Violence néo-nazie à Charlottesville : en Europe, on peut encore se sentir fier !

C’est avec tristesse et consternation que j’ai vu ce samedi soir les horribles images en provenance de Charlottesville, ville américaine située dans l’Etat de Virginie et qui a abrité ce samedi l’un des plus importants rassemblements de groupes néo-nazis de ces dix dernières années. Le rassemblement ne s’est pas terminé sans violence. Trois personnes ont été tuées suite à des violentes altercations entre néonazis et militants antiracistes.

Au lendemain de cette tragédie, les réactions ont été légion. Aux Etats-Unis comme à l’international, beaucoup ont fustigé la violence gratuite émanant de groupes de suprématistes de la race branche qui, depuis l’arrivée de Trump à la tête des Etats-Unis, profèrent ouvertement des messages haineux et se croient tout permis.

En regardant les images de ce rassemblement honteux, on se croirait dans l’Amérique des années 50 ou 60 lorsque des hordes d’hommes blancs virils, lourdement armés, s’attaquaient aux personnes de couleur. Lorsque je constate qu’en 2017 la plaie raciale ne s’est toujours pas refermée aux Etats-Unis, je me dis que cette société est sérieusement malade.

Ce qu’il faut savoir est que Charlottesville a mis à nu ce samedi les limites de la liberté d’expression. Rappelons qu’aux Etats-Unis, des groupes racialistes blancs ou noirs peuvent manifester librement dans les rues, insulter et menacer des personnes de couleur au nom du 1er amendement des Etats-Unis qui garantit pleinement la liberté d’expression des citoyens américains.

Toutefois, il suffit que ces rassemblements dérapent pour que l’on se rende compte que la liberté d’expression a bien ses limites. Cette même situation est notée lorsque des jeunes Américains se procurent facilement d’armes et ouvrent le feu dans des espaces publics (écoles, universités, boites de nuit…) tuant parfois des dizaines d’innocents.

De telles tragédies suscitent un vif émoi pendant quelques heures, mais sont très vite jetées aux oubliettes au nom de la légalité du port d’armes, autorisé dans certains Etats du pays. Finalement, l’Amérique, la plus grande démocratie du monde, est une société faite de contradictions et qui a sérieusement besoin de se regarder dans un miroir et se dire que quelque chose ne va pas.

Dans une démocratie digne de ce nom, ce qui s’est produit à Charlottesville peut et doit être évité. Lorsqu’il s’agit d’un rassemblement sporadique et clandestin dont l’organisation a échappé aux autorités politiques, on peut comprendre que ces mêmes autorités soient prises au dépourvu. Néanmoins, quand des groupes fascistes, néonazis et racistes obtiennent tous les droits de manifester comme n’importe quel autre groupe au nom de la liberté d’expression, il y a sérieusement lieu de se poser des questions.

Il faut avoir le courage de dire que la responsabilité du Président Trump est engagée dans ce qui s’est passé ce samedi à Charlottesville. Je n’accuse pas Trump d’être un soutien des mouvements néonazis. Néanmoins, son refus de les condamner lorsqu’ils commettent des dérapages aussi graves que ce qui s’est passé ce samedi, on est en droit de se poser la question de savoir de quel côté il se situe.

Rappelons que la réaction de Trump a été celle-ci : « nous devons tous être unis et condamner tout ce que la haine représente. Ce type de violence n’a pas sa place en Amérique. Unissons-nous ». Face à ce qui s’est passé ce samedi, la réaction d’un président responsable aurait été plus ferme. Et au même moment, Trump accuse le mouvement Black Lives Matter d’appeler à «  tuer des policiers ».

Finalement, la politique de deux poids deux mesures de Donald Trump dans des circonstances pareilles fait qu’il perd toute sa crédibilité et devient un sujet de préoccupation majeure, même parmi des personnes qui ont voté pour lui lors de la présidentielle contre la candidate démocrate Hillary Clinton.

Ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis, première puissance économique du monde et l’une des plus grandes démocraties de notre planète, dévoile au grand jour la haine interraciale profonde qui colle aux basques de l’Amérique et dont elle a encore du mal à se débarrasser.

Charlottesville n’est en effet rien d’autre que la vitrine d’une société américaine où les tensions raciales et ethniques sont montées d’un cran ces dernières années, exacerbées par l’arrivée d’un président qui, il faut le dire, a obtenu le soutien de tous les mouvements suprématistes pendant la présidentielle de 2016.

Lorsque je compare la société américaine d’aujourd’hui à celle des nations européennes telles que la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grèce…où la montée des mouvements xénophobes et racistes gagnent du terrain, je me dis qu’il y a encore de quoi se sentir fier.

Car dans ces nations européennes, on est encore très loin d’assister à de telles dérives dont les auteurs peuvent très facilement se réfugier derrière la liberté d’expression. Qu’ils soient d’Extrême-droite, partisans des mouvements fascistes ou xénophobes, les groupes néonazis européens n’osent pas encore semer des troubles à l’ordre public avec l’idée qu’ils n’auront aucun compte à rendre à la Justice.

Face à la dérive des mouvements néo-nazis, la logique voudrait que des réponses fermes soient apportées dans les plus brefs délais et qu’on appelle le mal par son nom. Autrement dit, on devient une partie du problème. Donald Trump a encore du mal à lâcher ses partisans néonazis qui ont joué un rôle clé dans sa victoire et il risque de le payer très cher.

Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG,

Fondateur et rédacteur en chef du site www.lecourrier-du-soir.com

Email : cheikhdieng05@gmail.com