Jamais dans l’Histoire de la Vème République, le bilan d’un président n’a été aussi médiocre pour un premier quinquennat. Jacques Chirac a gagné le respect d’une grande partie de la population française en refusant d’envoyer des troupes en Irak. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy n’a pas été fameux. Mais, l’ex homme fort de l’UMP s’est distingué par une très forte personnalité et un courage indéniable tout au long de son mandat. Les Français se souviendront de François Hollande comme étant l’un des présidents les plus « débonnaires » de la Vème République. Néanmoins, force est de reconnaître que sous son règne, le vivre-ensemble était encore une réalité en France.
Avec Emmanuel Macron, nous avons assisté à une présidence qui a l’air d’un spectacle où l’improvisation et le tâtonnement semblent guider tous les choix politiques. Cela n’est-il pas dû à son manque d’idéologie? Peut-être! En tout cas, tout ce qu’on sait jusqu’ici est que Chirac était de droite, Sarkozy est de droite et que Hollande est de gauche.
Sous l’ère Macron, nous avons les deux qui gouvernent. Et le président pense qu’en maniant les uns et les autres, il arrivera facilement à briguer un second mandat. En effet, ce calcul politique est très malin mais, en l’état actuel, il ne tient plus la route. Désormais, il faut assumer une idéologie politique.
Depuis son arrivée à la tête de la France, Macron n’a réussi qu’une chose : fédérer autour de lui toutes les oppositions. En effet, toute une opposition est désormais d’accord sur un seul point : Emmanuel Macron est un problème pour la France et il faudra se débarrasser de lui par tous les moyens.
Ce constat est d’autant plus sérieux qu’il est le seul chef d’Etat en Europe à être dans une telle situation, de plus en plus isolé, jusque dans son propre camp. En Allemagne, Merkel a une solide base politique. En Espagne, le président socialiste, Pedro Sanchez, a encore le soutien indéfectible de la gauche et de l’extrême-gauche et en Grande-Bretagne, Boris Johnson est toujours adulé par les partisans du Brexit.
En France, Macron est tout seul et chaque décision politique qu’il prend pour remettre le pays sur les rails suscite un immense rejet qui frôle la révolution. En 2018, son entêtement à vouloir à tout prix réformer la France a failli lui coûter le pouvoir. Un mouvement extrêmement puissant jamais connu sous la Vème République et baptisé « Gilets Jaunes » (né de la hausse de la taxe carbone) a été à deux doigts de faire tomber le pouvoir. N’eût été le travail de sape mené par les médias qui ont réussi à briser le mouvement, aujourd’hui, Macron serait probablement en exil à l’étranger.
Depuis deux ans, la France vit une crise politique sans précédent. Le pays est fracturé, le président est profondément détesté, les hommes politiques sont de plus en plus désavoués et n’ont plus le soutien du peuple et les institutions sont fragilisées. Ce serait injuste d’imputer la responsabilité à Emmanuel Macron. Il a hélas hérité d’une crise politique qui était là avant lui. Toutefois, force est de reconnaître que sa gestion sectaire du pouvoir, ayant donné lieu à un copinage indécent au plus haut sommet de l’Etat, y est pour beaucoup.
La crise sanitaire était son ultime chance pour se réconcilier avec le peuple. Là également, sa gestion a été jugée calamiteuse par une grande partie de l’opinion publique qui lui reproche à lui et à son gouvernement de recourir à des mensonges pour imposer des lois liberticides.
Les spécialistes reconnaissent que le déconfinement a été fait dans la précipitation, le couvre-feu déclenché il y a quelques semaines n’a pas porté ses fruits et s’est avéré inefficace dans la lutte contre le virus, les hôpitaux sont en train d’exploser et ploient sous une dette estimée à plusieurs milliards de dollars, le pays est à nouveau confiné pour au moins un mois. Et le confinement à peine annoncé, plusieurs maires se sont déjà révoltés (contre les décisions prises par Paris) en autorisant l’ouverture des petits commerces dont la fermeture avait été ordonnée par l’Etat, les libertés individuelles sont presque suspendues jusqu’au 16 février dans le cadre de l’Etat d’urgence sanitaire et une colère gronde petit à petit dans le pays et pourrait exploser à tout moment.
