Le débat de l’entre-deux tours est un événement attendu des médias locaux et des électeurs. Décisif, il est pourtant refusé par un grand nombre de représentants LREM. Une stratégie sage pour les candidats ayant fait pâle figure lors du débat du premier tour et dont les performances se sont retrouvées moquées sur Internet. Mécontents, leurs adversaires politiques dénoncent un déni de démocratie.
«C’est la République en fuite»
«Alors, est-ce qu’on se fait un débat contradictoire ?», tente Danielle Simonnet, candidate FI de la 6èmecirconscription de Paris. «Non, malheureusement, j’ai décliné » lui répond le candidat LREM Pierre Person, précisant que «l’offre est claire, les citoyens connaissent mon programme, ils connaissent celui d’Emmanuel Macron, ils connaissent mes priorités pour la circonscription». La discussion reste cordiale, mais laisse deviner la déception de la candidate, faisant comprendre à son adversaire qu’il préfère « la vague médiatique sur l’étiquette et ne pas assumer la confrontation ».
La situation se répète dans la 4ème circonscription de Touraine. Le candidat LR, Hervé Novelli, se heurte lui aussi à un refus catégorique de la part de son opposante Fabienne Colboc et qualifie la stratégie LREM comme « une sorte d’abaissement et d’affaissement démocratique ». De son côté, Fabienne Colboc qui caracole avec plus de 16 points d’avance a déclaré « Ma force c’est le terrain, c’est pourquoi j’ai refusé l’autre débat sur France Bleu Touraine. J’ai vu ce qu’on attendait de moi et ce que les journalistes me posaient comme questions, je saurai le refaire mais je n’ai pas envie d’avoir le couteau sous la gorge en me disant il faut absolument faire un débat ». Une explication qui prête à sourire alors que la prestation peu convaincante de la candidate lors d’un précédent débat fait actuellement grand bruit sur les réseaux sociaux, pointant une supposée inexpérience de l’ensemble des candidats LREM.
Dans la 11ème circonscription de Seine-Et-Marne, Amandine Rubinelli a elle aussi refusé de débattre face à son adversaire Olivier Faure, investi par le Parti Socialiste. « Les électeurs auront à se prononcer entre élire un député qui soutiendra l’action du président ou un opposant. Un débat n’y changera rien » déclare-t-elle. De son côté, Olivier Faure s’indigne « Quelle conception de la démocratie et quel mépris pour les électeurs ! Le débat parlementaire ne se limite pas à dire oui ou non au président. Comment prétendre à la fonction parlementaire quand on fuit déjà le débat comme candidate ? Madame Rubinelli veut être élue mais personne ne saura ce qu’elle pense, ni ce qu’elle veut. »
Dans le Rhône, la candidate Anissa Khedher a elle aussi décliné l’invitation d’un média local, tout comme les 13 autres candidats LREM sélectionnés dans le département. Son adversaire LR-UDI Alexandre Vincent et résume «C’est la République en fuite». En réponse, il diffuse sur sa page Facebook la vidéo du premier débat où la candidate LREM, très mal à l’aise, peine à s’exprimer et à imposer sa vision politique.
Une décision individuelle
Le président de la commission Jean-Pierre Delevoye dément «Aucune consigne» du parti n’a été donnée à ces candidats, c’est une «décision individuelle». D’après FranceInfo, les candidats contactés ont assuré que ce refus n’était pas imposé par le mouvement LREM. Sandrine Josso, candidate dans la septième circonscription de Loire Atlantique souligne «La seule consigne qu’a donnée En Marche !c’est de prendre du plaisir dans la campagne, d’être enthousiaste. Pour beaucoup, cela passe par une présence sur le terrain», Par ailleurs, quelques candidats dans le Puy-de-Dôme ainsi que les Côtes d’Armor ont accepté de se prêter à l’exercice.