Macky Sall, président du Sénégal, est-il devenu l’ultime victime de la magie numérique qui risque de changer la donne lors des prochaines élections locales et présidentielles?
Cette question est d’autant plus pertinente qu’il y a dix ans, vantant les avancées technologiques dans la consolidation de la Démocratie au Sénégal, Macky Sall s’exprimait en ces termes : « Il faut que le futur président de la République, quel qu’il soit, se dise qu’il y’a une vigie populaire, une vigie citoyenne qui est là, qui va observer les faits et gestes du nouveau pouvoir, c’est ce que j’appelais la magie du clic à travers les réseaux sociaux qui fera face à la toute-puissance du fric et du flic. Donc, quel que soit le président, il ne peut plus se permettre de faire ce qu’il veut ; les majorités aussi ne peuvent plus se permettre de faire ce qu’elles veulent ».
Ces propos ont été prononcés par Macky Sall en 2011, un an avant son élection à la tête du Sénégal. Dix ans plus tard, la réalité numérique, dont il vantait les mérites et qui avait été déterminante lors de la présidentielle de 2012, semble s’être retournée contre lui. Du moins, à ce qu’il paraît!
En effet, la prolifération des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Whatsapp, YouTube, Instagram…) et la circulation rapide de l’information d’un bout à l’autre dans les quatre coins du monde ont récemment donné naissance à une mobilisation spectaculaire de citoyens qui, désormais partageant les mêmes aspirations politiques et regroupés au sein d’un même réseau social, peuvent flanquer la trouille à tout pouvoir, aussi puissant soit-il.
Dans le contexte du Sénégal, il convient de souligner que cette nouvelle donne (numérique) pourrait sonner le glas d’un régime au pouvoir depuis 2012 et qui brille par une incompétence notoire dans la gestion des affaires publiques, une gabegie financière qui indigne plus d’un et une gestion totalitaire du pouvoir faisant dire à certains que la justice du pays « a démissionné ».
En tout cas, à quelques jours des élections locales (ailleurs appelées municipales) prévues ce 23 janvier 2022, la magie du clic semble avoir pris le dessus sur la toute-puissance du fric et du flic. En effet, ces dernières heures, il a été révélé dans la presse sénégalaise que la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi a collecté plus de 245 millions de FCFA en une seule journée. Un record historique qui probablement n’aurait jamais été atteint sans la magie du net.
Mais, il faut surtout préciser que ce succès est révélateur de l’avancée technologique du pays qui a vu naître, ces dernières années, un foisonnement de plateformes de financement participatif créées par de jeunes geek sénégalais et destinés à renflouer les caisses des partis politiques de l’opposition face à un régime accaparant tous les pouvoirs (financiers, judiciaires, politiques, médiatiques…).
En conséquence, la collecte de plus de 245 millions de FCFA par la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi est la preuve que si Macky Sall contrôle le pouvoir judiciaire et politique, il n’a plus la mainmise sur le pouvoir financier qui repose désormais clairement entre les mains de richissimes donateurs basés dans les quatre coins du monde.
N’est-ce pas pour cette raison particulière qu’en janvier 2021 le ministre de l’Intérieur Antoine Diom avait menacé, dans un communiqué, de dissoudre le parti Pastef dénonçant les importants financements qu’il reçoit de l’étranger?
Vu le montant stratosphérique engrangé en 24 heures par la coalition de l’opposition, il y a évidemment de quoi s’inquiéter.