Le pari d’Emmanuel Macron au Liban est un succès diplomatique sans précédent. En effet, lors d’une visite au Liban ce 6 août, juste après l’explosion d’un entrepôt contenant 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, le président français s’était adressé, en pleine rue, aux Libanais leur expliquant clairement que ce pays, ancien protectorat de la France, avait besoin de réformes en profondeur pour reprendre le chemin de la prospérité.
Dans une conférence de presse tenue à Beyrouth le 6 août, le président français avait annoncé un retour dans ce pays le 1er septembre pour faire le point avec les autorités libanaises sur la crise très profonde qui secoue ce pays qui est en défaut de paiement sur sa dette publique estimée à plus de 90 milliards de dollars.
Macron est revenu et il est revenu, en tant que chef d’Etat d’un pays étranger, pour exiger des Libanais de lui rendre des comptes. Je dois souligner qu’entre le 6 août, date à laquelle Emmanuel Macron a quitté le Liban pour rejoindre la France et le 1er septembre, date à laquelle il est revenu dans ce pays, il n’a jamais été absent de ce pays.
En effet, il a été révélé dans la presse libanaise ces dernières semaines que depuis Paris, Emmanuel Macron n’a jamais cessé de s’entretenir avec les différentes autorités libanaises à qui il a exigé la mise en place d’un gouvernement technocrate. D’ailleurs, tout laisse à croire qu’il s’est rendu au Liban en août dernier pour le compte du Fonds Monétaire International qui avait ouvertement appelé à des réformes.
Quoi qu’il en soit, la mission de Macron est accomplie. Et cette mission a été double : économique mais aussi politique. Economique parce qu’il lui fallait à tout prix mettre en place un gouvernement technocrate, ce qu’il a d’ailleurs obtenu. En effet, l’ancien ambassadeur du Liban à Berlin, Moustapha Adib, a été désigné premier ministre du pays. Ce dernier, diplômé en droit et en sciences politiques, est clairement le choix du FMI et de la France pour mener à bout ces réformes.
Cependant, comme la Grèce, le Liban va devoir, en tout cas ces dernières années, avaler la pilule. Le coût du plan de sauvetage n’a pas encore été dévoilé, mais en janvier, il a été estimé à environ 25 milliards de dollars. Et le Fonds Monétaire International devait fournir 8,5 milliards de dollars. Et je dois ajouter que l’explosion survenu au port de Beyrouth a coûté au Liban 4,6 milliards de dollars, selon la Banque Mondiale.
La question à se poser est celle de savoir comment ce plan impactera au quotidien des Libanais. En tout cas, dans le cas de la Grèce, l’Etat a été obligé de passer à une privatisation sauvage (de ses ponts, de ses aéroports, son énergie…) pour rembourser la dette.
Sur le plan politique, Emmanuel Macron a réussi à briser le verrou social qui se distingue par un système confessionnel qui confirme la complexité de la société libanaise composée de musulmans chiites, sunnites mais aussi de chrétiens maronites. En effet, quelques heures avant l’arrivée de Macron à Beyrouth, le président libanais, Michel Aoun, a appelé à l’instauration d’un « Etat laïque ». Là également, il a été très clair que la France a dû faire pression pour neutraliser politiquement le Hezbollah libanais qui représente une sérieuse menace à l’Etat d’Israël.
En faisant plier le Liban, Emmanuel Macron apporte une grosse victoire au Fonds Monétaire International.