Vente de migrants noirs au 21ème siècle : 6 ans après la mort de Kadhafi, la Libye retourne au Moyen Âge

On se croirait au 15ème ou 16ème siècle. Pourtant, on est bien au 21ème siècle. La vente des esclaves noirs redevient une réalité sur le continent africain après son abolition vers la fin du 19ème. Je tiens à souligner que cette vente ne se déroule ni dans les Etats esclavagistes nord-américains, ni en Europe. Mais, en Libye, pays africain maghrébin devenu ces dernières années le bastion de l’islamisme radical sur le continent noir.

Vous avez certainement entendu parler de ce phénomène ces derniers jours. D’ailleurs, une pétition a été lancée en France sur le site de change.org pour alerter les autorités politiques, en première ligne Emmanuel Macron, sur cette situation gênante et honteuse digne d’un autre siècle.

En faisant mes recherches, je me suis très vite retrouvé avec un trésor d’informations sur ce phénomène. De nombreux médias ont en effet confirmé la vente de migrants noirs en Libye et les prix sont parfois mentionnés. Ainsi, d’après le média Business insider, ces pauvres migrants venus d’Afrique subsaharienne sont vendus comme des esclaves à hauteur de 400 dollars. Incroyable !

En creusant un peu, je suis tombé sur un communiqué de l’IOM (International Organization for Migrants), une organisation qui lutte pour le respect des droits des migrants. Dans un communiqué datant du 4 novembre 2017, l’organisation se dit indignée après la découverte de ses agents basés en Libye et au Niger d’événements que l’on peut qualifier de « ventes aux esclaves ».

Parmi les migrants en situation de captivité, beaucoup de subsahariens dont des Sénégalais, des Gambiens, des Mauritaniens, des Maliens entre autres. D’après IOM, ces migrants sont obligés de payer environ 320 dollars (soit 200 000 Francs CFA) pour continuer leurs périples dans le nord de la Libye avec l’idée de fouler un jour le sol européen. Je ne m’attarderai pas sur ces données factuelles. Il y a en effet suffisamment d’informations sur ce sujet pour ceux et celles qui souhaitent en savoir plus.

Ce qui se passe en Libye montre clairement l’échec de l’intervention de l’Occident dans ce pays en 2011. Au moment de se débarrasser de Mouammar Kadhafi, la Grande-Bretagne nous avait résumé l’intervention française en Libye en ces termes : « accroître l’influence de la France en Afrique du Nord et améliorer la situation politique de Sarkozy ». L’intervention des forces françaises pour faire tomber Kadhafi avait été saluée par une partie de la classe politique française dont Alain Juppé et François Fillon.

Le but de cette intervention était connu de tous : faire tomber un dictateur gênant, mettre la main sur les ressources pétrolières et minières, affaiblir les institutions démocratiques du pays, tel que ce fut le cas pour l’Egypte et la Tunisie afin que ces pays puissent mieux se soumettre à la superpuissance occidentale.

Nul doute que de nombreux Libyens avaient salué l’intervention de la France en 2011. A cette époque, les Libyens voyaient deux révolutions se produire tout près de chez eux : la révolution en Tunisie et en Egypte qui ont mis fin à des années de dictature et de népotisme Moubarak/ Ben Ali. Deux régimes politiques totalement corrompus qui avaient bradé toutes les richesses naturelles de leurs pays après avoir sérieusement bafoué les droits de l’homme.

Nul doute non plus que ceux qui avaient salué cette intervention en Libye s’en mordent les doigts lorsqu’ils voient ce qu’est devenu la Libye de 2017. Rien à changer en Libye et la situation, au lieu de s’améliorer, n’a fait qu’empirer. L’insécurité a gagné toutes les villes du pays, des djihadistes fanatiques illuminés y règnent en maîtres, les hommes politiques sont complètement dépassés par les événements, la jeunesse n’a plus d’espoir, le pays est en faillite économique. L’idée que le pays puisse retrouver la voie de la démocratie semble désormais être une chimère, une utopie.

Et pourtant, l’exemple de l’Irak devait inspirer nos chers dirigeants occidentaux prompts à imposer leur modèle démocratique à tous les Etats qui, selon eux, ne sont pas des modèles démocratiques. « La Démocratie réussira », disait George W. Bush, dans son discours de 2003 avant l’intervention des forces américaines en Irak. Quatorze ans plus tard, la situation n’a pas bougé d’un iota. L’Irak n’est ni démocratique, ni prospère. Elle est plutôt laissée à elle-seule et les quelques vaillants hommes politiques qui osent mettre le pays sur la voie démocratique y laissent des plumes.

Aucun Etat ne souhaite avoir à sa tête un homme comme Mouammar Kadhafi qui, malgré son engagement sans faille dans le combat panafricaniste, a dirigé la Libye manu militari, n’hésitant pas à embastiller voire ordonner l’exécution de tous les opposants qui représentaient une menace pour la survie de son régime. Toutefois, si les Libyens savaient qu’on allait leur remplacer le mal par le pire, ils y réfléchiraient à deux fois avant de saluer toute intervention militaire pour faire tomber Kadhafi.

Les seuls responsables de ce qui se passe en Syrie aujourd’hui sont les dirigeants occidentaux qui ont eu le mérite de transformer ce pays en une poudrière où islamistes fanatiques illuminés et démocrates se battent tous les jours pour imposer leurs modèles. Du temps de Kadhafi, la Libye était certes dans une dictature, mais l’ordre y régnait. Aujourd’hui, le pays a basculé dans l’anarchie dans sa forme la plus brutale sous le regard impuissant de ceux qui avaient été les premiers à applaudir l’intervention militaire française en 2011.

Quand est-ce que les dirigeants occidentaux apprendront de leurs erreurs ?

Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information www.lecourrier-du-soir.com

Email : cheikhdieng05@gmail.com