Violence post-électorale en Guinée : la CEDEAO est une organisation anti-démocratique qu’il faut dissoudre

Mais, où est passée la CEDEAO? La question se pose au moment où la Guinée traverse une crise post-électorale d’une rare violence marquée par la mort d’une dizaine de civils tués par l’armée d’Alpha Condé dans une parodie d’élection dont le résultat était connu d’avance.

En effet, il n’y a aucun doute que l’élection présidentielle qui s’est célébrée ce 18 octobre en Guinée a été truffée d’irrégularités dénoncées d’ailleurs par plusieurs observateurs et qui ont conduit à la démission d’observateurs nationaux. Et dans la presse locale, on déplore l’absence de bulletins de vote destinés à des partis d’opposition.

Depuis plus de 24 heures, la violence post-électorale en Guinée fait la une des médias du monde et dans ce pays, les quelques défenseurs d’une Constitution tripatouillée par le parti au pouvoir tentent de faire entendre leurs voix malgré les menaces et les intimidations. C’est le cas notamment du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui a émis un communiqué ce 23 octobre dénonçant « des dérives dictatoriales » et accusant Alpha Condé de chercher à « se maintenir au pouvoir au-delà de ses deux mandats légaux ».

Pour l’heure, la communauté internationale joue la carte de la prudence et des pays occidentaux tels que la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne restent circonspects face à la gravité de la situation de peur de donner l’image d’une immixtion dans les affaires internes d’un pays indépendant.

Mais pendant ce temps, elle est où est la CEDEAO? Cette institution qui était si pressée de jouer les gendarmes au Mali en infligeant au régime militaire qui avait renversé IBK le 18 août des sanctions économiques et en lui demandant illico presto de procéder à une transition civile du pouvoir s’est étrangement terrée dans un mutisme gênant.

Je tiens à faire remarquer que depuis le lendemain des élections, date à laquelle les observateurs de la CEDEAO avaient commis l’erreur fatale de saluer le déroulement d’un scrutin qu’ils ont d’ailleurs qualifié de « satisfaisant », l’institution n’a émis aucun signe de vie et des questions légitimes se posent sur son long silence.

Mais, ne vous inquiétez pas. La crise en Guinée confirme que cette institution n’a plus aucune crédibilité. Elle n’est là que pour valider les décisions politiques prises par les dictateurs qui la composent. Mais, lorsque surgit une grave démocratique, elle dégage toute sa responsabilité préférant baliser la voie à l’ONU et aux ex puissances coloniales.

Avez-vous entendu la CEDEAO condamner le coup d’Etat de Ouattara qui veut imposer un troisième mandat contre la volonté du peuple? Avez-vous entendu la CEDEAO dénoncer le coup d’Etat de Condé qui a imposé un troisième mandat illégal et illégitime? Et au Sénégal, le président Sall s’apprêterait à briguer un troisième mandat à la tête du pays et comme par hasard, aucun mot de la CEDEAO.

Pourtant, au Mali, les gendarmes de la CEDEAO n’ont pas lésiné sur les moyens pour déclencher une véritable répression diplomatique contre les militaires qui s’étaient emparés du pouvoir pour sauver le peuple. En fait, ils l’ont fait en profitant de la faiblesse politique, économique et sociale du Mali.

La CEDEAO n’a plus aucune pertinence pour l’Afrique de l’Ouest qui est tombée, ces dernières années, sous le contrôle de la France et des Etats-Unis qui ont militarisé l’une des régions les plus riches d’Afrique en matière de ressources naturelles. Et ces deux puissances sont les seules aujourd’hui à pouvoir apporter des solutions aux crises actuelles qui secouent cette partie du continent noir.

Au Mali, ce n’est pas la CEDEAO qui a mis fin à la crise. Non! il a fallu une forte pression exercée depuis Paris pour que les militaires finissent par céder en formant un gouvernement. Et en Côte d’Ivoire, le président Ouattara sait qu’il n’a rien à craindre tant que la France ne s’oppose pas publiquement à sa candidature.

La CEDEAO a failli à sa mission. Elle n’est plus du côté des peuples d’Afrique, mais plutôt du côté des bourreaux qui, déguisés en démocrates, les asservissent en pillant les ressources naturelles, en les bradant et en tripatouillant la Constitution pour se maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible.

En Guinée, seule l’armée avait le pouvoir de destituer le dictateur Condé qui n’hésitera pas, le moment venu, de briguer un quatrième mandat s’il en a envie. Contrairement au Mali, l’armée guinéenne n’a pas voulu le faire pour des raisons que j’ignore. Et ne pensez pas que la CEDEAO le fera.