Scandale au Sénégal : en pleine pandémie, l’Etat offre illégalement des licences de pêche à des navires étrangers

Un rapport exclusif de l’organisation internationale Greenpeace accuse l’Etat sénégalais d’avoir octroyé des licences de pêche à des navires étrangers, pour la plupart chinois en pleine pandémie à Coronavirus 

Le gouvernement sénégalais a été pris la main dans le sac. En effet, un rapport de Greenpeace publié ce 9 octobre 2020 et intégralement lu par Lecourrier-du-soir.com accuse l’Etat sénégalais d’avoir attribué, de manière illégale, des licences de pêche à des compagnies étrangères, notamment chinoises. Et d’après le rapport, tous les contrats ont été signés en pleine pandémie au moment où la population locale avait les yeux rivée sur les aides alimentaires.

Dans son rapport, Greenpeace dit détenir des preuves évidentes selon lesquelles au moins 8 navires de pêche étrangers ont pris part à ce pillage. Tous les navires portent le nom de Fu Yuan Yu et ont été surpris en train de pêcher dans des endroits exclusivement réservés aux pêcheurs sénégalais. Selon Greenpeace, il a été impossible de vérifier s’ils étaient munis d’une autorisation pour le faire.

« 56 navires ont sollicité une licence en avril, un record »

L’organisation internationale dit détenir des preuves que l’Etat sénégalais a attribué des licences de pêche à Fu Yuan Yu 9885, Fu Yuan Yu 9886, Fu Yuan Yu 9889 à la date du 17 avril alors que le ministre sénégalais de la pêche avait pourtant toujours nié les faits. Greenpeace ajoute que rien que pour le mois d’avril, 56 navires de pêche étrangers ont sollicité une licence pour pour pécher au large des côtes sénégalaises, soit le chiffre le plus élevé jamais enregistré en une année.

Et les conséquences sont terribles pour la population locale. En effet, dans son rapport, Greenpeace donne l’exemple d’un bateau baptisé « Key West » spécialisé dans le transport de l’huile de poisson. Selon l’organisation, pour obtenir de l’huile de poisson, ce bateau a besoin de 70 000 tonnes de poissons frais, ce qui représente la consommation annuelle (en poisson) de 2,5 millions de Sénégalais.

« Des licences attribuées en pleine pandémie »

Autre révélation de taille faite par l’organisation internationale dans son rapport est que l’Etat sénégalais avait restreint, durant la pandémie, la présence des pêcheurs nationaux (qui ont été obligés de rester chez eux en raison des restrictions et du couvre-feu) alors que pendant ce temps les navires étrangers étaient autorisés à opérer dans les eaux sénégalaises en toute tranquillité.

Dans la page 6 de son rapport, l’organisation internationale dénonce une absence de transparence dans l’attribution des licences de pêche au Sénégal, ce qui d’ailleurs a permis à de nombreux navires étrangers de mener des activités illégales au Sénégal. Et pire, le rapport note une tentative d’accélérer l’octroi de 52 licences de pêche à des navires étrangers en pleine pandémie. Les 50 sont chinois et les 2 sont turcs.

Lecourrier-du-soir.com va entrer en contact avec Greenpeace pour en savoir davantage sur ce scandale qui doit attirer l’attention de tous les médias sénégalais.

Pour lire le rapport dans sa version originale en anglais, cliquez ici : Greenpeace