Pierre Gattaz, patron du Medef (Mouvement des Entreprises de France) a accordé une interview exclusive au Parisien ce lundi 28 août 2017 en marge de l’ouverture de l’Université d’été du Medef qui s’est déroulée à Jouy-en-Josas (Yvelines)
Pierre Gattaz demande à Macron de ne « rien lâcher » sur la réforme du Code du Travail. En effet, dans une interview accordée au Parisien ce lundi 28 août 2017 en marge de l’ouverture de l’Université d’été du Medef qui s’est déroulée à Jouy-en-Josas (Yvelines), le patron des Patrons encourage le président français à « aller au bout de la réforme du Code du Travail ».
« Je l’encourage à aller au bout de la réforme du Code du Travail. Surtout ne rien lâcher. Il est légitime pour la mener à bien. Il l’a mille fois annoncée et cela a été confirmé par les élections présidentielles et législatives. Je ne sens pas du tout de baisse de confiance de la part des chefs d’entreprise », a-t-il répondu réagissant à la chute de Macron dans les sondages.
« Le principe de base doit être celui de l’élection ouverte à tous les salariés »
Sur les ordonnances concernant les réformes du travail, Pierre Gattaz souligne qu’il y a une « obligation de faire du dialogue social pour tous ». « 95% des entreprises françaises n’ont pas de représentant syndical et ne peuvent pas négocier des accords. Comment faire pour que ces entreprises de moins de 300 salariés puissent négocier sans s’adapter, se réorganiser ? Si ce verrou n’est pas levé, on passera à côté de la réforme. Un représentant élu doit pouvoir négocier un accord », explique-t-il.
A la question de savoir ce qu’il faut débloquer exactement, il dira : « on ne doit pas restreindre le dialogue social à la présence d’un représentant syndical. C’est comme si, dans un conseil municipal, il fallait obligatoirement être encarté pour devenir conseiller. Le principe de base doit être celui de l’élection ouverte à tous les salariés ».
« Là, on ne sait pas »
Et d’ajouter : « ensuite, on peut imaginer que ce salarié élu reçoive une formation définie de façon paritaire (en droit du travail, en économie, etc.) afin d’être sûr qu’il a les compétences pour négocier. C’est donc une formidable occasion de prendre des parts de marché pour les organisations syndicales. Les syndicats pourraient se dire : ‘je vais accompagner ce gars-là et, dans six mois, il sera chez moi ».
La patron du Medef rassure et indique qu’il y a « de bonnes intentions dans ces ordonnances ». « Le bloc 1 porte sur la répartition des prérogatives entre les branches et l’entreprise. On aurait été plus loin dans le sens de l’entreprise, beaucoup plus loin, mais bon, c’est comme ça. Le bloc 2 doit nous dire avec qui on pourra négocier dans les entreprises. Là, on ne sait pas ».
« Un patron ne défile pas dans la rue, il ne fait pas grève »
Pierre Gattaz poursuit : « et le bloc 3 concerne les curseurs : plancher et plafond des indemnités prud’homales, etc. Je pense que ces curseurs doivent être orientés vers les TPE-PME afin de les faire grandir et qu’elles se transforment en ETI (Entreprises de Tailles Intermédiaires, ndlr) ». Le patron des patrons déplore qu’il y ait seulement 4 000 ETI en France tandis qu’il y en a 9 000 à 10 000 en Italie et en Angleterre et 12 500 en Allemagne.
A la question de savoir ce qu’il ferait si, jeudi, le compte n’y est pas, il répond : « un patron ne défile pas dans la rue, il ne fait pas grève. Mais, ce serait terrible car un entrepreneur, il se démotive ou il s’exile. Cela voudrait dire que l’on resterait dans un entre-deux économique et que je recevrais tous les jours des plaintes de patrons (…) ».
« Les gens n’aiment pas le changement, c’est humain »
Au Parisien, Pierre Gattaz a aussi réagi aux propos de Jean-Luc Mélenchon qui dénonce « un coup d’Etat social ». Sur ce, il dira : « il faut accepter la démocratie. La réforme, c’est maintenant ! Pendant sa campagne, Emmanuel Macron a promis de déverrouiller l’économie française, de retrouver la croissance. Je comprends que cette perspective suscite de la nervosité chez certains ».
Le patron du Medef parle de « réformes ambitieuses ». « Ce sont des réformes ambitieuses. Les gens n’aiment pas le changement, c’est humain. Mais, il faut aujourd’hui montrer pourquoi le monde entier a salué l’élection d’un jeune président de 39 ans, qui parle anglais et veut changer le pays. La France ne doit pas rater cette opportunité ».
Pour lire l’interview exclusive, cliquez ici : Le Parisien