Ce 23 avril, la police, visage de la France (pour reprendre Valérie Pécresse), a été frappée de plein fouet par l’hydre islamiste. A Rambouillet, une policière a été tuée de deux coups de couteau par un jeune radicalisé.
Le drame qui a fait trembler la République est ignoble. Et Emmanuel Macron, très loin de la France, n’a pas pu cacher son émotion : « nous ne céderons pas », a-t-il martelé depuis le Tchad.
Cet événement tragique qui secoue la République nous rappelle celui d’octobre 2019 qui avait visé la préfecture de police de Paris et qui avait fait 5 morts. En octobre 2019, à la suite de cet acte abject commis par un radicalisé, l’émotion et la colère avaient fini par gagner une grande partie de la France convaincue que la résolution de la question de l’Islam est une urgence.
Cependant, s’il y a un événement qui lie les deux, c’est qu’au-delà du fait qu’ils ont visé ce que la République a de plus cher (la police), ils ont clairement participé à valider les positions du Rassemblement National sur un sujet épineux qui divise le pays depuis bientôt une décennie : l’Islam en France.
Le 23 avril et le 3 octobre, la République a été éventrée comme elle l’a été le 26 juillet 2016 lorsqu’un prêtre a été égorgé à Saint-Etienne-du-Rouvray ou le 13 novembre 2015 au Bataclan ou encore le 16 octobre 2020, date à laquelle un barbare a décapité Samuel Paty, enseignant de la République.
Compte tenu de tous les événements cités, il est donc évident qu’il y a un réel danger qui guette la France qui vit l’une des heures les plus sombres de son Histoire. Car, désormais, l’ennemi ne vise plus seulement la police. Il cherche aussi à abattre ce que la République a de plus cher : l’enseignant, le prêtre, la jeunesse. Et demain, à qui le tour?
Emmanuel Macron se dirige vers une élection présidentielle cruciale. Certainement, la plus importante de l’Histoire de la Vème République. Car, pour la première fois, le système qui a largement contribué à son élection en 2017 est à bout et n’arrive plus à lui trouver un successeur pour éviter à tout prix l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.
Face à une telle situation, le plus jeune président de la Vème République risque de ne briguer qu’un seul mandat. D’ailleurs, pour beaucoup, les chances qu’il se qualifie au second tour contre Marine Le Pen reste encore très minces, pour ne pas dire nulles. Pendant ce temps, le Rassemblement National se frotte les mains, convaincu à l’idée que le moment n’a jamais été propice pour son accession au pouvoir.
Il y a désormais une certitude : Marine Le Pen se dirige tout droit vers le pouvoir et cette thèse, aucun analyste politique ne peut dire la contraire. La question à se poser est celle de savoir pourquoi les circonstances actuelles sont si bonnes pour elle en ce moment et non pas du temps de Sarkozy ou de Hollande. C’est en se posant cette question que l’on arrivera peut-être à comprendre que derrière l’envolée politico-médiatique de Le Pen, il y a la main de Macron qui n’a jamais rien fait pour la neutraliser.
Nicolas Sarkozy appartenait à une droite dure. Dure sur plusieurs front : immigration, délinquance, Islam entre autres. Une telle posture lui permettait d’incarner à la fois un Le Pen dans l’exercice de son mandat tout en prenant ses distances avec elle. Une stratégie efficace qui lui a permis d’enrayer le danger de l’extrême-droite tout au long de son mandat.
François Hollande a été socialiste jusqu’à la moelle. Mais, dans la seconde moitié de son quinquennat, il ne s’est point gêné à se mettre dans la peau de Le Pen pour neutraliser Marine. N’oublions pas que c’est sous mandat que le débat sur la déchéance de nationalité a été le plus virulent, suscitant à gauche un profond malaise. L’idée (déchéance de nationalité) était totalement saugrenue mais il fallait l’assumer afin de calmer la droite extrême qui n’a cessé de jeter la responsabilité de la crise migratoire et sécuritaire sur le dos de la gauche.
