Et si la politique française était devenue un cirque ? Je me pose cette question après avoir noté quelque chose d’étrange se produire en France ces derniers jours : une série de scandales qui a touché des dirigeants politiques de gauche et de droite. Et comme par hasard, tous sont des opposants à Macron.
Non seulement ces scandales ne touchent que des opposants au pouvoir, mais ils arrivent au moment où Macron et son premier ministre Edouard Philippe dévissent. Les sondages ne leur sont plus favorables, les Français qui avaient voté massivement pour le changement, en confiant leur pays au plus jeune président de la Vème République, n’y croient plus. L’effet Macron, il faut bien le dire, s’est éteint brusquement moins d’un an après l’élection de l’ex banquier des affaires.
Revenons sur les faits. Ce 20 février, les médias ont étrillé Laurent Wauquiez, un lynchage médiatique qui a duré une semaine. Son tort : avoir fait des révélations d’une extrême gravité lors d’un cours à l’EM Lyon. Les propos tenus sont certes violents, mais plus violente a été l’attaque médiatique subie par chef de file du parti Les Républicains (LR).
Les médias (de gauche comme de droite) avec à leur tête BFMTV n’ont jamais été aussi heureux de donner le dernier coup de poignard à un des plus sérieux rivaux d’Emmanuel Macron. Rappelons que Wauquiez a été, à plusieurs reprises, accusé d’être trop proche du FN idéologiquement.
Cette stratégie n’avait pas porté ses fruits. Il fallait alors passer à une nouvelle étape : celle d’un enregistrement privé où, il faut le bien le reconnaître, la victime s’est tirée une balle dans le pied. Wauquiez parviendra-t-il à diriger un parti de plus en plus divisé entre les « Macron-compatible » et ceux qui ne veulent rien lâcher ? Seul l’avenir nous le dira.
Laurent Wauquiez n’a pas été la seule cible. Car, au moment où Macron s’effondre dans les sondages qui lui sont de plus en plus défavorables, un autre opposant (et non des moindres) est visé par un scandale : Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise. Ce dernier est en effet accusé d’avoir surfacturé sa campagne.
Dans un article du Monde datant du 22 février, on pouvait lire ceci : « selon nos informations, l’examen de son compte de campagne a mis en lumière de nombreuses irrégularités, dont un bon nombre de surfacturation et de dépenses insuffisamment justifiées. Une partie d’entre elles seulement se voient rectifiées à la baisse par la commission ». Le Monde parlait de plus de 430 000 euros de dépenses litigieuses pour Mélenchon.
Cette situation avait suscité l’immense colère du chef de file de la France insoumise qui, ce 26 février, a réagi dans un édito intitulé : « la semaine où Macron dévisse, bain de boue pour tous ». Mélenchon a catégoriquement nié les accusations de surfacturation de sa campagne, mais en a profité pour dénoncer les nouvelles pratiques journalistiques.
« Les neuf milliardaires payent cher pour qu’une armée de plumes et de lecteurs de prompteurs jaspinent dans les micros les derniers ragots qui peuvent être dégainés. L’ampleur de la décomposition morale et professionnelle de ce milieu a mis à notre disposition un large réseau d’informateurs dans la place », écrit-il. Pour une fois, Mélenchon va jusqu’à défendre Laurent Wauquiez qui, selon lui, « s’est pris une lourde attaque globale du parti médiatique ».
On pensait que c’était fini, mais apparemment non. Ce 1er mars 2018, alors qu’un sondage de YouGov nous apprenait que la popularité de Macron venait de chuter à 11 points, Marine Le Pen, chef de file du Front National, a été mise en examen, accusée d’avoir relayé des photos d’exaction d’un ignoble groupe islamiste radical dont je ne citerai pas le nom. Dans la presse, on nous apprend que le numéro 1 du FN risque trois ans d’emprisonnement et une amende de 75 000 euros.
Entre le 20 et 28 février, les trois principaux partis de l’opposition, les seuls obstacles à la politique de Macron, ont subi une « flagellation médiatique » d’une rare violence. Le seul parti qui n’a pas été inquiété est le Parti Socialiste pour des raisons que nous connaissons tous : le PS est en phase de disparition et ne représente en aucun cas un danger pour l’Exécutif.
Je ne perdrai pas mon temps sur ces affaires assez louches qui se déroulent au moment où le chouchou de la presse est en chute libre dans les sondages, en raison d’une politique libérale (CSG, Suppression du statut de cheminots) décriée par une bonne partie de la population française.
Il est inquiétant, à mon avis, de constater que la politique française devient de plus en plus une affaire de gamins. Les médias détournent une partie du peuple de la réalité et se fichent royalement de sa volonté. Ils préfèrent plutôt jouer la carte de la séduction pour s’attirer les bonnes grâces du chouchou.
Une chose est presque sûre : si des élections présidentielles avaient lieu en France ce dimanche 4 mars 2018, Macron serait éliminé dès le premier tour.
Edito signé: Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information : www.lecourrier-du-soir.com
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