L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, a prononcé ce lundi 20 mars un discret dans lequel il a sévèrement critiqué les médias. Ce discours a été prononcé en marge de la cérémonie de remise de la légion d’honneur à l’avocat Jean-Yves Le Borgne
A un mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy sort de son silence. D’après l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, l’ex président français s’est durement attaqué « au pouvoir médiatique » lors d’un discours à huis clos prononcé au Palais de Justice devant 300 ténors du barreau de Paris.
S’adressant à son audience, Nicolas Sarkozy dira : « qui arrêtera l’ingérence du pouvoir médiatique dans le fonctionnement de l’autorité judiciaire ? Qui arrêtera l’instrumentalisation des procédures par le pouvoir médiatique ? Qui aura suffisamment de courage pour écrire le ‘J’accuse’ qui manque à notre siècle ? », se demande l’ex président français.
« Qui aura le courage de dire qu’il existe des peines automatiques ? »
Il continue : « qui aura le courage de dénoncer la peine médiatique qui s’abat sur celui qui, parfois, n’a même pas été entendu par la justice elle-même ? Qui aura le courage de dire qu’il existe des peines automatiques et qui ne sont pourtant inscrites dans aucun article du Code Pénal mais qui s’appliquent à tous les justiciables ayant le malheur d’avoir quelque notoriété ? ».
L’ancien président n’a pas été tendre non plus envers les juges en charge de l’affaire Penelopegate, une affaire dans laquelle François Fillon est condamnée. Sur cela, il dira : « ce n’est pas parce que la robe de l’avocat est noire quand celle du magistrat se teinte de rouge que ces deux robes n’ont pas droit au même respect, à la même déférence et aux mêmes immunités dans le sens le plus ancien et le plus noble de ce terme ».
Dans son discours, Nicolas Sarkozy est aussi revenu sur la violation du secret de l’instruction. «Comment justifier que dans notre pays le secret des sources du journaliste soit devenu, par la loi, non plus un simple précepte déontologique mais un principe de droit alors que dans le même temps le secret professionnel des avocats peut faire, à tout moment, l’objet de perquisition voire d’un interrogatoire dans le cadre d’une garde à vue ? ».
« La justice doit, bien sûr, chercher la vérité »
Il poursuit : « (…) la justice doit, bien sûr, chercher la vérité et pour cela elle dispose de moyen d’investigation nombreux et puissants mais elle ne peut ni inventer des intentions en renversant la charge de la preuve, ni arracher par la force et l’intimidation ce qu’elle doit obtenir par l’instruction, la déduction et la confrontation des points de vue ».
Le discours de Nicolas Sarkozy est prononcé dans un contexte politique particulier marqué par le scandale qui fragilise François Fillon, chef de file des LR, mouvement politique auquel adhère Sarkozy. A un mois de la présidentielle, la droite dénonce des manœuvres politiques pour tuer le candidat Fillon, un candidat qui, malgré les ennuis judiciaires, refuse catégoriquement de céder à la pression.