L’avantage dont jouissaient Sarkozy et Hollande réside dans le fait qu’ils avaient une solide expérience politique qui leur permettait de ne surtout pas tomber dans le jeu du Front National et de lui donner ainsi une certaine légitimité politique. Pour ce faire, ils ont été entourés de fins experts politiques prêts à sacrifier l’idéologie du parti pour neutraliser Le Pen.
Avec Claude Guéant et Manuel Valls comme ministre de l’Intérieur, les deux présidents (Sarko et Hollande) ont été parfois plus proches de l’extrême-droite que de la gauche ou de la droite modérée dont ils se revendiquaient. Cependant, cette proximité circonstancielle avec l’extrême-droite était purement opportuniste et ne visait qu’à déjouer les plans de Marine.
Avec Macron, on a assisté à une sorte d’amateurisme au plus haut sommet de l’Etat. Le plus jeune président de la Vème République, contrairement à ses prédécesseurs, a une expérience très limitée en politique. D’ailleurs, en observant certaines de ses décisions, on est en droit de se demander s’il connaît vraiment la France.
Et son plus grand danger a été son entourage. Castaner, en tant que ministre de l’Intérieur, a été un désastre total qui a fini par s’attirer à la fois la colère des policiers mais aussi d’une partie de la gauche radicale qui n’a cessé de dénoncer avec la plus grande énergie les violences policières.
Avec Darmanin, rien ne s’est vraiment arrangé. Sous son mandat à la tête de la Place Beauvau, plusieurs erreurs politiques ont été commises. Et au lieu de freiner la vague bleu marine par une stratégie efficace et subtile, il s’est comporté comme un militant d’extrême-droite validant sans gêne chaque proposition faite par des journalistes proches du RN.
En effet, sous Darmanin, il suffit qu’une simple suggestion d’Eric Zemmour ou de Zineb El Razhoui soit largement reprise sur les réseaux sociaux pour qu’elle soit validée dans les minutes qui suivent depuis la Place Beauvau. Cela a été le cas lors de la dissolution du CCIF. Darmanin tentera plus tard de se racheter en dissolvant la mouvance Génération Identitaire. Mais, cette décision, très critiquée au sein de l’extrême-droite, n’a été bénéfique ni pour lui, ni pour Macron.
Depuis son arrivée à la Place Beauvau, la rhétorique antimusulmane s’est renforcée. Et il en est responsable. Il s’est durement attaqué au rayon halal dans les supermarchés français (sans aucune raison valable à part donner des ailes au RN sur ce terrain), a tenu des propos très durs à l’encontre des musulmans de France comme si ces derniers étaient étrangers dans leur propre pays. D’ailleurs, lors de son face-face avec Le Pen, beaucoup ne voyaient pas la grande différence qui sépare les deux personnages.
Au fond, tout semblait les unir, ce qui a finalement réconforté les indécis de Droite à l’idée que Marine Le Pen était la seule candidate capable de redresser un pays qui bascule tout droit dans une guerre civile. Si à cela s’ajoute le cas Marlène Schiappa qui prévoit d’organiser des états généraux de la Laïcité dans un contexte si sensible, on est évidemment en mesure de se dire que Macron est entouré par un groupe de politicards dont chaque décision est une bénédiction pour le Rassemblement National.
L’amateurisme au plus haut sommet de l’Etat dont a fait preuve le gouvernement Castex, ses difficultés à faire face à la crise sanitaire et économique qui plonge la France dans un chaos social sans précédent, son absence de réponse sur l’immigration et sa faiblesse à faire face à la délinquance ont fini par donner une victoire sans appel à Marine Le Pen.
Marine est à deux doigts de devenir la future présidente de la France et dans cette victoire qui s’annonce (presque inéluctable), Macron y a joué un grand rôle, lui qui dans sa gestion du pouvoir s’est entouré d’une équipe qui a validé toutes les positions du RN sans jamais essayer de lui tenir tête.
Au bout de cinq ans au pouvoir, Macron a été une grande aubaine pour le RN car il lui a ouvert la porte de l’Elysée et Marine pourrait s’installer en 2022.