Si à cela s’ajoutent les nombreux attentats qui frappent la France ces dernières heures, cela fait évidemment beaucoup. En effet, la France a été frappée en un mois par trois attentats islamistes. Le 16 octobre, Samuel Paty a été décapité en pleine rue par des barbares. Le 29 octobre, un autre barbare islamiste décapite une femme dans une église de Nice. A Paris, le 30 octobre, un homme armé d’un couteau a été interpellé et ce 31 octobre, Lyon a connu un nouveau drame après l’attentat islamiste dans lequel un prêtre orthodoxe a été grièvement blessé.
La France n’a jamais été aussi proche d’une guerre civile et le climat social donne le sentiment que le pays se transforme en une vitesse record en un futur Liban où une atroce guerre civile a fait plus de 200 000 morts entre 1975 et 1990. Pendant ce temps, l’économie est détruite par la pandémie et le pays se dirige vers une crise sociale inédite.
Il serait injuste de nier que des efforts colossaux ont été consentis par Emmanuel Macron et son gouvernement pour faire face à la crise actuelle. Cependant, la réalité nous dit que le plus jeune président de la Vème République, dont l’expérience politique a été rudement mise à l’épreuve depuis son accession au pouvoir, ne dirige plus rien. La situation lui a complètement échappé.
Emmanuel Macron multiplie les interventions, durcit le discours lorsqu’il fait allusion à l’Islamisme radical (allant jusqu’à assumer totalement un « séparatisme islamiste » pour plaire à la droite dure), s’attaque virulemment au Rassemblement National, quand il le faut, pour ne pas perdre le soutien d’une partie de la gauche qui lui est restée fidèle et tente de neutraliser la France Insoumise en la traitant d’islamo-gauchiste avec l’objectif de briser toute alliance entre Insoumis et Parti Socialiste. Mais, jusqu’ici, sa stratégie politique basée sur le « diviser pour mieux régner » tarde à porter ses fruits.
Pire, dans son entourage, aucun ministre n’arrive à sauver le Titanic. Jean Castex, qui a été récemment nommé pour diriger le gouvernement, a du mal à prendre ses marques, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, joue la carte de l’autorité (en annonçant une vague d’expulsions d’étrangers radicalisés), mais les accusations de viol qui pèsent sur lui l’ont complètement fragilisé à tel point que des rumeurs évoquent son éventuelle succession par Manuel Valls. Eric Dupont-Moretti, ministre de la Justice, est perçu comme un islamo-gauchiste et est déjà très fortement affaibli par une série de conflits d’intérêts et Olivier Véran, ministre de la Santé, a du mal à convaincre tant sa gestion de la crise sanitaire a été désastreuse. Même Blanquer, ministre de l’Education, n’échappe pas à la crise qui secoue le pouvoir
Le pouvoir sous Macron est profondément affaibli et le gros risque est que se déclenche une révolte populaire comme cela se passe en Italie et en Espagne. Personne ne le souhaite. Et le gouvernement s’y prépare en déployant une partie de l’armée dans les rues dans le cadre du Vigipirate. Cependant, la réalité est qu’une grande partie du peuple français est à bout et ne peut plus combiner le fiasco historique de la gestion de la pandémie avec une restriction presque totale des libertés individuelles.
Il reste à Emmanuel Macron moins de deux ans pour quitter le pouvoir ou briguer un second mandat. La première hypothèse est en l’état actuel la plus proche de la réalité, même si ce serait dangereux de rejeter la seconde. D’ici là, la question à se poser est celle de savoir s’il restera au pouvoir jusqu’en 2022.
Personne ne doute de sa volonté de réformer la France et celles et ceux qui le critiquent virulemment ne feraient certainement pas mieux. Toutefois, force est de reconnaître que le plus jeune président de la Vème République a été rattrapé par la violence et la complexité du pouvoir dans une France en pleine crise.
Le virus a tué toutes ses chances d’aller au bout de ses rêves. Son pouvoir ne tremble plus. Le pouvoir est mort.