Moins d’une semaine après la disparition de Mame Mbaye, migrant sénégalais mort dans des circonstances assez floues, les réactions vont bon train en Espagne. Pour certains, le jeune homme a été tué par la police municipale qui dépend de la mairie de Madrid. Pour d’autres, sa mort a été naturelle
Ce samedi 17 mars, Malick Gueye, porte-parole des vendeurs à la sauvette, a clarifié les choses dans une interview accordée à la chaîne espagnole La Sexta. Interrogé par le journaliste Antonio Ferreras, Malick Gueye précise que le jeune homme a bien été poursuivi par la police municipale.
« Mame Mbaye était avec un autre ami, Thierno, qui était avec lui. Quand Mame Mbaye est tombé, le premier qui est arrivé (le secourir, ndlr), c’était lui. Ce qu’il a fait, c’est essayer de la réanimer. Il a mis ses doigts dans la bouche de Mame Mbaye pour que ce dernier ne morde pas la langue », raconte-t-il.
« Oui, il y a eu une poursuite »
Et d’ajouter : « quand la police est arrivée, la première chose qu’ils ont fait est de le pousser de manière agressive. Ils n’ont rien fait. Ils l’ont bousculé alors qu’il tentait de lui sauver la vie. Et il a fallu par la suite attendre 10 voire 15 minutes avant l’arrivée de la Samur (service d’urgence espagnol, ndlr) ».
Le président des vendeurs à la sauvette confirme que Mame Mbaye a bien été poursuivi par la police municipale. « Oui, il y a eu une course-poursuite et ensuite ils lui retiré les produits qu’il vendait depuis la Plaza de Sol jusqu’à la rue Oso où Mame Mbaye est tombé. Il habitait dans ce quartier », explique-t-il.
« Malick Gueye dénonce la politique d’intégration espagnole »
Dans l’interview, Malick Gueye s’est durement attaqué au gouvernement espagnol qu’il a accusé de ne pas offrir une chance aux migrants. « Il faut se poser la question de savoir pourquoi les gens vendent dans la rue. Mame Mbaye est un artiste qui a son métier mais il y a une loi qui le bloque et qui lui dit qu’il ne peut pas s’intégrer dans la société, qu’il ne peut pas avoir de droits. C’est pour cela qu’il vendait dans la rue », s’indigne-t-il.
Au Micro de La Sexta, Malick Gueye demande que justice soit faite. « Tout ce que nous voulons c’est la justice. Ils ont tué un de nos compatriotes, c’est le plus important. Ils l’ont tué et ce n’est pas un cas isolé. Cela fait treize ans que nous dénonçons ces agressions, ces persécutions policières. Malheureusement, hier, ils ont tué Mame Mbaye », lance-t-il.
« Il avait le cœur très détérioré »
En Espagne, le sujet divise profondément. Le corps du jeune homme a été autopsié et les résultats viennent d’être publiés par le média espagnol El Mundo. D’après l’autopsie, Mame Mbaye souffrait d’une maladie cardiaque congénitale. « Il avait le cœur très détérioré et qui ne correspondait pas à son âge », nous apprend l’autopsie.
Les médecins rejettent catégoriquement la thèse selon laquelle le jeune homme a été poursuivi par la police avant sa mort. La police rejette également l’idée que Mame Mbaye exerçait son travail de vendeur à la sauvette ce jour-là.
Pour le moment, l’affaire en est là. Nous en saurons un peu plus dans les jours qui viennent. Mais, une chose est sûre : des altercations violentes ont opposé police espagnole aux migrants sénégalais dans le quartier de Lavapiés, banlieue de Madrid où il y a une forte concentration de migrants sénégalais.