On se croirait dans une série Netflix.
En France, la journée de ce 12 juin restera à jamais gravée dans les mémoires, tellement elle a été riche en émotions en raison de la crise très profonde qui secoue la droite française au lendemain de la victoire sans surprise du Rassemblement National aux élections européennes.
Alors qu’on les croyait unis, les nationalistes français sont, en fait, plus divisés qu’on ne pouvait l’imaginer, ce qui a exaspéré de millions d’électeurs qui se sont pourtant fortement mobilisés lors de ce scrutin qui intervient dans un contexte politico-social assez tendu marqué par une inflation qui plombe les ménages mais aussi et surtout par une insécurité palpable dans tous les coins et recoins de la France.
Pourtant, c’est dans ce contexte si particulier (où cette droite avait besoin de se serrer les coudes) que les divergences et les égos ont brusquement surgi, prenant ainsi de court tout le pays. Et pire, 48 heures après la victoire du RN, on a eu droit à un scénario surréaliste auquel personne ne s’attendait vraiment.
On vous explique tout. Chez les Républicains, une guerre intestine mine le parti qui vient d’exclure Eric Ciotti, son (ex) chef de file dont le seul tort a été de proposer une union avec le Rassemblement National pour contrer l’alliance des partis de gauche qui vont aux législatives sous la bannière du Front Populaire.
Pour ce qui concerne Les Républicains, il faut dire que la suggestion formulée par Ciotti est loin de faire l’unanimité. Si une minorité des électeurs de cette formation politique ne s’oppose pas à une union avec le RN, ce n’est guère l’avis des poids lourds du parti pour qui toute alliance avec l’extrême-droite est mortelle pour la survie de la République et de ses valeurs.
Mais, la grosse surprise qui a secoué la France, ce 12 juin, a été l’expulsion de Marion Maréchal Le Pen du parti Reconquête dont le chef de file n’est autre qu’Eric Zemmour, personnage très controversé qui doit sa renommée à l’hypermédiatisation dont il bénéficie, depuis plus de cinq ans, de la part de puissants médias de Droite qui l’ont créé de toute pièce.
Le cas de Reconquête est assez intéressant pour plusieurs raisons. En effet, ce parti, qui a été fabriqué pour éliminer le RN jugé trop mou sur certains sujets, s’est tiré une balle dans le pied et est probablement en train de vivre ses derniers jours. Et la raison de cette mort est toute simple.
Le manque d’expérience politique de Zemmour (qui est plus un chroniqueur qu’un homme de terrain), le culte de la personnalité du Z qui décide de tout, la violence des propos tenus par ses membres sur des sujets extrêmement sensibles et la récupération politique, devenue leur véritable marque de fabrique ces dernières années, ont fini par lasser non pas seulement une partie de son électorat, mais les médias de masse qui ont préféré précipiter sa mort au profit du RN, devenu plus expérimenté, plus modéré et surtout plus fréquentable.
Pourtant, 24 heures avant la crise, personne n’aurait imaginé que Reconquête allait s’effondrer comme un château de cartes après les résultats des élections européennes qui lui ont permis d’entrer, pour la première fois, au Parlement européen avec plus de 5% des voix. La nouvelle fut bonne. Chez ses électeurs, ce fut la fiesta. Mais, ce qu’on ignorait, à ce moment même, c’est qu’en coulisse, une véritable guerre des clans opposait Zemmour à Marion Maréchal. Et la suite, on la connaît!
Les choses sont donc claires : à Droite, si le RN tente de tenir le coup en évitant de taire, autant que faire se peut, les dissensions, chez les LR et Reconquête, ça sent le roussi à quelques jours des élections législatives cruciales dont le résultat pourrait complètement changer le visage de la France qui vit une crise politico-sociale sans précédent.
Ceci dit, une petite remarque s’impose : si l’on ne doute pas que le parti LR pourrait retomber sur ses pattes en raison de l’expérience politique de ses ténors mais aussi et surtout de son esprit de modération qui le rend fréquentable et républicain, force est de constater qu’à Reconquête, c’est la fin d’une idylle qui ne doit sa réussite qu’aux puissants médias qui ont ouvertement fait campagne pour Zemmour lors de la dernière présidentielle avant de le flinguer lorsqu’ils se sont rendu compte qu’il ne faisait leur affaire.
D’ailleurs, il ne nous a pas échappé que durant la campagne pour les Européennes, les médias ont très peu sollicité Zemmour sur les plateaux de télé et quand il s’agissait de parler de son parti, ils ne se focalisaient que sur les supposées relations conflictuelles entre lui et Marion Maréchal.
On assite là aux prodromes annonçant la mort inéluctable de Reconquête, devenue une formation politique centrée sur un seul homme qui semble ne vouloir laisser aucune chance à la diversité d’opinions. Très affaiblie par le départ de Marion-Maréchal (que Zemmour considère comme de la trahison), Reconquête, dont les têtes pensantes ont déjà plié bagages, ne pourra plus tenir sans le soutien des médias. Hélas, ces mêmes médias qui ne croient plus à son projet vont l’achever avant 2027.