(Une analyse de Mor Fall, journaliste basé à Montréal)
Très bonne lecture!
C’était hier et c’est déjà gravé dans l’histoire de la jeune démocratie sénégalaise.
Rappel :
« Je refuse catégoriquement toute idée de viol. On est en face d’un complot politique odieux » a affirmé Ousmane Sonko lors de son premier point de presse.
« Je ne veux pas vivre dans la terreur perpétuelle », a lancé Ousmane Sonko. En effet le chef des « patriotes » affirme être innocent et reconnait toutefois s’être rendu souvent au salon Sweet Beauté pour y recevoir en présence deux personnes une séance de massage.
Sonko dénonce une cabale orchestrée depuis le ministère de l’intérieur avec la complicité procureur S B Gueye. « Je fais un appel aux militants, nous sommes rentrés dans une ère de combat, de sacrifice. On doit mener une résistance à mort car ce président ne connait pas le droit mais les rapports de force ». Sonko a fait un appel à la résistance par tous les moyens. Pour cette sortie et pour la première fois nous avons vu un Ousmane Sonko visiblement affecté par cette histoire de mœurs, en train de conscientiser les patriotes et les prépare sans doute à un face à face sanglant avec les forces de l’ordre et on le sait maintenant les gros bras (nervis).
Face à un dossier d’accusation aussi vide en à croire le procès-verbal qui a fuité, Le régime s’entête à vouloir liquider Sonko coute que coute. Mais tout cet imbroglio n’est que la résultante d’une manœuvre politique orchestrée par des pseudo-Trotskistes qui s’essayent dans l’ingénierie sociale (tentative de manipulation des masses dans le but d’orienter l’opinion). Cela montre le manque de considération et la non-compréhension des nouvelles aspirations de la jeunesse a l’heure du numérique.
Le Sénégal, classé dans le top 10 des pays les plus touchés par le chômage au monde, occupe la 3e place, dans le rapport 2020 de l’Organisation internationale du travail (OIT). Le Sénégal, 48%, fait mieux que deux pays que sont le Burkina Faso, 77%, et la Syrie, 50%. De même c’est le secteur agricole qui emploie à peu près 70 % de la population sénégalaise ce qui laissent peu de marge pour un décollage économique. De plus, l’agriculture sénégalaise est très sensible aux aléas climatiques et aux invasions acridiennes (sauterelles).
Dans le même ordre d’idées, la crise sanitaire a mis notre fragile tissu économique au tapis. Comment un gouvernement responsable peut s’adonner à un complot dans l’unique but d’éliminer un opposant ? En effet ce que ces apprentis sorciers ignoraient c’est que Ousmane Sonko n’a fait que tenir un discours clair net et précis qui répond aux aspirations de l’écrasante majorité de la population et ce, depuis son entrée dans l’arène politique en 2014. Une corruption endémique, une justice aux ordres et une classe politique qui s’embourgeoise de plus en plus en laissant le bas peuple patauger dans la pauvreté et le désespoir.
Ainsi, il est temps de changer de paradigme, de revoir nos offres politiques, et surtout que nos hommes politique analysent et décryptent le message que la jeunesse essaie désespérément de transmettre. A l’heure de la mondialisation, de la circulation folle de l’information, du métropolisation, de la bétonisation, force est de constater que nos modes de vie ont radicalement changé. Les politiciens professionnels, soixante huitards qui ont mangé à tous râteliers, semblent incapable à donner une réponse aux attentes exigeantes de la jeunesse, ainsi ils doivent tout simplement assurer la transition générationnelle et permettre à la jeunesse de prendre son destin en main. Oui la jeunesse doit s’approprier le débat public, apporter une nouvelle vision et par-delà même créer l’émergence d’une élite nouvelle pour guider le pays vers le redressement. Souleymane Bachir Diagne ne disait-il pas : « Être atteint dans son corps c’est grave, c’est suffisamment grave, mais être atteint dans sa capacité de réagir à ce qui vous arrive c’est pire ».
Autrement dit nous sommes atteints par une crise de l’initiative. Le président Ousmane Sonko a réussit a démontré contrairement au discours ambiant, que l’immigration n’est pas la seule voie pour réussir bien au contraire. En effet la « mondialisation peut être une chance si l’on sait exploiter les immenses possibilités, car elle peut raccourcir le temps de l’émergence. Ayons la lucidité de reconnaitre qu’en Afrique en général et au Sénégal en particulier, la valeur travail n’est pas suffisamment enracinée dans nos modes de vie, à de rares exceptions près » disait Ousmane Sonko dans son livre Pétrole et Gaz Chronique d’une spoliation.
Pour beaucoup de sénégalais et d’africain en général, aller bosser est perçu comme étant une souffrance terrible et ainsi tous les moyens sont bons pour tricher (l’absentéisme dans nos administrations dépasse l’entendement …). Dans le même temps, l’argent est au centre de tout, selon Sonko lorsque le travail est érigé au rang de valeur et surtout lorsque cette valeur est incarnée par des dirigeants de qualité, alors le travail se révèle source d’épanouissement au-delà de la rémunération matérielle qu’il procure.
En définitive, ces évènements d’une rare violence doivent nous ramener à l’essentiel qui est de jeter les bases d’une nouvelle vision inclusive et la jeunesse devrait cesser de suivre aveuglément les chefs de partis traditionnels qui pour la plupart l’éthique est plus une posture qu’une conviction profonde. La transhumance (changer de parti politique au gré du vent sans idéologie mais juste pour des raisons d’intérêts personnels). Cela fait plus de 50 ans que nos dirigeants font les mêmes politiques publiques souvent téléguidées par le FMI ou la Banque Mondiale, pour avoir les mêmes résultats, c’est-à-dire rester sous l’appellation PPTE (Pays Pauvres Très Endettés). L’heure est au courage politique, à l’indépendance monétaire et financière afin d’assoir une nouvelle gouvernance économique et sociale.