Des milliers de Sénégalais ont répondu à l’appel du mouvement « And Samm Jikko yi » qui a drainé une foule immense au niveau de la Place de l’Obélisque, en plein cœur de Dakar, pour dire non au projet de dépénalisation de l’homosexualité qui serait inscrit dans l’agenda du gouvernement de Macky Sall
Face aux rumeurs d’une éventuelle dépénalisation de l’homosexualité au Sénégal, une grande partie de l’opinion publique ne lâche rien. Et les plus féroces opposants à ce projet du gouvernement de Macky Sall n’ont, ces dernières années, cessé de mettre la pression sur l’Etat afin de le faire capituler.
Et ce dimanche 20 février a marqué un tournant dans ce bras de fer opposant le pouvoir aux chefs religieux sur un sujet extrêmement sensible. En effet, à Dakar, au niveau de la Place de l’Obélisque, une immense foule constituée de milliers de citoyens sénégalais a répondu à l’appel du mouvement « And Samm Jikko Yi (Ensemble, pour la préservation des valeurs), mouvement piloté par de célèbres dignitaires religieux, dont Iman Alioune Badara Ndao, déjà incarcéré pour « terrorisme ».
Mais, il n’y avait pas que des hommes religieux. A ce rassemblement, ont également pris de très influents activistes tels que l’ex rappeur Karim Krum Xak ou encore Guy Marius Sagna. Brandissant fièrement le drapeau sénégalais, des centaines de jeunes ont scandé des slogans mettant en garde l’Etat du Sénégal qu’ils accusent de vouloir céder à la pression des lobbys homosexuels en dépénalisant une pratique proscrite par l’Islam dans un pays composé de 95% de musulmans.
Il faut dire que ce rassemblement auquel ont pris part des milliers de Sénégalais est un coup de massue assené au pouvoir en place qui a récemment perdu les grandes villes lors des élections locales et qui s’achemine vers des élections législatives prévues pour le 31 juillet 2022.
« Une patate chaude pour Macky Sall »
Ce coup de force est également un avertissement adressé à Macky Sall qui, ce 27 janvier, a pourtant tenté de calmer les esprits en recevant au palais présidentiel une délégation de l’organisation des Imams et Oulémas du Sénégal à qui il a réitéré sa volonté de laisser intacte la loi en vigueur depuis 1965 et pénalisant tout acte contre-nature.
« Tant que je serai à la tête de ce pays, il est impensable de modifier cette loi. Donc, on ne doit plus soulever ce sujet. Alors, je ne comprends pas pourquoi, tout d’un coup, à la veille des élections (municipales, ndlr), on fait circuler la rumeur selon laquelle le pouvoir voudrait abroger la loi ou refuserait de criminaliser (cette pratique, ndlr)”, avait-il déclaré.
Face aux Oulémas du Sénégal, le président dit regretter les manipulations qui ont été faites sur ce sujet ainsi que les accusations infondées portées contre l’Assemblée nationale. “Aussi bien dans l’Islam que dans le christianisme, il est interdit d’accuser sans preuve”, rappelle-t-il.