Eliane Houlette a-t-elle été la taupe qui informait Nicolas Sakorzy que ses échanges avec son avocat Thierry Herzog étaient interceptés? C’est en tout cas la conclusion à laquelle est arrivé Patrice Amar, vice-premier procureur du Parquet National Financier (PNF) qui fut notamment chargé des affaires Dassault, Balkany ou encore du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy.
En effet, après plusieurs années d’enquête minutieuse sur une affaire qui a tenu en haleine toute la France, Amar pointe du doigt Eliane Houlette qu’elle accuse d’avoir été (sans le faire exprès) la taupe de Nicolas Sarkozy. Le journal Le Point qui donne l’information explique en détail.
« Tout démarre, dans cette affaire, en février 2014. Le juge Tournaire , chargé d’instruire l’affaire dite « du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 », a mis sur écoute les téléphones portables de Nicolas Sarkozy. Au détour de ses investigations, le magistrat apprend que ce dernier échange avec Thierry Herzog à l’aide d’un téléphone ouvert sous une fausse identité : le fameux Bismuth. La ligne est immédiatement branchée par les policiers. Certaines de ces discussions, écoutées et retranscrites sur procès-verbal, laissent à penser que Gilbert Azibert aide Thierry Herzog à obtenir des renseignements confidentiels sur la procédure Bettencourt, dans laquelle Nicolas Sarkozy s’est vu saisir ses agendas présidentiels. Problème : Serge Tournaire n’est absolument pas saisi de ces faits. Le magistrat estime cependant que ceux-ci sont susceptibles de caractériser une infraction pénale et décide de s’en ouvrir au PNF », explique le média.
Patrice Amar est informé le 14 février par le juge Tournaire qu’une ordonnance sera adressée à Eliane Houlette pour l’informer d’un possible conflit d’intérêt entre Sarkozy, Herzog et Azibert. Une fois alerté par Tournaire, Patrice Amar dit avoir, à son tour, informé Madame Houlette.
« Mais les choses ne vont pas assez vite à son goût… Trois jours plus tard, le 17 février, à la réception de ladite ordonnance, Éliane Houlette hésite et décide de « consulter tous les membres du PNF », raconte le premier vice-procureur financier. Un débat juridique, difficile à trancher, est lancé et porte sur la légalité des écoutes entre un client et son avocat. La question est légitime. Pendant deux ans, la doctrine se déchirera sur le sujet jusqu’à un arrêt de la Cour de cassation, rendu le 22 mars 2016, qui déclarera légales, sous certaines conditions, de telles interceptions téléphoniques », révèle Le Point.
Et de poursuivre : « plusieurs sommités du barreau, à l’instar de Me Henri Leclerc , continuent aujourd’hui de critiquer cette décision, estimant que le secret professionnel des avocats a été largement bafoué dans ce dossier. Toujours est-il que Patrice Amar, lui, est furieux. « Je tâchais tant bien que mal de la convaincre [Éliane Houlette, NDLR] de la certitude de la procédure à suivre et de l’urgence à agir, mais ce n’était que le 26 février 2014, soit après neuf jours de tergiversations, que les juges d’instruction [Claire Thépaut et Patricia Simon, NDLR] étaient saisis. Hélas, il apparaissait que le 25 février 2014, Thierry Herzog avait été informé de l’existence de ces écoutes. Je n’ai alors pas dissimulé mon amertume à Mme Houlette, qui, depuis lors, me tient rigueur de ma franchise. »
L’avocat de Sarkozy, et donc Sarkozy, est informé. Mais, qui l’a informé? Telle est la question. La première taupe désignée est Jean-François Veil, frère de Jean Veil, l’un des avocats les plus puissants de Paris. En creusant, Patrice Amar apprend que Georges Jourde, associé de Jean-François Veil et qui a défendu Patrick J. (un des confrères de Amar), avait employé dans son cabinet une stagiaire qui n’est autre que la fille d’Eliane Houlette.
« À le suivre, c’est donc Éliane Houlette qui aurait – par mégarde ? – transmis des informations confidentielles à sa fille, laquelle les aurait répercutées à Patrick J., un de ses patrons, lequel serait entré en contact, via son associé, avec Pierre-François Veil, qui se serait finalement chargé de confier ces informations à Thierry Herzog. Un drôle d’eurêka », note Le Point.
Patrice Amar se confiera : « J’entreprenais donc de nouvelles recherches sur la facturation détaillée du téléphone de Pierre-François Veil et trouvais un contact direct entre ce dernier et le cabinet de Me J., toutefois trop tardif pour avoir été efficace dans la communication de l’information. Je ne peux cependant exclure que Patrick J., ayant pu être informé de notre enquête, ait communiqué verbalement cette information à Pierre-François Veil. J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit là, bien sûr, que d’une supposition, même si j’ai la conviction qu’elle est hautement probable et la plus vraisemblable. » Mais attention, prévient enfin Patrice Amar, Éliane Houlette n’aurait pas agi volontairement, mais par « incompétence », « panique » et « inexpérience ».
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