.
En effet, ce 13 août, des violentes manifestations ont secoué le pays. Dans la presse, on a appris que des villes telles que Abidjan, Daoukro, Bonoua et Ferkessédougou ont été les théâtres de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Trois personnes ont déjà perdu la vie et le bilan pourrait s’alourdir si les révoltes populaires se maintiennent.
La Côte d’Ivoire entre ainsi dans une nouvelle phase de violence politique qui, dans un futur proche, risque d’embraser le pays comme ce fut le cas en 2010 à la suite de l’élection très controversée de Laurent Gbabgo. Cette fois-ci, nous sommes sur un autre registre. Il ne s’agit pas d’une élection contestée mais plutôt de la volonté d’un seul homme, Alassane Ouattara, allié incontournable de Macron en Afrique de l’Ouest, de se maintenir au pouvoir, en décidant d’imposer un troisième mandat au peuple ivoirien après avoir pourtant annoncé quelques mois plutôt qu’il ne serait pas candidat.
Les Ivoiriens ont toutes les raisons de se soulever car la Constitution ivoirienne, à son article 55, a clairement tranché. La Constitution limite en effet le nombre de mandat à 2. Donc, toute tentative de briguer un troisième mandat relève d’une démarche totalitaire et anti-démocratique que non seulement le peuple ivoirien doit condamner mais la communauté internationale aussi.
Si Alassane Ouattara le courage d’imposer sa volonté de s’agripper au pouvoir en violant ouvertement la Constitution et en prenant l’énorme risque de mettre le pays en danger, c’est qu’il est conscient qu’il a le soutien de la France. Il faut dire qu’il entretient d’excellentes relations avec Paris qui ne voudrait pas le lâcher au moment où les Français ont d’importants intérêts à préserver en Afrique de l’Ouest, notamment le FCFA.
Cependant, face à une telle situation qui pourrait dégénérer à tout moment, il est urgent qu’Emmanuel Macron réagisse comme il l’a fait récemment au Liban lorsqu’il s’est permis de circuler dans les rues de Beyrouth agissant comme si de fait le Liban était encore un protectorat de la France. Qu’on apprécie son attitude ou pas, force est de reconnaître qu’il a pris son courage à deux mains pour s’adresser à un peuple qui n’a plus foi en ses dirigeants.
En Côte d’Ivoire, le déplacement de Macron dans les rues d’Abidjan n’est ni souhaitable, ni nécessaire. En effet, un communiqué officiel de la présidence française exigeant d’Alassane Ouattara qu’il se conforme à la Constitution suffirait à résoudre une crise politique qui arrive et qui risque d’avoir de graves conséquences pour Paris.
Alassane Ouattara est en train de mener la Côte d’Ivoire vers une crise politique pire que toutes celles que le pays avait déjà connues dans le passé. Cette crise pourrait éventuellement déboucher sur une guerre civile même si c’est trop tôt d’en arriver à une telle conclusion.
Macron doit intervenir car son allié est devenu une sérieuse menace à la stabilité du pays.