Bachar Al-Assad, président de la Syrie, a accordé une interview exclusive à Kathimeriri, média grec. Le président syrien a défendu son bilan et a accusé la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne d’avoir semé le chaos en Syrie
Bachar Al-Assad brise le silence. Après plusieurs mois de silence absolu, le président syrien s’est prononcé sur la situation de son pays ces dernières heures dans une interview exclusive accordée au média grec Kathimeriri. Dans l’interview, l’homme fort de Damas ne mâche pas ses mots. Il a tiré à boulets rouges sur l’Occident et ses alliés.
Bachar Al-Assad s’est aussi exprimé sur les récentes attaques chimiques en Syrie qui ont motivé l’intervention militaire menée ce 14 avril par la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Face aux journalistes grecs, le président syrien rejette catégoriquement les accusations selon lesquelles son armée détient des armes chimiques.
« La version occidentale a commencé après la victoire de l’armée syrienne, pas avant »
« Tout d’abord, nous n’avons pas d’arsenal nucléaire puisque nous y avons renoncé en 2013 et l’agence internationale d’armes atomiques a mené une enquête là-dessus. C’est clair et il y a des documents qui prouvent que nous n’avons plus d’arsenal nucléaire », explique le président syrien.
Et d’ajouter : « deuxièmement, si nous l’avions, nous ne l’aurions pas utilisé pour plusieurs raisons. Mais, écartons deux points. Supposons que cette armée a des armes chimiques en pleine guerre : où devrait-elle l’utiliser ? A la fin de la bataille ? Ils doivent les utiliser en pleine guerre ou au moment où les terroristes progressent, mais pas au moment où l’armée a mis fin à la guerre et que les terroristes ont renoncé en disant : ‘nous sommes prêts à quitter la zone’. La version occidentale a commencé après la victoire de l’armée syrienne, pas avant ».
« C’est une farce, c’est une mise en scène »
Dans l’interview, le président syrien estime que les accusations occidentales sont fausses et que les images de cette supposée attaque chimique le prouvent. « Quand on regarde les vidéos, tout est faux. Je veux dire, quand on a des armes chimiques, comment les docteurs et les infirmiers peuvent travailler en sécurité, en faisant face à une atmosphère chimique sans porter des masques. (…) C’est une farce, c’est une mise en scène ». Pour le président syrien, c’est une volonté des Occidentaux de déstabiliser la Syrie.
Dans l’interview, le président syrien a rejeté l’idée qu’une troisième guerre mondiale puisse se déclencher à partir de la Syrie. « Non, pour une seule raison », dit-il. Et de continuer : « parce qu’heureusement, on a un leadership sage de la Russie et les Russes savent que l’agenda de l’Etat Profond aux Etats-Unis est de créer des conflits, créer des conflits avec la Russie, humilier la Russie, détruire la Russie ».
« Grâce à la sagesse de la Russie, on peut éviter cela »
Bachar Al-Assad estime que la sagesse de la Russie peut permettre d’éviter une telle situation. « Grâce à la sagesse de la Russie, on peut éviter cela. Peut-être que ce n’est carrément pas une troisième guerre mondiale, mais c’est une guerre mondiale qui se déroule différemment ».
A la question de savoir s’il a commis des erreurs dans le conflit syrien, Assad fait profil bas. « Si je ne commets pas d’erreurs, je ne suis pas Humain. Plus tu travailles, plus la situation devient compliquée, plus tu commettrais des erreurs. Mais, comment s’empêcher autant que faire se peut de commettre des erreurs ? », s’interroge-t-il.
« Quand vous parlez de sang, vous devez dire qui a fait couler ce sang »
Et de répondre : « d’abord, consulter une plus partie de la population, pas seulement les institutions, mais le parlement, les syndicats ainsi de suite. Mais aussi, une plus grande partie de la société afin de l’inclure dans la prise de chaque décision ». Assad défend son bilan et estime avoir pris les bonnes décisions.
Lorsque le journaliste lui rappelle que beaucoup de sang a coulé en Syrie, Bachar Al-Assad rétorque : « quand vous parlez de sang, vous devez dire qui a fait couler ce sang. J’ai été président avant cette guerre pendant 10 ans, est-ce que j’ai tué le peuple syrien pendant dix ans ? Non, pas du tout ».
Pour lire l’interview dans sa version originale, cliquez ici : SANA PRESS