Après la Croatie et la Hongrie, c’est désormais la Bulgarie qui s’oppose ouvertement à la stratégie américaine et européenne de livrer massivement des armes à l’Ukraine. En marge d’une conférence de presse tenue ce 02 février à Sofia, le président bulgare Rumen Radev appelle à une solution pacifique qui passera par le dialogue et la diplomatie
L’Occident est-il en train de se tirer une balle dans le pied? La question se pose au moment où au sein même de l’Union Européenne des pays font part de leur crainte de voir le conflit entre la Russie et l’Ukraine prendre des proportions suite à la nouvelle décision de l’UE et des Etats-Unis d’armer massivement ce pays.
Et parmi les Etats faisant part de leur immense préoccupation, figurent Hongrie et la Bulgarie. En effet, en marge d’une conférence de presse qui s’est tenue à Sofia ces dernières heures et relayée par l’agence de presse Tass, le président de la Bulgarie, Rumen Radev et son homologue hongrois, Katalin Novak, ont tiré la sonnette d’alarme.
Ainsi, prenant la parole, le président Radev n’a pas mâché ses mots. « Nous partageons les mêmes préoccupations concernant l’évolution de la situation en Ukraine. Ce conflit est en train de se transformer en un affrontement économique mondial qui menace désormais toute l’Europe », prévient-il.
Et d’ajouter : « elle (la guerre) est en train de se transformer en une guerre d’usure non seulement pour les parties concernées, mais aussi pour toute l’Europe, pour notre économie et notre système social ». Parlant de la livraison d’armes à Kiev, le président bulgare dénonce une décision qui pourrait jeter de l’huile sur le feu.
« Nous sommes convaincus qu’une solution à ce conflit ne peut pas être obtenue en augmentant les livraisons d’armes mais elle ne sera obtenue qu’à travers le dialogue et la diplomatie. Les tensions doivent être apaisées et les hostilités doivent cesser », déclare-t-il.
Prenant la parole, Katalin Novak, présidente de la Hongrie, abonde dans le même sens. Elle se plaint que le conflit dure depuis presque un an et regrette que rien ne soit fait pour y mettre fin. Ainsi, face à la presse, elle a appelé à l’apaisement des tensions. Il faut dire que la situation est d’autant plus compliquée pour l’Union Européenne que tout récemment, le président de la Croatie, Zoran Milanovic, s’est également durement attaqué à l’Europe et aux Etats-Unis, dénonçant leur stratégie d’armer massivement l’Ukraine.
C’est du moins l’information que Lecourrier-du-soir.com a obtenue, ce 30 janvier, de l’agence de presse américaine, The Associated Press. En effet, lors d’une nouvelle conférence de presse, le président croate n’a pas mâché ses mots concernant la livraison d’armes à l’Ukraine.
« Je suis contre l’envoi de toute arme là-bas (l’Ukraine, ndlr). Cela ne fait que prolonger la guerre », a-t-il martelé, avant de se poser une série de questions. « C’est quoi l’objectif? La désintégration de la Russie? Certains parlent même de découper la Russie en mille morceaux. C’est fou », tonne-t-il.
Apparemment, les propos de Zoran Milanovic ne laissent plus Kiev indifférent surtout après qu’il a récemment déclaré que la Crimée ne retournera jamais à l’Ukraine. Une déclaration qui, d’après l’agence de presse Reuters, été suscité l’immense colère des autorités ukrainiennes.
« Nous considérons inacceptables les déclarations du président de la Croatie qui remet en cause l’intégrité territoriale de l’Ukraine », s’est d’ailleurs plaint Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, avant de remercier le peuple ukrainien pour son soutien à l’Ukraine.
Pour rappel, le 15 janvier dernier, le président croate avait défrayé la chronique en livrant son opinion sur la guerre en Ukraine et ses propos ont eu un retentissement mondial, d’autant plus qu’ils sont aux antipodes de la position officielle de l’Union Européenne dont fait désormais partie son pays.
« Washington et l’OTAN mènent une guerre par procuration contre la Russie avec le soutien de l’Ukraine », avait-il clairement indiqué. Sur les sanctions infligées à la Russie de Poutine par l’Occident, sa position est sans ambages. « Le plan ne devrait pas être de faire tomber Vladimir Poutine. Le plan ne devrait pas être de sanctionner. Les sanctions sont absurdes et nous n’obtenons rien en y ayant recours », tranche-t-il.
Milanovic est-il en passe de devenir le futur Orban de l’Europe? La question a toute sa pertinence en raison de ses positions pas très « Ukraine-compatible » tenues depuis le début du déclenchement de l’opération militaire russe par Vladimir Poutine. D’ailleurs, tout récemment, son pays a catégoriquement refusé de rejoindre une mission militaire européenne destinée à soutenir l’Ukraine.