Dans un discours prononcé ce 10 janvier à Bruxelles en marge d’une Conférence de presse conjointe tenue avec Jens Stoltenberg, Secrétaire-général de l’OTAN, Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission Européenne, a décliné la nouvelle politique européenne face aux menaces venues de l’étranger et n’hésite pas à pointer du doigt la Russie et la Chine qu’elle considère comme l’un des plus grands dangers du siècle.
La présidente de la Commission Européenne assume totalement la politique d’armement de l’Ukraine. Une décision qui ne devrait pas plaire à certains en Occident qui estiment que la guerre a assez duré et qu’il est temps d’y mettre fin
Ci-dessous le discours intégral de Von Der Leyen
Excellente lecture
« Cher Jens, cher Charles,
Je n’oublierai jamais le 24 février de l’année dernière, lorsque nous nous sommes réunis ici tous les trois, le jour où la Russie a lancé son invasion brutale de l’Ukraine. C’était un signal très fort d’unité et de détermination. Et c’est dans la même unité et avec la même détermination que nous sommes ici encore aujourd’hui pour la déclaration commune. Les yeux du monde étaient fixés sur le front de l’Est en l’Ukraine l’année dernière, lorsque la Russie a déclenché la guerre. Mais ils étaient également posés sur nous, à Bruxelles, scrutant notre préparation et nos réactions. Et ce jour-là, le monde a vu combien nous étions fortement unis. Nous le sommes encore aujourd’hui: ensemble pour soutenir le peuple ukrainien, mais aussi ensemble contre la guerre impériale menée par la Russie. Depuis lors, notre unité et notre détermination n’ont fait que se renforcer.
Bien sûr, nous étions déjà des partenaires très proches avant la guerre brutale déclenchée par la Russie, et nous avons testé et coordonné nos réponses aux crises à travers de nombreux exercices communs. Nous avons renforcé notre coopération contre les cyberattaques, en faveur d’une meilleure mobilité militaire et pour lutter contre la désinformation, ou encore pour réagir aux attaques hybrides organisées par le régime de Loukachenko contre la Lettonie, la Pologne et la Lituanie. Je me souviens très bien d’un voyage commun dans la région avec vous, Jens. Compte tenu de la période que nous vivons, nous savons que nous devons renforcer et approfondir ce partenariat vieux de plus de 20 ans. Parce que la sécurité de l’Europe est remise en question et qu’elle est menacée. Cela se reflète également dans le souhait manifesté par la Suède et la Finlande d’adhérer à l’OTAN. Nous attendons avec impatience que ces deux pays deviennent bientôt membres de l’OTAN. Cela se reflète encore dans la suppression de la clause de non-participation danoise relative à la défense européenne. Tous ces éléments montrent que nous sommes conscients des défis, mais aussi que nous sommes en mesure de les relever.
Les menaces et les défis russes sont les plus immédiats, mais ce ne sont pas les seuls. Nous constatons également que la Chine tente de plus en plus de remodeler l’ordre international à son avantage. Nous devons donc renforcer notre propre résilience. Avec cette nouvelle déclaration commune, nous faisons passer notre partenariat à un niveau supérieur: nous approfondirons notre excellente coopération et nous l’étendrons à de nouveaux domaines. J’aimerais en examiner quatre très brièvement.
Premièrement, nous intensifierons encore nos travaux en matière de lutte contre les menaces hybrides et les cybermenaces, ainsi que contre le terrorisme. Nous pouvons déjà nous appuyer sur une coopération étroite, mais nous voulons l’élargir et l’approfondir.
Deuxièmement, nous intensifierons notre coopération en matière de technologies émergentes et de technologies de rupture, ainsi que dans le domaine spatial. Nous faisons déjà beaucoup ensemble, mais nous pouvons encore faire beaucoup plus.
Troisièmement, nous aborderons les conséquences imminentes de la crise climatique sur la sécurité. Cela peut sembler moins évident, mais nous sommes pleinement conscients qu’en raison de la crise climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les sécheresses et les inondations, des déséquilibres se créent, avec toutes les conséquences de la pauvreté, des troubles et de l’instabilité dans des régions entières. Cette question retient donc toute notre attention commune.
Et quatrièmement, nous renforcerons bien sûr notre résilience. La résilience de nos sociétés contre les ingérences étrangères malveillantes qui visent à manipuler l’information. Et surtout, la résilience de nos infrastructures critiques face à tous les types d’attaques. Le sabotage du gazoduc Nord Stream a montré que nous devons assumer davantage de responsabilités pour la sécurité de notre infrastructure de réseau. Là aussi, nous sommes conscients que les différents pays concernés sont responsables de la sécurité de ces infrastructures. Et nous n’allons évidemment pas partager nos vulnérabilités. Mais en s’inspirant des meilleures pratiques et expériences, c’est un domaine dans lequel nous pouvons travailler plus étroitement ensemble et intensifier la coopération.
L’Union européenne continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir le courageux peuple ukrainien. Nous garderons la pression sur le Kremlin aussi longtemps qu’il le faudra, avec un régime de sanctions strict. Nous allons étendre ces sanctions à ceux qui soutiennent militairement la guerre de la Russie, comme la Biélorussie ou l’Iran. Et nous allons présenter de nouvelles sanctions contre la Biélorussie, en réaction au rôle qu’elle joue dans cette guerre russe en Ukraine. Nous poursuivrons aussi longtemps que nécessaire l’assistance humanitaire, économique et sécuritaire considérable que nous fournissons à l’Ukraine. Et bien sûr, il convient d’aborder le renforcement des capacités de défense européennes, tel qu’énoncé dans la boussole stratégique. Pour cela, nous savons tous qu’il s’agit maintenant d’accroître les capacités de production de notre industrie de la défense. Et nous devons en outre coordonner le réapprovisionnement en matériel militaire.
Sur tous ces sujets, j’ai hâte de travailler avec le Premier ministre Ulf Kristersson dans le cadre de la présidence suédoise du Conseil de l’Union européenne. Et bien sûr, nous discuterons de cela et de bien d’autres sujets demain avec vous, Jens, lorsque vous serez reçu par le Collège. »