Dans un discours tenu ce 28 septembre à Sciences-Po Paris, Florence Parly, ministre française des Armées, a accusé la junte militaire malienne de « s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français ». Cette déclaration intervient au moment où la junte négocie avec la société russe Wagner pour faire venir au Mali des soldats russes que Paris qualifie (à tort ou à raison) de « mercenaires »
Les masques sont tombés. Entre le Mali et la France, le torchon brûle. Et ce, à quelques mois d’une élection présidentielle cruciale pour Emmanuel Macron. En tout cas, ces derniers jours, la guerre des mots par médias interposés confirme que Français et Maliens ne partagent plus la même vision de la stratégie de lutte anti-terroriste au Mali.
Rappelons que depuis la révélation de l’agence de presse Reuters d’un contrat entre la junte militaire malienne et la société russe Wagner, Paris ne décolère pas. D’ailleurs, ce 16 septembre, lors de son passage sur le plateau de France Info, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, avait prévenu Bamako.
« Si d’aventure, le Colonel Goita, président par intérim du Mali, avait l’intention de recruter la société Wagner, évidemment, c’est incompatible avec la présence internationale au Mali », avait-il déclaré. Selon Jean-Yves Le Drian, la France se rangerait du côté de l’Allemagne qui a, elle-aussi, menacé de quitter le Mali si les mercenaires russes venaient à être déployés dans ce pays.
Quelques jours plus tard, depuis Bamako, le Premier ministre malien, Chogel Maiga, avait réagi aux propos du chef de la Diplomatie française en soulignant, face à la presse, l’urgence pour le Mali de restaurer sa souveraineté sur toute l’étendue de son territoire national.
“On ne peut pas dans une situation où on apprend qu’il y a une attaque quelque part, on a un hélicoptère qu’on veut voler pour aller, on nous l’interdit au motif que cette zone, c’est une zone d’entraînement d’autres forces partenaires. Cette situation ne peut pas continuer. C’était par le passé, mais aujourd’hui, on ne peut pas continuer dans ça”, avait-il martelé.
Et d’ajouter : “on ne peut pas nous interdire d’acheter du matériel avec un pays si on a un accord, parce qu’un autre ne veut pas. On ne peut pas nous empêcher d’envoyer des gens être formés dans un pays donné parce qu’un pays ne veut pas”. Face à la presse, le premier ministre avait taclé la France sans jamais la citer. “Le terrorisme s’est étendu, l’autorité et la souveraineté de l’Etat n’est pas restaurée partout, les résolutions des Nations-Unies changent chaque année”, déplore-t-il.
Quelques jours plus tard, le 25 septembre, le Premier ministre vilipendera la France à l’ONU, l’accusant d’avoir « abandonné le Mali en plein vol ». Des propos que Paris n’a pas digérés. Ainsi, ce 28 septembre, c’est la réponse du berger à la bergère. En effet, dans un discours tenu à Sciences-Po Paris, Florence Parly, actuelle ministre française des Armées, n’a pas été tendre envers le gouvernement malien qu’elle a d’ailleurs sévèrement critiqué.
« C’est beaucoup d’hypocrisie, c’est beaucoup de mauvaise foi, beaucoup d’indécence surtout parce que ces propos ont été tenus le samedi 25 septembre. Or le vendredi 24 septembre, un 52e militaire français a donné la vie pour combattre le terrorisme au Sahel », riposte Parly, citée par Le Parisien. Selon la source, la ministre de la Défense française ira jusqu’à accuser les autorités maliennes de « s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français ».