C’est officiel, le vote blanc ne sera pas pris en compte dans le décompte des résultats à la prochaine élection présidentielle. L’amendement a été rejeté par l’Assemblé Nationale dans la nuit de vendredi à samedi.
Le grand ensemble de l’opposition n’a rien pu faire face au raz de marée LREM.
Le projet semblait pourtant bien porté avec l’appui des députés Constructifs (députés LR se disant « Macron-compatibles » dont les idées se rapprochent de l’UDI), le MoDem, les Insoumis ainsi que les socialistes. Mais le grand ensemble de l’opposition n’a rien pu faire face au raz de marée LREM. L’amendement a été rejeté par 124 voix contre 54.
Le vote blanc consiste à déposer dans l’urne une enveloppe vide ou un bulletin sans nom de candidat. Depuis une loi de 2014 visant à reconnaître le vote blanc aux élections, les bulletins blancs sont décomptés séparément des votes nuls. Mais ils ne sont toujours pas pris en compte dans le nombre des suffrages exprimés.
L’amendement défendu entre autres par les centristes Philippe Vigier et Yves Jégo prévoyait qu’après décompte des suffrages exprimés, dans la mesure où les votes blancs atteignent la majorité relative ou absolue, un deuxième tour de vote ait lieu le deuxième dimanche suivant la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel.
La raison principale du rejet de LREM aurait été l’importance de la reconnaissance du vote blanc encore relativement nouvelle. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a expliqué qu’il était préférable d’attendre pour envisager une telle modification. Selon elle, la comptabilisation des votes blancs séparément des nuls est encore trop récente (depuis février 2014), si bien que les gens pourraient ne pas comprendre la portée de leur vote.
« Si on avait eu le vote blanc depuis un moment, sans doute n’aurions-nous pas eu un certain nombre de votes extrêmes »
Eric Coquerel, député de la France Insoumise a, tout comme l’ensemble des députés FI, milité pour la comptabilisation du vote blanc, que ce soit pour les présidentielles comme les législatives. Il a cependant reconnu que cela ne réglerait pas la question de la défiance des français envers les politiciens. Vu l’ampleur de la crise politique, « nous sommes comme sur un volcan et devons en faire un écho pour donner une issue positive », résume Jean-Luc Mélenchon.
Marc Fesneau, président du MoDem a déclaré que ce texte allait « dans le bon sens » tandis que Maurice Leroy, député UDI a estimé que « si on avait eu le vote blanc depuis un moment, sans doute n’aurions-nous pas eu un certain nombre de votes extrêmes ». Pierre-Henri Dumont, député LR, s’est déclaré « contre l’amendement » tout en y comprenant «l’intérêt». Il s’est dit «assez mal à l’aise qu’on parle d’un sujet aussi important à 2h30 du matin» qui «implique beaucoup d’autres choses derrière». A l’inverse de ses collaborateurs du MoDem, Jean-Louis Bourlanges a prévenu que si l’amendement était voté, cela exposerait la France à « une crise supplémentaire » tout en représentant « la définition classique de la névrose consistant à répéter les mêmes gestes en escomptant des résultats différents ».
Pour rappel, en comptabilisant l’abstention et les votes blancs et nuls, environ un Français sur trois a refusé de choisir au second tour de la présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, un record depuis 1969.