Charlotte Bilger, ancienne juge qui avait mis en cause François Bayrou pour « complicité de détournement de fonds publics » a été licenciée à seulement quelques jours de la nomination de Bayrou au poste de haut-commissaire au Plan. Coïncidence ou pas? Le timing est assez troublant
Un limogeage assez troublant. Charlotte Bilger, ancienne juge financière au Tribunal de Paris, a été remerciée trois jours seulement après avoir pris ses fonctions de conseillère spéciale du ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti. D’après le journal Le Monde qui en sait beaucoup sur ce dossier, pour occuper un tel poste, Charlotte Bilger a dû renoncer à un poste plus prestigieux : celle de la présidente de la Cour d’assises de Paris.
Mais, comme par hasard, l’ancienne juge financière n’a occupé le poste de conseillère spéciale de la Garde des Sceaux que pendant trois jours. Un licenciement express qui n’a pas manqué d’embarrasser la chancelière. « Son recrutement envisagé n’a pas été à son terme, mais cela n’enlève à rien ses qualités », a-t-on réagi du côté du ministère de la Justice.
D’après Le Monde, le limogeage de Charlotte Bilger a été provoqué par Véronique Malbec, directrice de cabinet d’Eric Dupont-Moretti. Cette dernière, apparemment, n’a pas apprécié l’idée d’accueillir une conseillère spéciale qui rend directement compte au ministre de la Justice. A travers ce licenciement, Le Monde souligne la marge de manœuvre très réduite de Dupont-Moretti vis-à-vis de son administration.
« Bilger a-t-elle été sacrifiée? »
Et si Véronique Malbec n’avait servi qu’à cacher un problème beaucoup plus complexe? En effet, il convient de rappeler que Charlotte Bilger avait mis en examen François Bayrou, chef de file du MoDem ainsi qu’une dizaine de cadres de son parti en 2019 pour « complicité de détournement de fonds publics » alors que Bayrou vient d’être nommé par Macron haut-commissaire au Plan. Ce qui laisse planer le doute d’une éventuelle intervention politique pour mettre la juge financière hors d’état de nuire.
Rappelons que François Bayrou sera nommé ce jeudi 3 septembre haut-commissaire au Plan. Sa nomination par Emmanuel Macron sera actée dès la fin du Conseil des ministres. Des sources ont révélé que contrairement aux autres haut-commissaires qui dépendaient d’un ministère, François Bayrou sera lui complètement “libéré des contraintes gouvernementales et de l’immédiateté”.
« Un poste compatible avec le cumul de mandats »
Il ne se rendra même pas en conseils des ministres. “La prospective relève de la fonction présidentielle”, indique une source proche du président. Et cerise sur le gâteau, François Bayrou ne sera pas obligé de démissionner de son poste de maire de Pau car le cumul des mandats n’est pas interdit pour ce poste.
Pour l’instant, très peu d’informations ont pas été mises à la disposition du public sur son rôle de haut-commissaire. Cependant, d’après France Inter, le chef de file du MoDem, devra “imaginer la France dans 10, 20 ou 30 ans”. Une autre source, France Info, ajoute qu’il devra incarner un retour “de la souveraineté économique française”.