François Rebsamen, maire socialiste de Dijon, craint la disparition du PS, un parti fragilisé par sa défaite cuisante lors de la présidentielle de 2017 et des ralliements vers la France insoumise
François Rebsamen, ancien ministre socialiste et actuel maire de Dijon, a accordé une interview exclusive au journal Le Monde. Plusieurs sujets ont été abordés, notamment le refus du Parti Socialiste d’organiser une université d’été cette année et les premiers mois d’Olivier Faure, actuel chef de file du parti.
A la question de savoir s’il regrette que le PS n’ait pas organisé une université d’été cette année, il dira : « oui, comme beaucoup de militants. C’est comme cela qu’un parti se délite : quand on ne fait plus rien. J’ai été absent pendant cinq mois, mais si j’avais été là, j’aurais demandé un rassemblement. Je souhaite qu’on renoue avec cette tradition de La Rochelle ».
« Olivier Faure a récupéré un parti en mauvais état »
A la question de savoir s’il est convaincu par les premiers mois d’Olivier Faure à la tête du parti, il répond : « Olivier Faure a récupéré un parti en mauvais état. Je pense qu’il faut être plus présent et plus offensif. Il ne faut pas avoir peur de François Hollande, ni de notre histoire. Si on continue d’avoir peur de notre nom ou de notre histoire, le PS peut disparaître ».
François Rebsamen est aussi revenu sur la première année du quinquennat de Macron. Il dresse un triste bilan. « Je suis surpris par la dérive que prend le quinquennat actuel : un libéralisme très peu teinté d’avancées sociales. En 2017, Emmanuel Macron a profité des mesures du premier quinquennat. Ce n’est pas très classe de sa part de ne pas le reconnaître alors qu’il y a participé », regrette-t-il.
« Ses réformes ont été prises dans une impréparation totale »
Et d’ajouter : « ses réformes ont été prises dans une impréparation totale. Il n’y a pas de ligne directrice à part favoriser les plus aisés qui l’ont aidé à gagner. Avec des résultats qui ne suivent pas : la croissance est la plus basse de la zone euro et le chômage ne baisse pas vraiment. En comparaison, nous pouvons montrer notre bilan social entre 2012 et 2017 ».
Dans l’interview accordée au Monde, Rebsamen se dit surpris que certains socialistes rejoignent Mélenchon. Evoquant le précédent quinquennat, il dira : « il ne faut pas raser les murs : il faut reconnaître les erreurs, mais aussi défendre et porter les réformes et les avancées économiques, sociales et écologiques ».
« Maurel se fourvoie s’il pense qu’il peut aller chez Mélenchon »
Et d’ajouter : « je suis très surpris que certains socialistes aillent à l’université d’été de Jean-Luc Mélenchon (les députés Boris Vallaud et Dominique Potier et l’eurodéputé Emmanuel Maurel, ndlr). Au moment où on réunit les élus socialistes, aller là-bas, c’est de la confusion idéologique », déplore-t-il.
A la question de savoir si Emmanuel Maurel pourrait rejoindre Mélenchon, il répond : « j’ai du respect pour Emmanuel Maurel, mais il se fourvoie s’il pense qu’il peut aller chez Jean-Luc Mélenchon. Il y aura une vraie rupture. Je souhaite qu’il reste au PS, qu’il trouve sa place, comme Henri Emmanuelli ou Jean-Pierre Chevènement l’avaient trouvée en leur temps. Il y a toujours une frange plus critique, cela aide le PS ».