Bernard Cazeneuve, dernier premier ministre de François Hollande, s’est exprimé sur le début d’Emmanuel Macron en tant que Président de la France. L’ex premier ministre regrette qu’En Marche ! ait mis des candidats face à des candidats de gauche pour les législatives dans certaines circonscriptions
Dans une interview exclusive accordée au Parisien et mise en ligne ce dimanche 4 juin, Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre de François Hollande, s’est exprimé sur de nombreux sujets. L’ex premier ministre qui a récemment menacé de poursuivre Mélenchon en justice s’est prononcé sur les débuts d’Emmanuel Macron, président de la France.
Sur la question de savoir ce qu’il pense des premiers pas du nouveau président français, Bernard Cazeneuve dira : « pourquoi voulez-vous que je porte un regard négatif sur ses premiers pas comme président ? Le nouveau Parlement n’est pas encore élu. Aucune mesure réglementaire n’a encore été prise, à l’exception de celles concernant les rythmes scolaires qui semblent susciter quelques réactions au sein des collectivités locales ».
« Pour l’heure, nous assistons à une juxtaposition d’images sympathiques »
L’ex premier ministre ajoute : « on ne sait pas non plus ce que le gouvernement va proposer sur des sujets fondamentaux comme la réforme du Code du Travail…Pour l’heure, nous assistons à une juxtaposition d’images sympathiques, qui contribuent à créer un climat d’optimisme auquel le pays aspire, mais qui ne doit pas le priver de lucidité ».
Sur la différence entre un député d’En Marche ! et celui du PS, Bernard Cazeneuve ne mâche pas ses mots. « Je regarde la liste des candidats d’En marche ! Certains sont des recalés-recyclés d’anciens partis politiques, qui ont trouvé l’occasion d’un bain de jouvence en prenant l’étiquette du nouveau parti. D’autres candidats ne disposent, eux, que de peu d’expérience », déplore-t-il.
Et d’ajouter : « pour ma part, je suis soucieux de voir le Président réussir et je pense qu’il aura besoin de parlementaires qui représentent la gauche du gouvernement qui ont des convictions solides, le sens de la loyauté et l’expérience nécessaire pour faire face aux tempêtes. Ce que je veux dire aux électeurs de gauche, c’est qu’en votant pour les candidats socialistes, ils n’empêchent pas Emmanuel Macron de réussir, au contraire, ils l’aident en lui évitant un tête-à-tête dangereux avec la seule droite ».
« La véritable modernité, c’est la coalition dans le respect de chacun »
Sur une éventuelle majorité de Macron aux législatives, Bernard Cazeneuve estime qu’il vaut mieux une « majorité solide sur la base de coalition où chacun apporte une contribution utile ». « Je pense que la véritable modernité, c’est la coalition dans le respect de chacun, à l’instar de ce qu’ont réussi à faire les Allemands, au grand bénéfice de leur pays », déclare-t-il.
L’ex premier ministre de François Hollande dit ne pas comprendre que des candidats En Marche ! soient mis face à des espoirs socialistes. « (…) S’acharner à battre Seybah Dagoma (5ème circonscription) ou Najat Vallaud-Belkacem (6ème du Rhone), c’est assez paradoxal par rapport à l’ambition de modernité ! », regrette-t-il. Pour Cazeneuve, la priorité doit plutôt être mise dans la lutte contre le FN ou la vieille droite.
« C’est la gauche au pouvoir ! »
L’économie a également été abordée lors de cette interview. Sur la question de savoir ce qu’il pense de la hausse de la CSG, il répond : « l’idée de donner du pouvoir d’achat aux Français est bienvenue. Nous avons pour cela créé la prime d’activité et diminué l’impôt sur le revenu de 4 milliards d’euros en 2016 et 2017 ». Il trouve que ce serait une « injustice sociale » d’augmenter le pouvoir des salariés les plus riches par la baisse des cotisations.
Dans l’interview, Bernard Cazeneuve se réjouit que 90% de ce qui doit être présenté dans la loi de moralisation de vie politique ait été fait par le gouvernement de François Hollande. « Le parquet financier, c’est qui ? La Haute Autorité pour la moralisation de la vie politique avec l’obligation de déclaration du patrimoine des parlementaires et des ministres, c’est qui ? L’agence anticorruption, c’est qui ? La limitation du cumul des mandats, c’est qui ? (…) », se demande-t-il. « C’est la gauche au pouvoir ! », lance-t-il.
Pour lire l’interview exclusive, cliquez ici : Le Parisien