Pour rappel, devant l’entêtement des résistants à vouloir sans cesse remettre en question le trône occupé illégitimement par les mollahs, Rouhollah Khomeiny, excédé par l’opposition, décidait tout bonnement de l’éradiquer. Il suffisait de tous les tuer pour qu’ils n’existent plus. C’est sur la base de ce raisonnement simpliste et inhumain que le guide suprême, bien plus « fou de Dieu» ou plutôt « fou de lui-même », que « sage averti », écrivait la fameuse fatwa. Dès le lendemain, tous les fidèles tortionnaires couraient respecter la Parole du mollah des mollahs. Ainsi se créait la commission de la mort, arbitrée par de hauts dignitaires occupants tous encore aujourd’hui des postes à haute responsabilité dans l’organigramme de l’état, allant de ministre de la justice à candidat préféré du guide suprême aux dernières élections présidentielles.
Dans toutes les provinces, les tribunaux accueillaient les prisonniers politiques. Les procès duraient quelques minutes tout au plus. La seule véritable question posée aux déjà condamnés étant de savoir s’ils se repentaient d’appartenir à la caste des « hypocrites » et « mécréants », épris de libertés. Inlassablement, les réponses fusaient, et les condamnations s’enchaînaient. Au total, ce sont plus de 30 000 prisonniers politiques, la plupart militant des Moudjahidine du peuple (OMPI / MEK), pour certains ayant déjà purgé leur peine d’emprisonnement, qui se sont vus exécutés sommairement, entassés dans des fosses communes et oubliés des registres. Gare aux familles qui osèrent, et qui osent encore demander des comptes à l’administration. Toutes ont été arrêtées, emprisonnées, torturées, voire, elles aussi assassinées.
Mais toujours se révolter !
30 ans plus tard, le CNRI organise une commémoration internationale. Le 25 août, à partir de 17 h, Dans une trentaine de villes d’Europe et d’Amérique du nord, la mémoire des 30 000 prisonniers politiques assassinés par le régime des mollahs sera honorée, en présence de résistants, de témoins directs du massacre, de familles de victimes et de personnalités du monde civil ou politique. En multiplex, dans ces grandes métropoles, les intervenants pourront échanger sur la nécessité d’un changement de régime en Iran, sur l’importance capitale de soutenir le peuple iranien dans les soulèvements actuels et dans l’évocation de l’ouverture d’une enquête internationale visant à punir les responsables de l’été sanglant de 1988.
Et il en prend le chemin. La synergie entre la colère du peuple et l’organisation de haut niveau du CNRI est parfaite. Les manifestations actuelles n’ont rien à voir avec celles de 2009 ou avec les manifestations habituelles. Désormais, les slogans sont directement dirigés contre le régime. Lors de la prière du vendredi, les fidèles ont tourné le dos à l’Imam. Quand celui-ci les as qualifiés de traîtres et d’ennemis de la nation. Les manifestants ont simplement répondu que leur ennemi se trouvait dans leur dos.
Cela ne paraît que simples détails, mais ils sont symboliques de la dimension que prend le soulèvement. Toutes les agences de presse de l’état reconnaissent l’organisation du mouvement ‘contre-révolutionnaire’. Dans une de ses analyses le 8 août dernier, le site DANA, média affilié aux forces de sécurité de l’État, déclare : « Radjavi leur a promis que les troubles continueraient à s’étendre tous les jours. Dans un appel récent pour ces soi-disant ‘unités de résistance’ ». le site a considéré que les troubles étaient plus organisés que jamais et a affirmé que le système n’était pas capable d’y faire face ! »
Depuis quelques temps, les médias affiliés au pouvoir et les personnalités politiques ne cessent de répéter l’implication de l’OMPI dans les troubles qui rythment la vie du pays ces derniers mois. Alors qu’ils pensaient avoir éradiqué le fauteur de trouble, le voilà qui revient en force. Plus organisé et plus légitime que jamais. Les mollahs ont peur et, quitte à tout perdre, en arrivent même à demander au peuple de faire la séparation entre ses revendications propres et celles des résistants, cherchant inlassablement à diviser pour continuer de rêver au règne sans fin. Cette fois, il semble que l’union soit sacrée et que rien ne fasse reculer la soif inextinguible de liberté.