Guillaume Peltier, député LR du Loir-et-Cher, a annoncé, lors d’une interview accordée au Figaro et publié ce 19 septembre 2017, le lancement d’un mouvement, « Les Populaires ». L’objectif est selon lui de « refonder la droite ». Rappelons que Christian Estrosi, maire de Nice et membre du parti LR, a annoncé ce 12 septembre son mouvement politique
Voici l’interview dans son intégralité
La Droite forte, dont vous êtes l’un des deux fondateurs, organise sa rentrée le 30 septembre avec la Fête de la violette. Comment se positionne-t-elle au sein de la droite ?
La Droite forte a vécu. Geoffroy Didier a pris un autre chemin. Les défaites de 2017 nous obligent à tout repenser. J’ai décidé, avec une nouvelle génération d’élus, des maires comme Gil Averous (Châteauroux), des députés comme Aurélien Pradié (Lot), Brigitte Kuster (Paris) et tant d’autres, de créer un mouvement «Les Populaires» pour reconquérir les Français et reparler à ceux auxquels la droite ne s’adressait plus. La droite doit faire sa révolution populaire.
Ce mouvement est-il créé au sein des Républicains?
Attachés à l’unité de notre famille politique, Les Populaires sont un mouvement ouvert qui s’inscrit au sein des Républicains. Il n’y a pas de système d’adhésion, ni de candidat aux élections. Nous voulons être l’aiguillon idéologique de la droite qui ne peut pas se contenter d’un simple toilettage.
Les Populaires participeront-ils à la campagne LR pour le parti?
Notre mouvement n’a pas vocation à soutenir un candidat plutôt qu’un autre: chacun est libre de faire son propre choix. Pour ma part, je recevrai Laurent Wauquiez le 30 septembre à la quatrième Fête de la violette en Sologne.
Quel est l’objectif des Populaires?
Nous voulons participer à la refondation de la droite française. Elle s’est perdue car elle s’est embourgeoisée et s’est soumise à la domination de la finance et à la religion du libre-échange. Elle s’est égarée dans les courbes et les graphiques, le PIB, et les taux de TVA ou de CSG en oubliant l’essentiel: les aspirations profondes du peuple français. Nous refusons la démission du politique face au technocratique et à l’économique. François Mitterrand a déclaré qu’après lui, il n’y aurait que «des financiers et des comptables». Comment lui donner tort? On a aujourd’hui un président de la République qui est un financier et un premier ministre qui est un comptable! En ce sens, nous nous rapprochons des réflexions de Philippe Séguin ou de Régis Debray. Nous voulons briser le tabou de l’argent. Contrairement à Emmanuel Macron, nous ne rêvons pas d’une France de traders, de milliardaires et de déracinés.
Vous citez Régis Debray qui a dénoncé «l’emprise de l’économie», et Philippe Séguin. Ce ne sont pas vraiment les références que vous aviez avec la Droite forte ?
Ces idées étaient déjà présentes dans le «non» au référendum de 2005. Elles ont été confortées par mes mandats d’élu du monde rural, hier maire et aujourd’hui député. La vraie question à nous poser est: pourquoi la droite ne parvient plus à parler aux instituteurs des écoles rurales, aux immigrés des quartiers populaires, aux agriculteurs désabusés ? La droite doit se refonder sur les valeurs populaires et rurales.
Quelles sont vos idées pour y remédier?
Un nouveau contrat social fondé sur une valeur cardinale: le mérite. Nous voulons bâtir un nouveau monde, celui de l’ordre juste, fondé sur le travail, l’effort et le bon sens. Nous voulons remplacer la loi du plus fort par la loi de l’effort. Concrètement, la droite doit se réapproprier l’idée de la participation et de l’intéressement dans les entreprises ou proposer aux employeurs un contrat sans charges pour l’embauche des personnes les plus éloignées de l’emploi. L’ordre juste consiste aussi à priver les exilés fiscaux de leurs droits civiques.
« L’ordre juste »… vous empruntez le terme à Ségolène Royal?
Elle avait sans doute eu une intuition juste, mais ce n’est pas ma référence. Ce qui vaut pour nous, c’est la volonté de réussir grâce à son travail et son talent, quels que soient son lieu de naissance ou son origine sociale. Pour nous, le grand enjeu du nouveau monde, c’est de promouvoir les méritants plutôt que les rentiers. Nous refusons une société soumise aux spéculateurs, aux syndicats professionnels et à tous les fraudeurs, dont les exilés fiscaux. Nous voulons mettre à l’honneur tous ceux qui prennent des risques et font des efforts, les méritants, les audacieux ou les entrepreneurs: en un mot, la droite des travailleurs.
À qui Les Populaires s’adressent-ils?
À tous ceux que la droite a délaissés: les agriculteurs, les ouvriers, les classes moyennes, les fonctionnaires, notamment les nouveaux hussards de la République qui consacrent leur vie à nos enfants ou le personnel soignant qui aide les plus fragiles. Plus généralement, à tous ceux qui se reconnaîtront dans la valeur du mérite, c’est-à-dire ceux qui refusent l’illusion égalitaire qui fait tant de mal à notre pays!
Source : Le Figaro