L’historien français, Jean Garrigues, a accordé une interview au Parisien. L’auteur du nouvel ouvrage « La République des traîtres, les trahisons politiques depuis 1958 » a analysé la crise politique que traverse Emmanuel Macron. Pour l’historien de la politique, le quinquennat est le problème
A la question de savoir si le quinquennat est responsable des maux, il répond : « oui, car en couplant les élections présidentielles et législatives, le quinquennat a polarisé davantage encore le jeu politique sur le président. Sarkozy avait théorisé l’idée d’un premier ministre simple ‘collaborateur’. Raffarin parlait de premier ministre fusible ».
« Le président a une base sociopolitique restreinte »
Selon l’historien, seul le président est exposé. « Aujourd’hui, il n’y a plus de fusible. De fait, l’image d’Edouard Philippe est moins écornée que celle d’Emmanuel Macron. De même, les parlementaires de la République en marche sont des créatures du macronisme. Très peu de figures émergent, or elles pourraient endosser une part de responsabilité dans les échecs ou les insatisfactions. Résultat, c’est le président qui est exposé en première ligne », explique-t-il.
Dans l’interview, Jean Garrigues critique sévèrement les institutions françaises. A la question de savoir s’il y a d’autres causes, il répond : « un dernier élément tient à nos institutions. Avec notre système d’élection présidentielle, on peut accéder à l’Elysée en représentant entre 20% et 25% de l’électorat. Le président a une base sociopolitique restreinte, il est élu par une minorité de Français (…) ».
« Le retour à un septennat unique serait une bonne chose »
L’historien politique estime que le quinquennat doit être supprimé. « Oui, c’est une grossière erreur », lance-t-il. Et de poursuivre : « si on veut préserver la légitimité des institutions, qui repose sur la cohérence et la longévité, le septennat est une nécessité. Celui-ci permet aussi d’éviter cette surprésidentialisation de la Ve »
Jean Garrigues veut le retour au découplage de l’élection présidentielle et du temps parlementaire. Pour l’histoire, cela permettrait au Parlement d’avoir « plus d’indépendance réelle et que l’on finisse avec les majorités godillots ». « Le retour à un septennat unique serait une bonne chose », soutient-il.
« Ce paysage politique est le meilleur atout de Macron »
L’historien s’est aussi prononcé sur le sort d’Emmanuel Macron. A la question de savoir si l’actuel président français a un espoir d’être réélu, il rétorque : « difficile à dire, mais par rapport à ses prédécesseurs, il a trois points forts. Il est porteur d’un renouveau générationnel. Les quadras ont pris le pouvoir. C’est vrai à l’Assemblée et pas seulement chez les Marcheurs ».
Jean Garrigues souligne la cohérence de Macron comme son second point fort. Son troisième point fort est, selon lui, la faiblesse de ses adversaires. « (…) Macron fait face à deux partis d’alternance extrêmement affaiblis : un PS en miettes et un LR divisé, au leader contesté. (…) Ce paysage politique est le meilleur atout de Macron », conclut-il.
Pour lire l’interview dans son intégralité, cliquez ici : Le Parisien