Alors que les négociations avec les syndicats n’ont pas encore pris fin, les députés de la majorité ont donné leur feu vert au gouvernement Macron pour réformer la loi travail par ordonnances. La gauche s’indigne. Au JDD, le député socialiste Luc Carvounas dénonce « un passage en force »
Le gouvernement Macron obtient l’approbation des députés pour réformer le code du travail par ordonnances. Les députés ont en effet donné le feu vert au gouvernement d’Edouard Philippe ce jeudi 13 juillet. D’après La Croix, 270 députés ont voté pour contre 50 députés qui s’y sont opposés.
Parmi les députés ayant voté oui, figurent ceux de la majorité présidentielle, les Républicains et les Constructifs. Dans le camp du non, on retrouve la Nouvelle Gauche (ex PS), les Insoumis et les communistes. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, n’a pas caché sa satisfaction.
« C’est un moment important »
« C’est un moment important, le premier texte du quinquennat est sur le travail, c’est un symbole », s’est-elle réjouie. Dans la presse, l’on affirme que le texte va être transmis au Sénat pour être voté définitivement d’ici avant la fin de la session extraordinaire début août. Le contenu des ordonnances sera présenté fin août aux partenaires sociaux pour une ratification soumise à l’automne au Parlement.
L’annonce de l’approbation de la réforme par ordonnances a suscité une vive réaction de la gauche qui se dit indignée. Le député socialiste Luc Carvounas qui a dénoncé un passage en force permanent a accordé une interview exclusive au JDD expliquant comment les quatre jours de débat parlementaire se sont déroulés.
« Nous avons eu 30 heures de débat contradictoire et l’opposition que nous sommes a pu s’exprimer. Mais la méthode du gouvernement, ce passage en force, est particulière. On nous a demandé de débattre d’un texte alors que nous n’en connaissons toujours pas les aboutissants : les négociations avec les syndicats ne sont toujours pas terminées. Et le tout, dans l’urgence », a-t-il confié au JDD.
« Le gouvernement prend tout le monde à la gorge »
Et d’ajouter : « ils nous ont fait voter la loi à 21H15 un 13 juillet au soir, quand les élus sont censés être dans la circonscription pour les festivités de la fête nationale. Le gouvernement prend tout le monde à la gorge, il avance au pas de charge en détricotant de manière méticuleuse le Code du Travail ».
Luc Carvounas déplore le fait que le gouvernement d’Emmanuel Macron se soit précipité dans une nouvelle réforme plutôt que d’évaluer la loi Travail de Myriam El Khomri. « Avec les ordonnances, tout va être libéralisé pour que les patrons fassent ce qu’ils veulent. Ce qui n’est pas étonnant : la première mouture de la loi El Khomri, c’est Emmanuel Macron, aujourd’hui le président de la République, qui l’a écrite. Il met en application ce qu’il voulait faire depuis un petit moment », s’agace-t-il.
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