L’affaire Benalla met à mal l’Elysée et risque de nous mener vers une situation extrêmement grave : la chute de Macron
Rien ne va plus pour Emmanuel Macron. En effet, quelques jours après la publication par le journal Le Monde d’une vidéo compromettante dans laquelle on voyait son garde du corps, Alexandre Benalla, agresser violemment des manifestants en marge des manifestations du 1er mai, le gouvernement est plongé dans une véritable crise politique.
Depuis plus de cinq jours, l’opposition française est debout comme un seul homme pour réclamer des comptes à l’Exécutif. Certains demandent que Macron s’explique, tel que ce fut le cas ce lundi 23 juillet avec le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, d’autres brandissent désormais la menace d’une motion de censure qui pourrait aboutir à une éventuelle chute d’Emmanuel Macron.
La piste d’une motion de censure est pour l’instant celle de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise. En effet, dans un twitte posté sur son compte officiel ce 19 juillet, quelques heures seulement après les révélations, son message était sans ambages : « puisque le gouvernement ne vient pas s’expliquer devant l’Assemblée, la France insoumise propose une motion de censure du gouvernement ».
Cette piste d’une motion de censure, très évoquée dans cette affaire, pourrait éventuellement être l’ultime recours si Macron se mure dans son silence et refuse, en tout cas pour le moment, de s’expliquer sur le scandale d’Etat qui secoue son gouvernement et ce d’autant plus que la version de l’Elysée est détruite par des hauts fonctionnaires de la préfecture.
En effet, entendu ce lundi 23 juillet dans le cadre d’une audition sur l’affaire Benalla, Alain Gibelin, directeur de l’Ordre public de la Préfecture de police de Paris, a totalement rejeté la version de l’Elysée selon laquelle Alexandre Benalla avait une autorisation de la Préfecture de Police.
« Je vous confirme que cette autorisation n’existait pas, clairement, puisque si elle existait, elle n’aurait pu émaner que du préfet de police, lequel clairement n’a jamais été ni sollicité pour obtenir une telle autorisation, ni est intervenu de quelque manière que ce soit pour la donner. (…) Le préfet de police n’ayant pas donné son accord, il (Benalla) était là de manière indue », a déclaré Alain Gibelin qui, ce mardi, est revenu sur ses propos.
Cette version vient contredire celle de l’Elysée qui, ce 19 juillet, affirmait que le garde du corps de Macron avait bien obtenu l’autorisation de se rendre à la Manif. « (…) cette autorisation lui a été donnée puisqu’il agissait dans le cadre de l’un de ses jours de congé et qu’il ne devait avoir qu’un rôle d’observateur. Il a largement outrepassé cette autorisation », déclarait il y a quelques jours, Bruno Roger-Petit, porte-parole de l’Elysée.
Des versions contradictoires qui clouent l’Elysée au pilori. En raison de la gravité de l’affaire, la seule autorité pouvant apaiser la tension est Emmanuel Macron. Celui-ci a désormais deux choix : s’expliquer et tourner la page ou se murer dans un silence et aggraver une situation déjà délétère pour son gouvernement. S’il ne parle pas, cela ne m’étonnerait pas que l’opposition fasse bloc et propose une motion de censure. Une motion de censure qui l’évincerait du pouvoir.