Un rapport de l’ONU, consulté par l’Agence France Presse (AFP), accuse l’armée française d’avoir tué 19 civils au Mali
Une semaine noire pour la France en Afrique. Après la publication récente du rapport Stora sur la responsabilité de la France dans la guerre d’Algérie et moins de trois jours après le rapport Duclert accusant la France d’avoir une part de responsabilité sur le génocide au Rwanda, un nouveau rapport de l’ONU met Paris dans l’embarras.
En effet, ce rapport rendu public ce 30 mars et relayé par plusieurs médias accuse ouvertement l’armée française d’avoir tué 19 civils dans un bombardement au Mali. D’après plusieurs sources dont France TV Info, les faits se sont déroulés dans le village malien de Bounty où les habitants fêtaient un mariage à la date du 03 janvier dernier.
« Il n’y avait ni mariage, ni femmes, ni enfants »
Peu après l’incident, la France avait catégoriquement nié les faits. Dans un communiqué, l’armée rejette toute responsabilité dans cette bavure : « il n’y avait pas de signe de mariage, ni de femmes, ni d’enfants ». Et face à l’ampleur que prenait cette affaire, la ministre française des Armées était obligée d’intervenir.
Ainsi, dans une interview accordée à France Info le 10 janvier, Florence Parly dira sans ambages : « il n’y avait ni mariage, ni femmes, ni enfants. C’étaient des hommes exclusivement. On peut dire beaucoup de choses… Ce sont des faits, exacts, prouvés, vérifiés et certifiés ».
« La Minusma exige l’ouverture d’une enquête indépendante »
Au bout de trois semaines d’enquête, l’ONU finit par livrer sa conclusion consultée par AFP. Pour l’Organisation des Nations Unies, les soldats français ont bien tué les 19 civils maliens, ce qui fera réagir la Minusma. En effet, ce 30 mars, la Minusma (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation du Mali) a publié un communiqué intégralement lu par Lecourrier-du-soir.com.
Dans le communiqué, la Minusma confirme qu’il y avait bien un mariage mais précise que dans le lieu se trouvaient 5 personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma. La Minusma demande qu’une enquête indépendante soit ouverte par le Mali et la France afin de faire la lumière sur cet incident qui risque encore une fois de coûter très cher à la France dont le maintien de ses troupes dans cette partie du continent a, ces dernières années, été très violemment dénoncée par la jeunesse malienne.