De défaite en défaite jusqu’à la disparition totale. Ce 4 mai, la capitale espagnole, Madrid, a été au centre de toutes les attentions, non seulement en Espagne, mais dans toute l’Europe. Car, ce mardi 4 mai, la droite espagnole (Partido Popular), l’extrême-gauche (Podemos) et le centre, incarné par le parti macroniste Ciudadanos, jouaient leur survie dans une élection cruciale.
La suite, nous la connaissons. A l’annonce des résultats d’une élection régionale qui a tenu en haleine toute l’Espagne en raison du contexte dans lequel elle s’est tenue, la candidate du Parti Populaire, Isabel Diaz Ayuso, a remporté une victoire spectaculaire, redonnant ainsi vie à un parti qui a été exclu du pouvoir en 2018 par une motion de censure.
Ainsi, ce 4 mai, le PP (Parti Populaire) a raflé 65 sièges, soit 44,5% des voix. En termes de votes, il a obtenu 1 620 213 votes. Le Parti Socialiste qui est au pouvoir est arrivé en 3ème position avec seulement 24 sièges et les alliés de la France Insoumise, Podemos, n’ont obtenu que 10 sièges, soit 7,13% des voix. D’ailleurs, à l’annonce des résultats, le chef de file de Podemos, Pablo Iglesias, a annoncé qu’il se retire définitivement de la vie politique.
Il convient de rappeler que la candidate du Parti Populaire est l’actuelle présidente de la Communauté Autonome de Madrid. Sa victoire ce 4 mai a été sans appel et confirme que l’opposition a échoué lamentablement. Mais, dans les élections autonomes de Madrid de ce 4 mai, un parti a subi une déculottée. Il s’agit de Ciudadanos, parti qui se revendique de Centre et dont le leader, Albert Rivera, s’est auto-proclamé « le Macron espagnol ».
D’ailleurs, depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, Ciudadanos et LREM ont entretenu des liens très étroits et l’Elysée avait durement recadré son allié espagnol lorsqu’il a voulu gouverner l’Andalousie avec les voix de Vox, parti d’extrême-droite. C’est ce rapprochement mortel avec l’extrême-droite qui lui avait valu en 2018 une saignée au sein de ses rangs, provoquant une crise interne sans précédent ayant poussé à la démission de plusieurs personnalités, dont Manuel Valls.
En décembre 2019, la défaite du parti aux élections législatives espagnoles était cuisante. De 57 sièges, Ciudadanos passe à 10 sièges au niveau national, un résultat catastrophique qui avait poussé le Macron espagnol à annoncer sa démission le soir même de la proclamation des résultats..
Le parti était sorti très fragilisé de cette défaite, mais l’espoir était toujours permis jusqu’à ce que les élections catalanes du 14 février 2021 viennent porter au parti le dernier coup de grâce. En effet, à ces élections, Ciudadanos qui était pourtant le premier parti de Catalogne avec 36 sièges s’effondre totalement en obtenant que 6 sièges.
Depuis cette débâcle, le débat sur sa survie politique était ouvertement posé sur la table et les avis étaient mitigés. Mais, ceux qui avaient prédit sa mort n’avaient pas eu tort. En effet, ce 4 mai, les alliés de Macron ont creusé leur propre tombe en n’obtenant que 3,5% des voix, soit 0 siège. Quel désastre!
Le parti Ciudadanos a donc disparu des deux grandes villes espagnoles (Madrid et Barcelone) qui lui assuraient sa survie. Et avec le départ de bon nombre de ses responsables politiques qui ont récemment rejoint le Parti Populaire, c’est la fin d’un mouvement politique vieux de 15 ans né en Catalogne pour contrer l’indépendantisme et surtout éviter que les électeurs de droite, déçus des scandales de corruption qui ont secoué le PP ces dernières années, ne rejoignent la gauche.
Les choses n’ont jamais été aussi claires. Ciudadanos est mort et a entraîné dans sa mort un Macronisme auquel les Espagnols n’ont jamais voulu accorder la moindre chance. A un an de la présidentielle française, le projet macronien semble désavoué en Europe et c’est bien triste.