Au Sénégal, la dilapidation de l’argent public est-elle en marche ? Je n’oserais certes pas l’affirmer mais tout laisse à penser que le parti au pouvoir (APR) a fait des deniers publics un bien privé. En effet, nous avons appris ces dernières heures les révélations de la presse sénégalaise sur le siège flambant neuf dont devra se doter le parti au pouvoir dans un futur proche.
Dans la presse, on parle d’un terrain de 2 000 m2 situé à Sotrac Mermoz. Pour l’acquisition de ce terrain, un montant de 600 millions de Francs CFA a été débloqué. Dans un communiqué de presse en partie publié par DakarActu, le SEN (Secrétaire Exécutif National) appelle les responsables et militants à une « mobilisation exceptionnelle pour la réalisation de ce projet ».
Certains me diront que le montant de 600 millions de Francs CFA ne représente rien dans un pays où des citoyens particuliers détournent sans scrupule des milliards en toute impunité. Rappelons que le gouvernement sénégalais s’est engagé dans une lutte sans merci contre les biens mal acquis. Les sommes annoncées sont déjà colossales. On parle de quelque 200 à 375 milliards de Francs CFA signés dans des contrats très louches entre des multinationales et un gouvernement complètement déboussolé.
Tout ceci intervient dans un contexte préélectoral très tendu marqué par l’emprisonnement de Khalifa Sall, ex maire de Dakar et par une forte division de la population sénégalaise qui, en grande partie, estime que le président Macky Sall ne gère plus un pays, mais plutôt une ethnie.
Je rappelle que pendant tout ce temps, l’éducation sénégalaise se porte très mal et les universités publiques sont au bord du gouffre. L’Etat continue à inaugurer des universités un peu partout dans le pays (suivant une initiative de l’ex président Abdoulaye Wade), mais les financements font défaut. Une telle situation entraîne des forts taux d’échec. A l’UCAD, c’est un taux d’échec de 60% qui est enregistré.
Au Sénégal, les structures sanitaires sont dans une situation plus qu’inquiétante. D’après Jean Charles Moreau, directeur du Centre d’excellence africain pour la santé de la mère et de l’enfant, le pays ne compte plus que « 200 médecins diplômés, 2 500 sages-femmes et près de 3 mille infirmiers qui sont au chômage ». Il est certes évident qu’il y a une urgence.
Quand au président Sall, il préfère calmer les tensions, en jouant la carte du dialogue national. Ce mercredi en Conseil des Ministres, le chef de l’Etat sénégalais dit vouloir « consolider le consensus durable autour du développement économique inclusif et équitable du Sénégal, dans le souci exclusif d’asseoir le bien-être collectif et l’épanouissement significatif des populations ».
Je salue l’initiative du président d’appeler au dialogue national. Le pays en a certes besoin pour éviter une fracture sociale qui pourrait engendrer une situation dramatique. Mais, il est temps que Macky Sall se regarde dans un miroir afin de se rendre compte enfin que sa gestion du pouvoir laisse à désirer. Les Sénégalais en ont ras-le-bol de cette politique politicienne qui a fini par dresser des murs dans notre société.
Réveillez-vous Macky.
Edito signé: Cheikh DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information www.lecourrier-du-soir.com
Email : cheikhdieng05@gmail.com