Henri Guaino a été ce lundi 3 avril l’invité d’Europe 1. Le député des Yvelines et proche de Nicolas Sarkozy a commenté les enjeux de la campagne électorale française à seulement 20 jours de la présidentielle
Interrogé par Europe 1 ce lundi 3 avril, Henri Guaino, député Républicain des Yvelines et proche de Sarkozy, a fait savoir qu’il ne « roule » pour aucun candidat. Dans son interview, il confirme qu’il ne votera pas Fillon. Henri Guaino est aussi longuement revenu sur ses liens avec le Front National qui avait établi une liste de dix-neuf personnes à soutenir dont lui. Il rejette tout rapprochement entre l’extrême droite.
Sur la question de savoir ce qui le gêne dans le programme de Marine Le Pen, il rétorque : « je ne suis pas venu commenter le programme le Marine Le Pen, mais il y a au Front National une tradition, une histoire, une culture par rapport à la politique et à la personne qui n’est pas le mien ». Le journaliste contrattaque : « la sortie de l’euro ? ».
« Au second tour, je ne voterai ni Mme Le Pen, ni pour M. Fillon, ni pour M. Macron »
Et Henri Guaino de répondre : « au Front National, avant on parlait de tout, maintenant on ne parle que de la sortie de l’euro. Moi, j’ai déjà donné mon sentiment sur ce sujet. D’abord, c’est un débat qui est parfaitement légitime. (…) Peut-être que l’euro explosera… parce qu’il est construit n’importe comment en dépit de tous les principes, toutes les lois de l’économie, mais prendre la responsabilité morale de faire exploser le système international est un risque que je ne veux pas prendre ».
Sur ses intentions de vote, Henri Guaino maintient le flou. Il dit ne pas avoir de candidat de droite pour qui voter. « J’irai voter au premier tour, je choisirai parmi les candidats qui sont présents. Au second tour, je ne voterai ni Mme Le Pen, ni pour M. Fillon, ni pour M. Macron. J’irai à la pêche ».
« Si François Fillon est élu, il ne pourra pas gouverner »
Il poursuit : « pour la première fois de ma vie, je m’abstiendrai, pour la première fois de ma vie, j’aurais fait tout ce que je pouvais pour éviter que nous nous en arrivions là et bien puisque nous en sommes là, je n’irai pas voter, je ne veux pas voter. Je ne veux pas être complice de ce qui va se passer ».
Sur Fillon et Le Pen, Guaino ne mâche pas ses mots. « Si François Fillon est élu, il ne pourra pas gouverner, il n’aura ni la légitimité, ni l’autorité pour le faire. Il ne suffit pas, même dans une démocratie, d’avoir une moitié des voix plus une pour avoir la légitimité et l’autorité d’un président de la République. Quant à Mme Le Pen, son parti s’appelle le Front National, elle s’appelle Mme Le Pen, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse, quel que soit son programme, de toute façon le risque de voir deux Frances s’affronter dès le début de ce mandat est extrêmement grand ».
« Je ne participerai pas à cette farce dramatique, une tragi-comédie »
A la question du journaliste de savoir s’il y aura un Front Républicain de sa part pour faire barrage à l’extrême droite, Henri Guaino rétorque : « je ne sais pas ce que c’est que le Front Républicain. Le meilleur barrage à faire si c’est l’extrême droite et si c’est si aussi dangereux que ça, c’est de l’interdire. Si vous ne voulez pas interdire le Front National, il est dans le jeu pour les Républicains, et vous acceptez le résultat des urnes ».
Guaino n’a pas oublié d’évoquer Macron dans son interview. « Quant à M. Macron, il est probable qu’il n’aura pas de majorité ou il ne sera pas soutenu par des coalitions stables. En tout cas, il n’a pas à mes yeux, la densité d’un président de la République. Donc, je ne participerai pas à cette farce dramatique, une tragi-comédie ».
« Cette élection présidentielle est un ratage complet »
Interrogé par le journaliste qui lui demande s’il accepterait de recevoir Emmanuel Macron comme l’a fait Christian Estrosi, Henri Guaino rétorque. « Écoutez, je ne sais pas. Pourquoi pas ! Ce que j’ai vu m’a effrayé à Toulon, je pense qu’on file vraiment d’un mauvais coton dans cette campagne électorale. Qu’est-ce donc ces sales, ces gens à vociférer, siffler leurs propres amis ? L’enthousiasme militant, c’est très bien. Mais, l’hystérie me révulse ».
Guaino dit avoir regretté l’absence de Sarkozy. « Quand on voit le tableau, le casting d’aujourd’hui comme on dit dans le jargon actuel, il était sans doute le plus acceptable de tous les candidats. Regardez le tableau, regardez le tableau, c’est tragique. (…) Cette élection présidentielle est un ratage complet, c’est l’élection la plus ridicule, la plus grotesque qu’on ait jamais vu depuis le début de la 5ème République et ça va avoir des conséquences qui sont très graves ».
Henri Guaino refuse néanmoins d’admettre que la 5ème politique est à bout de souffle. Pour lui, c’est plutôt la classe politique et la classe médiatique qui sont à bout de souffle.