Emmanuel Macron pose ses conditions au nouveau président libyen, Mohamed Menfi. Il lui en privé de chasser les forces russes et turques de son pays
Les choses s’accélèrent très vite en Libye et la France semble avoir pris le contrôle d’un pays déchiré par une guerre civile qui a duré neuf ans et plongé l’un des plus riches pays d’Afrique dans un chaos politico-social que sans précédent jamais connu ces 30 dernières décennies.
En effet, après la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye est très vite tombée entre les mains, d’une part, des groupes rebelles et, d’autre part, des puissances occidentales et des richissimes pays du Golfe qui n’ont pas caché leur agenda de renverser le gouvernement de Tripoli afin d’imposer le seigneur de guerre, Khalifa Haftar, à la tête de ce pays.
« La sécurité de la Libye, au cœur des préoccupations françaises »
Ainsi, depuis bientôt 10 ans, c’est une véritable guerre à la fois militaire mais aussi diplomatique qui oppose les puissances occidentales pour le contrôle total d’un pays extrêmement riche en pétrole. Et dans cette guerre, la France de Macron semble avoir pris une longueur d’avance sur ses concurrents.
En effet, mardi 23 mars, Emmanuel Macron a reçu à Paris Mohamed Menfi qui a succédé à Fajez Al-Sirraj à la tête du Conseil Présidentiel Libyen. A l’issue de cette visite, des décisions cruciales ont été prises dont la réouverture de l’ambassade de Paris à Tripoli fermée depuis quelques années en raison de l’instabilité politique.
A la suite de cette rencontre cruciale, les choses se sont accélérées. Ce 24 mars, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères et Florence Parly, ministre français des Armées, se sont rendus en Libye où ils ont rencontré Mohamed Menfi. D’après le média LibyanObserver qui donne l’information, les émissaires français et le chef du Conseil Présidentiel libyen ont abordé l’épineuse question de la sécurité dans le Sud du pays ainsi que la nécessité de sécuriser les frontières maritimes dans un pays devenu, depuis 8 ans, la principale porte d’entrée de milliers de migrants africains vers l’Europe.
« Macron veut expulser la Russie et la Turquie de la Libye »
Sauf que la décision de Paris de renouer ses relations diplomatiques avec la Libye n’a pas été gratuite comme le révèlent plusieurs sources sûres. D’après plusieurs médias, Macron conditionne le rétablissement des relations diplomatiques entre Tripoli et Paris par l’expulsion immédiate et sans condition des forces turques et russes dans ce pays.
C’est en tout cas la révélation faite par le média The Africa Report. D’après cette source, lors de leur rencontre de ce 23 mars, Emmanuel Macron a été très clair avec le nouveau leader libyen. « Les forces russes et turques ainsi que les combattants étrangers qui ont été importées par elles (la Russie et la Turquie) ou par d’autres forces sur le sol libyen doivent s’en aller dès que possible parce qu’il revient aux forces armées libyennes réunies sous votre autorité d’assurer la sécurité de la Libye », a-t-il déclaré à son homologue libyen.
La question à se poser est celle de savoir si Macron tiendra vraiment sa promesse de collaborer avec Mohamed Menfi quand on sait que le gouvernement français affiche son soutien sans complexe à Khalifa Haftar dont les forces menacent ouvertement de marcher sur Tripoli.
Pour l’instant, le jeu de Paris est assez flou et le temps nous dira si Macron est franc ou s’il use d’un subterfuge bien habile pour tromper l’opinion publique internationale.