Coup de théâtre au procès de l’ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra: risquant dix ans de prison, elle ne s’est pas présentée à son verdict vendredi et a fui à l’étranger, laissant les coudées franches à la junte pour dominer la vie politique. « Elle n’est plus ici… Elle est partie dès mercredi », a déclaré à l’AFP un responsable de son parti, le Puea Thai, sous le couvert de l’anonymat. Les rumeurs les plus folles ont circulé toute la journée sur les façons dont Yingluck Shinawatra, âgée de 50 ans et mère d’un adolescent, aurait fui le pays, Singapour étant la destination la plus fréquemment évoquée. Elle rejoint ainsi son frère Thaksin, ex-Premier ministre ayant pris la route de l’exil en 2008 après avoir été condamné à deux ans de prison pour corruption. Un procès qu’il dénonçait lui aussi déjà à l’époque comme politique. Le retard de Yingluck à l’énoncé de son verdict vendredi matin avait peu à peu suscité l’étonnement parmi les milliers de manifestants et nombreux journalistes venus assister à la Cour suprême. « Son avocat dit qu’elle est malade et demande de repousser le verdict… Le tribunal ne croit pas qu’elle soit malade… et a décidé d’émettre un mandat d’arrêt », avait finalement révélé le juge Cheep Chulamon. A l’extérieur de la Cour suprême, où l’attendaient des milliers de ses partisans -et plus de 4.000 membres des forces de l’ordre-, l’annonce avait déclenché la confusion. « Sois combative, le crabe ! » (« boo su su » en thaï), chantaient encore peu avant ces partisans, utilisant le surnom affectueux donné à Yingluck.