En marge de son voyage à Pékin qui n’a pas porté ses fruits, Emmanuel Macron semble revenir sur terre et prend une décision de taille qui risque de changer complètement la donne dans les relations entre l’Europe et les Etats-Unis. C’est en tout cas ce que vient de révéler le média Politico ce 09 avril.
En effet, d’après cette source, le président français a accordé, lors de sa visite en Chine, une interview à Politico mais aussi à deux journalistes français durant laquelle il a ouvertement réaffirmé sa stratégie d’une Europe autonome, affranchie de toute tutelle américaine afin de devenir une « troisième superpuissance ».
Dans l’interview accordée à la presse, ses propos sont clairs et nets. « Le paradoxe serait que, pris de panique, nous croyions que nous sommes tout simplement des suiveurs (marionnettes) des Etats-Unis. La question à laquelle les Européens ont besoin de répondre (…) : est-ce qu’il va de nos intérêts d’accélérer une crise à Taïwan? Non. La pire des choses serait de croire que nous, Européens, devons devenir des suiveurs sur ce sujet et copier l’agenda des Etats-Unis », explique-t-il.
Le chef de l’Etat français s’est également prononcé sur d’autres sujets cruciaux qui risquent de susciter l’immense courroux des Etats-Unis, considérés, depuis fort longtemps, comme le principal allié de l’Union Européenne, notamment dans un contexte géopolitique extrêmement mouvementé. Ainsi, à en croire Politico, le président français estime que l’Europe doit réduire sa dépendance de « l’extraterritoiralité du dollar américain ».
Sur ce sujet crucial, le plus jeune président de la Vème République tire la sonnette d’alarme. « Si les tensions entre les deux superpuissances s’aggravent (…), nous n’aurons ni le temps, ni les ressources pour financer notre autonomie stratégique et nous deviendrions des Etats vassaux », alerte-t-il.
Il faut dire que la position, tenue par Emmanuel Macron, intervient dans un contexte où sur le Vieux Continent, beaucoup estiment que l’Europe est devenue une marionette des Etats-Unis qui l’entraînent dans des guerres qui ne la concernent pas afin de mieux l’affaiblir économiquement.
C’est du moins l’avis de la Russie. En effet, le 30 octobre 2022, dans une interview relayée par le média russe Tass, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, défendait l’idée que Washington cherche à rendre l’économie européenne plus faible. « De plus en plus d’économistes, non pas seulement en Russie mais en Occident, sont arrivés à la conclusion que les Etats-Unis cherchent à épuiser et désindustrialiser l’économie européenne », disait-il.
Et d’ajouter : « les Allemands délocalisent une grande partie de leurs chaînes de production vers les Etats-Unis avec toutes les conséquences que cela implique pour l’Europe. Il est de l’intérêt de Washington d’affaiblir l’Europe sur le plan militaire, de l’obliger à rester sur le qui-vive, inonder l’Ukraine d’armes et remplir les stocks militaires européens d’armes américaines ».
Pour Lavrov, dans cette guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie, les Européens sont les plus grands perdants. « Les Européens souffrent beaucoup plus que les Etats-Unis des sanctions économiques », affirme-t-il. Les propos de Lavrov ont été prononcés moins de trois jours après la sortie de Viktor Orban premier ministre hongrois (pays membre de l’UE) qui a fait savoir tout récemment que dans cette guerre contre la Russie, l’Europe est tombée dans son propre piège.