D’après une révélation faite ce 06 juin par Le Monde, en 2018, un contrat de plus de 100 000 euros a été attribué à un cabinet de conseil appartenant à un proche de Nicolas Sarkozy et de Michel Barnier sans que les règles de l’art ne soient respectées. D’après Le Monde, l’homme à qui appartient ce cabinet de conseil est également familier à Catherine Colonna, actuelle ministre française des Affaires étrangères
Un nouveau scandale est-il sur le point d’éclater à quelques jours seulement du 1er Tour des élections législatives en France? Le temps nous le dira. En tout cas, comme ce fut le cas en avril dernier, à quelques jours des élections présidentielles, le gouvernement français, dirigé par Emmanuel Macron, est une nouvelle fois visé par des soupçons de favoritisme au profit d’un cabinet de conseil.
La révélation est faite ce 06 juin par le journal Le Monde. En effet, d’après cette source, en 2018, le gouvernement français, sous Macron, avait décidé de confier un contrat de 100 000 euros à un proche de Nicolas Sarkozy et de Michel Barnier. L’octroi du contrat ne pose pas problème. Mais, ce qui dérange, d’après les informations obtenues par Le Monde, est que l’attribution de ce contrat ait été fait « en s’émancipant de la règle cardinale des marchés publics ».
« Des documents obtenus par Le Monde semblent pourtant suggérer que ces règles ont été enfreintes à au moins une occasion au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron : en 2018, le gouvernement a décidé de confier un contrat de conseil de plus de 100 000 euros à Pierre-Jérôme Hénin, un communicant bien connu de la droite sarkozyste, en s’émancipant de la règle cardinale des marchés publics : le traitement équitable de tous les candidats au marché », révèle Le Monde.
Et d’ajouter : « des courriels internes suggèrent que des hauts fonctionnaires du ministère des affaires étrangères avaient déjà décidé d’attribuer ce marché à la société de M. Hénin avant même d’avoir reçu toutes les propositions des prestataires concurrents – tout en ayant conscience du caractère potentiellement litigieux d’un tel comportement ».
D’après Le Monde, l’attribution de ce contrat a été faite en mars 2018, date à laquelle Emmanuel Macron s’apprêtait à lancer une série de ‘consultations citoyennes sur l’Europe ». Le projet est ambitieux, mais manque un spécialiste de la communication « capable d’assurer une forte visibilité médiatique à cette initiative du président Macron, annoncée lors de son discours de la Sorbonne sur l’Europe ».
Et c’est là que la SGCCE (secrétariat général aux consultations citoyennes européennes) entre en action. Selon Le monde, la SGCCE a alors décidé d’externaliser sa communication auprès d’un prestataire privé. Le média français fournit de plus amples détails sur cette affaire qui risque de déclencher un vif tollé médiatique dans les jours qui visant.
Ainsi, explique le média français, « comme le veut la règle, un appel d’offres public est lancé, et trois cabinets spécialisés en communication se manifestent. Ce qu’ignorent les deux premiers candidats, c’est que les jeux semblent déjà faits ».
Et Le Monde fait une révélation de taille. En effet, d’après les informations obtenues par ce média, 12 jours avant la date limite de dépôt des offres, une des employées du ministère des Affaires étrangères chargée du dossier s’est adressée à ses supérieurs par écrit en leur disant ceci : « il est d’ores et déjà prévu d’attribuer [le marché] à Progressive Company, l’une des sociétés de M. Pierre-Jérôme Hénin ».
Le Monde révèle, dans son article, les craintes de l’employée du ministère des Affaires étrangères dans le courriel adressé à ses supérieurs. « Le caractère baroque de la procédure autour du marché secrétariat général aux consultations citoyennes européenne (SGCCE) n’a pas échappé à la fonctionnaire Marie-Claude B., qui s’inquiète dans le même courriel des ‘risques contentieux’. ‘Vous comprendrez qu’il est dans notre intérêt que l’attribution de ce marché le soit ‘dans les règles de l’art’, car, compte tenu de l’expérience professionnelle de M. Hénin, des candidats évincés pourraient penser que ‘l’affaire était jouée d’avance’ et en faire une publicité désagréable pour nos hiérarchies’, écrit-elle à Michel Pollez, le chef du bureau des marchés publics du ministère », note Le Monde.
L’affaire est d’autant plus embarrassante que le contrat est attribué à un homme très proche de Catherine Colonna, actuelle ministre française des Affaires étrangères. Sur ce, Le Monde dira : « et pour cause : Pierre-Jérôme Hénin n’est pas un inconnu au Quai d’Orsay. Avant de créer sa société de conseil de communication, il a été le conseiller presse du ministre Michel Barnier, chargé successivement des affaires européennes et des affaires étrangères, dans les années 1990 et 2000. Il est également familier de l’actuelle patronne de la diplomatie, Catherine Colonna, qu’il a conseillée lorsqu’elle était encore ministre déléguée aux affaires européennes (2005-2007). Cet ancien journaliste a également été le porte-parole adjoint de Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007-2008, et dispose d’un solide réseau à Bruxelles, où il a accompagné durant trois ans (2001-2004) Michel Barnier lors de son passage à la Commission européenne (1999-2004) ».
Le média français ajoute : « M. Hénin a-t-il finalement bénéficié d’un traitement de faveur pour obtenir le contrat des consultations citoyennes européennes au terme d’un simulacre d’appel d’offres ? Trois semaines après le message de Marie-Claude B., sa société, The Progressive Company, remportait en tout cas ce marché de 102 000 euros. »
Pour lire l’article (payant) dans sa version originale, cliquez ici : Le Monde