(Un article de notre collaborateur Hamid Enayat, journaliste iranien basé à Paris)
Le 20 mars, début du printemps, marque le Nouvel An iranien, Nowrouz. Le dernier mardi avant le Nouvel An, les Iraniens célèbrent depuis des millénaires la Fête du feu (Chaharshanbeh-Souri).
La date cette fête en 2018 est le 13 mars. Mais le régime islamiste a toujours essayé d’empêcher les Iraniens de célébrer la Fête du feu, le dénigrant comme une fête païenne. Mais en réalité le régime craint cette célébration antique parce que sous le régime des mollahs c’est devenu une opportunité pour les gens pour en découdre avec le régime honni par la grande majorité des Iraniens. La population s’approprient l’espace public et profitent des rassemblements autour des feux de joie pour conspuer les dictateurs au pouvoir. Le régime, malgré une mobilisation des forces répressives, n’arrive pas à contrôler les manifestations qui se déroulent dans chaque quartier, voire chaque place et carrefour.
Cette année, la situation est toute particulière. Début janvier l’Iran a été témoin d’une révolte de la misère et des manifestations rependues dans quelques 140 ville ont appelé au renversement de la dictature du Guide suprême. Le régime et ses gardiens de la révolution (pasdaran) craignent vivement que cette effervescence d’enthousiasme soit canalisée par les opposants pour des appels au régime pour dégager après 39 ans de pouvoir oppressif.
Les réseaux sociaux, les réseaux des mouvements de résistance telle que l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) ont lancé des appels à des préparatifs autrement plus militante cette année pour faire la vie dure au régime. Le 13 mars prochain sera une journée chaude pour les Iraniens.
Le 27 février 2018: Mohsen Hamedani, adjoint du gouverneur de Téhéran pour les affaires de sécurité, a déclaré: « Diverses réunions ont eu lieu avec la présence des services de sécurité et des forces de l’ordre sur l’ordre public et la sécurité dans les derniers jours de l’année. Les forces de sécurité de l’État ont pour mission de faire face de toutes ses forces pendant le Chaharshanbeh-Souri. Un plan spécifique a été dessiné et un mécanisme précis est prévu et ces forces seront stationnées dans toute la ville. »
Le brigadier Hossein Rahimi, chef des forces de sécurité de l’Etat à Téhéran, a averti pour sa part que fauteurs de troubles à l’occasion de la fête du feu seront arrêtés. Basé sur des rapports internes du régime clérical, obtenu par les réseaux de l’Organisation des Mojahidine du Peuple d’Iran à l’intérieur du pays:
Le commandement des Gardiens de la révolution (pasdaran) pour le Grand Téhéran mettra le Bassij (force paramilitaire) de la Municipalité de Téhéran en état d’alerte pour le 13 mars. Les bataillons Ashura et Al Zahra (forces bassiji de la municipalité) dans les 22 districts municipaux de Téhéran seront mis en état d’alerte complète. Le matin, toutes les poubelles, morceaux de bois, déchets et matériaux inflammables seront ramassés des rues de la ville par les services municipaux. Les forces du Basiji de chaque district municipal et les bataillons Ashoura et Al-Zahra supervisent l’opération, mais les services municipaux sont responsables de sa mise en œuvre.
Les bataillons Ashura et Al-Zahra Basij ont pour mission de protéger les centres gouvernementaux et les bâtiments affiliés au régime. Suite au soulèvement du début de l’année, ces bataillons ont installé une protection physique autour de ces bâtiments pour éviter d’être pris au dépourvu en cas de reprise du soulèvement.
Le département social de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran à l’intérieur du pays a appelé à la mobilisation à l’occasion de Chaharshanbeh-Souri. « La Célébration de la Fête du Feu : Un autre soulèvement contre la dictature des mollahs », est le thème de cette campagne de contestation contre la dictature des mollahs et pour le renversement de la tyranie.