Invité sur le plateau de CNews ce lundi 12 juin 2017 au lendemain du premier tour des législatives qui a créé une grande déception chez les militants du PS, Julien Dray, proche de François Hollande, estime que les législatives ont été « un carnage douloureux » pour son parti (PS). Il a appelé à une réciprocité avec la France insoumise mais refuse catégoriquement de voter pour Macron.
Réagissant à la défaite du PS, il dira : « oui, c’est un carnage douloureux. Nous avons subi une défaite électorale à la présidentielle qui était très lourde. C’est évident que ce n’est pas en un mois qu’on efface tout ce qui s’est passé au long de l’année, un président de la république qui ne s’est pas représenté, une division… Donc, on fait des mauvaises élections législatives et beaucoup de candidats et candidates le payent ».
Il poursuit : « et d’ailleurs souvent, c’est assez injuste parce que c’était des militants engagés, des bons députés. Mais, c’est la vie politique ». A la remarque de Jean-Pierre Elkabbach sur les frondeurs, il lance : « on ne va pas faire un inventaire des personnalités. Mais, la démonstration est faite dans cette élection législative qu’il n’y a pas certains qui peuvent s’en sortir au détriment des autres. Et ceux qui pensaient que les électrices et les électeurs de gauche allaient faire le tri entre les bons socialistes et les mauvais socialistes se rendent compte que ça ne marche pas ».
« Les divisions des socialistes ont lassé les électeurs de gauche »
Parlant des candidats PS qui n’ont pas eu d’opposant aux législatives, il dira : « ce n’est pas la peine de mettre du vinaigre sur les plaies, la question aujourd’hui ce n’est pas s’il y a des protégés ou pas des protégés, la question est aujourd’hui de retravailler collectivement avec des règles parce que ce que nous avons beaucoup payé (…), c’est que beaucoup de gens nous disent : ‘on ne comprend plus rien, il faut arrêter de vous disputer, l’histoire des frondeurs, ça nous a agacés au plus haut point’. C’est donc la démonstration qu’il va falloir trouver des règles ».
Le journaliste lance : « la faute, c’est les frondeurs ?, c’est François Hollande ?, c’est Martine Aubry ? C’est qui ? ». Julien Dray enchaîne : « je ne fais pas de procès, je n’essaie pas de dire que c’est plus les uns que les autres ». Il estime que les responsabilités sont partagées, tout en insistant sur le fait que « les divisions des socialistes ont lassé les électeurs de gauche ».
« En 2012, Jean-Luc Mélenchon était déjà là. Donc, ce n’est pas si neuf que cela »
Sur CNews, Julien Dray a aussi taclé la France insoumise. « Si vous me permettez, je voudrais faire une remarque parce qu’hier sur les plateaux (…), j’ai vu un certain nombre de représentants de la France insoumise arriver comme si de rien n’était passé, nous dire : ‘c’était formidable, on va avoir des élus, on est un nouveau mouvement’. Ce n’est pas un nouveau mouvement. En 2012, Jean-Luc Mélenchon était déjà là. Donc, ce n’est pas si neuf que cela ».
Julien Dray estime que la gauche en général a subi une énorme défaite. « Si toute la gauche était rassemblée, nous ne serions pas dans cette situation. On peut sauver tel ou tel individu, mais la gauche en général, se trouve visiblement très affaiblie », regrette-t-il. Julien Dray dit n’avoir rien contre le fait que des militants socialistes votent pour des candidats de la France insoumise. Toutefois, il appelle à ce qu’il y ait une réciprocité.
« « Emmanuel Macron, c’est une pépite »
Sur la question de savoir si la crise du PS va durer, il dira : « vous savez dans la vie politique actuelle, j’ai appris quelque chose, c’est que ça va beaucoup plus vite qu’on ne le croit. Je me souviens de la phrase de François Mitterrand, on avait perdu en 1993 et il nous disait : ‘vous verrez, vous allez revenir plus vite que prévu’. (…) Là, nous sommes dans un moment particulier. N’oublions pas ce qui s’est passé dans cette élection. Il n’y a pas eu un entrain extraordinaire, il y a eu une envie que ça marche et donc on n’a pas voulu gêner Emmanuel Macron (…) Il n’y a pas d’appétit pour le vote socialiste et il faut recréer cet appétit ».
Pour Julien Dray, Emmanuel Macron n’est rien d’autre qu’une pépite. « Emmanuel Macron, c’est peut-être une découverte pour le pays. Ce n’est pas une pour moi parce que dès le début, j’avais dit au président de la République, aux présentateurs : ‘c’est une pépite’. J’avais quand même bien anticipé les choses ». Le proche de François Hollande dit regretter ne pas attirer l’attention de la famille sur ce fait.
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