Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, est largement revenu sur la polémique provoquée par ses propos tenus il y a quelques jours sur la mort de Rémi Fraisse, militant écologique tué en 2014. Jean-Luc Mélenchon avait attribué la responsabilité de la mort de Rémi Fraisse à Cazeneuve. Ce dernier a décidé de porter plainte si le chef de file de la France insoumise ne présente pas ses excuses
En marge de sa conférence de presse de ce Mardi 30 mai 2017 à Paris, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, est revenu sur de nombreux sujets à seulement moins d’un mois des législatives. Le candidat de la France insoumise a également abordé le bras de fer qui l’oppose à Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre, qui menace de le poursuivre en justice pour diffamation.
Les faits remontent en effet il y a quelques jours lorsque dans un meeting Jean-Luc Mélenchon avait déclaré en faisant allusion à Bernard Cazeneuve : « qui est-ce qui a tué Rémi Fraisse sauf erreur ? Ce n’est pas moi, non ? Pourtant, c’est à moi que cet homme ose venir dire, ce génie, que je n’ai pas pu prendre mes distances avec le Front National ? »
Les propos de Jean-Luc Mélenchon avaient immédiatement suscité la polémique au sein de la classe politique. Et Bernard Cazeneuve avait menacé de poursuivre le chef de file de la France insoumise en justice s’il ne retirait pas ses propos. Ce mardi, en conférence de presse, Jean-Luc Mélenchon a été clair et précis.
« J’attache de l’intérêt à l’affaire de Rémi Fraisse, mais pas à M. Cazeneuve »
S’adressant à son audience, il dira : « si vous voulez, on évoquera cette question de Monsieur Cazeneuve parce qu’elle a intéressé, mais je veux vous dire que personnellement je n’y attache aucun intérêt. J’attache de l’intérêt à l’affaire de Rémi Fraisse, mais à pas Monsieur Cazeneuve ».
Face à son audience, Mélenchon tente de remettre les choses dans leur contexte. « Et je voudrais le rappeler, je n’ai évoqué cet épisode de la responsabilité administrative d’un ministre qui est le chef de son administration, donc responsable des actes des fonctionnaires qu’il met en mouvement que parce que lui-même m’avait dit que j’avais refusé de me prononcer contre l’extrême-droite ».
« Ce que tous veulent c’est que nous fassions allégeance à Macron »
Il ajoute : « (…) Le point de départ est qu’il avait dit que je ne m’étais pas exprimé contre le Front National, laissant entendre qu’en quelque sorte il y aurait une certaine ambigüité de notre comportement. Il considère que la consigne ‘pas une voix pour Madame Le Pen’ n’est pas une consigne assez claire. En effet, ce que tous veulent c’est que nous fassions allégeance, comme lui-même l’a fait M. Cazeneuve, à Monsieur Macron. Et voilà ce que nous ne voulons pas faire et que nous ferons jamais ».
Sur ses propos concernant la mort de Rémi Fraisse, Mélenchon s’explique. « Alors, en effet, dans un discours de trois quarts d’heure, pendant une seconde et quart, j’ai évoqué l’homicide qui a conduit à la mort de Monsieur Rémi Fraisse. Je tiens à rappeler que M. Rémi Fraisse n’est pas mort dans un accident de voiture et qu’il n’est pas tombé d’un train. Il a reçu une grenade offensive et l’utilisation de ce matériel est un problème qui, à l’époque, a été soulevé par de très nombreux observateurs ».
« Je plaide donc ma bonne foi »
Mélenchon dit avoir regretté que Bernard Cazeneuve n’ait pas présenté sa démission à la suite de la mort de Rémi Fraisse. « J’avais dit à l’époque que je souhaitais la démission de M. Cazeneuve. Je rappelle que je n’ai pas été le seul à le dire. Je n’ai pas été le seul à utiliser des mots comme je les ai utilisés dans ce discours. Je plaide donc ma bonne foi. Je répondais donc à quelqu’un qui m’interpelait en disant que j’aurais manqué à la République et en lui ripostant que c’est lui qui a manqué à la République ».
Mélenchon poursuit : « Je veux dire ceci : si Monsieur Cazeneuve estime qu’il est juste de me faire un procès en diffamation, et bien je l’invite à le faire. De cette façon, nous allons devoir, devant un prétoire enfin, prendre tous les éléments, tous les pièces du dossier des conditions dans lesquelles Rémi Fraisse est mort. Et nous demanderons les témoignages des journalistes qui ont fait des enquêtes sur le sujet… ».
« Je n’ai pas provoqué cette polémique, je n’ai pas voulu de cette polémique »
Jean-Luc Mélenchon invite l’ex premier ministre à la retenue. « J’invite Monsieur Cazeneuve à la retenue et à ne pas utiliser un extrait de discours pour se donner un rôle et une importance que le parti socialiste ne peut plus avoir en face de la France insoumise », souligne-t-il.
Sur la question d’un journaliste de savoir s’il a créé la polémique avec Bernard Cazeneuve, Mélenchon rétorque : « (…) Je n’ai pas provoqué cette polémique, je n’ai pas voulu de cette polémique, ce n’est pas mon sujet. C’est Monsieur Cazeneuve qui l’a lancée en se saisissant d’une phrase dont il estimait qu’elle était de nature à provoquer un intérêt pour lui et qui maintenant est en train de découvrir que remettre sur la scène cette histoire de la mort de Rémi Fraisse n’était pas spécialement une recommandation pour le parti socialiste. Voilà. C’est tout ».
« Si M. Cazeneuve souhaite une amnistie, il faut d’abord qu’il y ait un procès »
Sur la question de savoir s’il assume toujours que la mort de Rémi Fraisse fut un assassinat, Mélenchon rétorque : « là, en ce moment, je parle d’homicide. Voilà. Et j’estime que c’est assez dit pour aujourd’hui sur le sujet. (…) Je n’accuse pas M. Cazeneuve d’être lui-même venu assister quelqu’un. Enfin, de grâce quoi ! Vous ne savez pas qu’il y a un meeting ? », s’emporte-t-il.
Sur la question de savoir s’il est prêt à présenter ses excuses à Bernard Cazeneuve comme l’a demandé celui-ci sur France Inter ce mardi, Jean-Luc Mélenchon ne recule devant rien : « (…) si Monsieur Cazeneuve souhaite une amnistie, pour cela il faut d’abord qu’il y ait un procès. S’il y a un procès en diffamation, et bien j’irai au procès en diffamation. Je plaiderai la bonne foi et j’expliquerai le sens des mots que j’ai utilisés et ceux que qu’il vaut mieux utiliser. (…) Moi, je ne me sauve pas quand il y a des procès ».
Pour suivre l’intégralité de la conférence de presse, cliquez ici : France insoumise