Le Mozambique est-il en passe de devenir la future Libye de l’Afrique australe? Cette question, dans le contexte dans lequel nous nous trouvons, a toute sa pertinence. En effet, le Mozambique, ex colonie portugaise et l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, est devenue, depuis 2015, la cible de groupes terroristes qui ont beaucoup fait parler ce 24 mars, date à laquelle ils ont irruption dans la ville de Palma tuant et saccageant tout sur leur passage.
Peu après l’attaque, il y a eu une frénésie médiatique sans précédent. Tout d’un coup, ce pays, jadis complètement oublié dans la couverture médiatique des événements en Afrique, fait la une de tous les médias occidentaux, mais aussi chinois et russes. Cet intérêt tout particulier des médias peu après les attaques terroristes au Mozambique a certainement rappelé à certains l’effervescence médiatique notée durant les deux semaines qui ont précédé l’intervention militaire américaine en Irak ou française au Mali. Cependant, il fallait être vraiment naïf pour penser une seule seconde que cette impressionnante couverture médiatique était totalement désintéressée.
Maintenant, les événements se sont produits et nous en tirons des leçons. Nous savons désormais que le groupe Etat Islamique n’est plus seulement présent au Sahel, en Afrique du Nord et dans la Corne de l’Afrique. Car, selon les médias internationaux, il a désormais élu domicile dans la partie australe de l’Afrique et pourrait s’étendre vers toute la région.
Mais, il y a un fait assez étrange dans cette histoire. Le groupe Etat Islamique qui a revendiqué les attaques de Palma s’est focalisé sur une seule région du Mozambique : Palma. Alors, pourquoi? C’est en se posant cette question que nous arriverons peut-être à comprendre ce qui se joue réellement dans cette partie de l’Afrique.
N’oublions pas que le Mozambique est un pays composé d’environ 58% de chrétiens et quelque 18% de musulmans. La plus importante communauté musulmane est basée dans le province de Cabo Delgado où se trouve justement la ville de Palma. En conséquence, la naissance de groupes terroristes tels que Al-Shebbab dans cette partie du pays (composée majoritairement de musulmans) est tout à fait logique.
Cependant, il y a un autre détail dont on parle très peu et qui semble être l’une des raisons principales qui expliquent tout. C’est que le province de Cabo Delgado (où se trouve Palma) est la région la plus stratégique du Mozambique qui abrite les plus importantes réserves de gaz de la planète.
Certains spécialistes parlent des 4ème réserves de gaz au monde après le Qatar, la Russie et l’Iran. Autrement dit, cette région, dotée de 5 000 milliards de mètres carrés de réserves gazières, peut, à elle seule, transformer le Mozambique en un futur « Qatar africain » qui n’aura absolument rien à envier au reste du monde.
Ainsi, ces immenses réserves de gaz aiguisent l’appétit des puissances étrangères qui veulent à tout prix mettre la main sur cet immense pactole. Parmi les pays qui veulent s’arracher cette manne gazière, figurent : les Etats-Unis mais aussi la Russie et la Chine. Et pourquoi pas la France.
En effet, Total, déjà présent au Mozambique, a déjà débloqué 14,9 milliards d’euros pour exploiter le gaz en 2024. Le géant américain Anadarko va investir 25 milliards de dollars pour exploiter le gaz mozambicain. En 2019, la Russie avait déjà signé des accords avec le gouvernement du Mozambique pour l’exploitation du gaz mozambicain et la Chine, qui a fait de l’Afrique une priorité, investit massivement dans les infrastructures du pays. Ainsi, en 2016, Pékin avait investi 8,5 milliards de dollars dans la construction et en 2018, l’Empire du Milieu avait injecté 100 millions de dollars dans l’économie de Maputo (capitale du Mozambique) pour financer des projets cruciaux dans ce pays.
Il est donc évident que ce pays dont les profits gaziers sont estimés à 95 milliards de dollars d’ici 25 ans ne peut pas passer inaperçu dans cette guerre qui oppose la Chine, la Russie et l’Occident pour le contrôle total des matières premières dont regorge le continent africain.
Et pour contrôler les zones les plus stratégiques de l’Afrique, les puissances opèrent de nouvelles méthodes très efficaces et brandissent souvent la menace terroriste afin de déployer des troupes sur le terrain. Ainsi, la Russie prévoit d’ouvrir 6 bases militaires en Afrique, dont une au Mozambique. Une partie de l’armée du Mozambique est formée par la Chine en vertu d’une coopération militaire signée entre Pékin et Maputo en 2016 et depuis bientôt une année, l’Armée américaine est présente dans ce pays et participe à la formation de soldats mozambicains à faire face à d’éventuelles attaques terroristes.
Et pour mieux contrôler le territoire, les puissances ne se gênent plus de déclencher une propagande médiatique afin de délégitimer l’adversaire comme ils le font en Libye et au Sahel. Ainsi, depuis janvier 2020, les Etats-Unis ne cessent de dénoncer la présence de mercenaires russes au Mozambique.
En tout cas, dans un pays aussi important pour l’Occident, la Chine et la Russie, la prudence doit être de mise lorsque soudain surgit de nulle part un groupe terroriste que l’on nous présente comme étant une branche de l’Etat Islamique. La réalité actuelle est que nous assistons au même scénario que celui du Mali, du Nigeria ou de la Libye.
Dans les trois pays cités, des zones extrêmement riches en ressources naturelles ont tout d’un coup vu apparaître sur leur sol des groupes armés qui n’ont jamais lésiné sur les moyens pour détruire et terroriser la population locale et le plus souvent avec des armes très sophistiquées fabriquées par des puissances étrangères.
En conséquence, tout laisse à croire qu’il y a un projet impérialiste dont le but final est de foutre le bordel au Mozambique, d’y installer un ou des groupes djihadistes, de générer le chaos permanent dans la partie où se trouvent les immenses réserves de gaz pour enfin légitimer une intervention militaire qui viendra soumettre totalement le pays et mieux exploiter ses matières premières.
Pour le moment, nous n’en sommes qu’au début et avec le temps, nous en saurons un peu plus. Mais, je vous le dis ici : dans les événements qui se sont produits au Mozambique ces dernières semaines, une véritable manipulation médiatique a été déclenchée pour nous endormir.
On nous cache quelque chose.